Pour résoudre le conflit, il faut créer un État palestinien – diplomate saoudien
Le ministre des Affaires étrangères saoudien s'exprime à l'ONU, alors que Ryad demande des concessions pour l’éventuel accord israélo-saoudien mené sous l'égide de Washington

Au moment-même où ont lieu des pourparlers sur la normalisation israélo-saoudienne et que Ryad tente d’obtenir des « concessions significatives » d’Israël envers Ramallah, le ministre saoudien des Affaires étrangères a déclaré lundi que la seule façon de résoudre le conflit israélo-palestinien passait par la création d’un État palestinien indépendant.
« Il n’y a pas d’autre moyen de résoudre le conflit qu’en garantissant la création d’un État palestinien indépendant », a déclaré le ministre des Affaires étrangères Faisal ben Farhan à la chaîne de télévision d’État saoudienne Al Ekhbariya.
« Les gens commencent à perdre espoir dans la solution à deux États », a déclaré Farhan, ajoutant qu’elle « devait revenir au tout premier plan ».
Farhan a tenu ces propos en marge d’un événement de l’Assemblée générale des Nations Unies appelé « Journée de la paix », au cours duquel une trentaine de ministres des Affaires étrangères d’Europe et du Moyen-Orient se sont réunis, lundi, pour évoquer la relance du processus de paix israélo-palestinien, depuis longtemps en sommeil.
Sous l’impulsion de l’Union européenne, de l’Arabie saoudite, de la Ligue arabe, de l’Égypte et de la Jordanie, les parties ont convenu lors de l’événement de proposer un « plan de soutien à la paix » dans les mois à venir, assorti de gros avantages pour les Israéliens et les Palestiniens, une fois conclu l’accord de paix.
Farhan a ajouté que Ryad avait choisi d’organiser l’événement en réaction aux violences continues sur le terrain et au fait que l’espoir d’une solution à deux États s’éloignait de plus en plus.
L’initiative de lundi a vocation à « raviver l’espoir » d’une paix juste pour les Palestiniens, a déclaré le ministre saoudien des Affaires étrangères, ajoutant que l’événement avait eu lieu en coordination avec les dirigeants palestiniens.

Les autorités israéliennes et palestiniennes n’ont pas été invitées à l’événement de lundi. Les États-Unis y étaient représentés par la secrétaire-adjointe aux Affaires du Proche-Orient, Barbara Leaf, en remplacement du secrétaire d’État Antony Blinken. Toutefois, l’organisateur de l’événement a déclaré au Times of Israel que les partisans de l’initiative parlaient avec les deux parties pour connaitre leur desiderata sur les contours du projet.
La veille, Israël et les États-Unis avaient réfuté les informations données par un journal saoudien selon lesquelles Ryad aurait annoncé à l’Administration Biden son intention de geler les négociations en vue d’une normalisation avec Israël, placées sous les auspices des États-Unis, parce que le gouvernement radical du Premier ministre Benjamin Netanyahu n’était pas disposé à faire de concessions aux Palestiniens.
L’article du journal Elaph, disant s’appuyer sur les déclarations de responsables du cabinet de Netanyahu, souligne l’insistance des ministres d’extrême-droite Bezalel Smotrich et Itamar Ben Gvir pour qu’Israël ne fasse aucune concession aux Palestiniens, ajoutant que sans progrès avec Ramallah, il ne pourrait y avoir de progrès avec Ryad.
Le mois dernier, Netanyahu s’était dit ouvert à des gestes envers les Palestiniens si un accord de normalisation avec l’Arabie saoudite en dépendait, laissant entendre qu’il ne laisserait pas les membres de la coalition s’opposer à un tel accord.