Pourim: d’éminents rabbins ‘haredi mettent en garde contre l’ivresse cette année
Les autorités religieuses affirment que la consommation d'alcool pourrait conduire à des infractions aux directives instaurées pour endiguer la propagation du virus
D’éminents rabbins et autorités religieuses de la communauté ultra-orthodoxes ont statué qu’en raison de l’épidémie de coronavirus, il faudra s’abstenir de boire à s’en rendre ivre durant la fête de Pourim, comme il est de coutume de manière générale.
L’opinion rabbinique, publiée dans les médias ultra-orthodoxes, avertit que l’ébriété pourrait conduire à des infractions aux directives gouvernementales instaurées pour endiguer la propagation du virus, a rapporté le site Ynet mercredi.
L’an dernier, au début de la pandémie, la fête de Pourim avait été le catalyseur de nombreuses infections, après que les règles interdisant les larges rassemblements eurent été largement ignorées.
« L’état d’ébriété est dangereux et obscène », peut-on lire dans l’opinion, dont Ynet s’est procuré une copie.
« Pendant la grave épidémie de coronavirus, comme l’alcool est connu pour atténuer et dissiper la clarté de pensée dans l’esprit du buveur ivre, celui-ci peut ne pas se comporter avec les précautions nécessaires et préserver à la fois sa santé et son bien-être, ainsi que les consignes sanitaires hautement recommandées par les médecins, et peut en tout cas provoquer un taux d’infection plus élevé qui nuit et met en danger la santé publique », ont écrit les autorités.
Cette année, Pourim commence jeudi soir et se prolonge, dans certaines villes, jusqu’à dimanche. La fête est généralement l’occasion de fêtes, de déguisements, de repas festifs communautaires, de consommation d’alcool, le tout en présence d’amis et de famille.
Cette fête célèbre la victoire du sauvetage du peuple juif de l’Empire perse au 5e siècle avant l’ère commune, comme raconté dans le Livre d’Esther. La coutume de boire trouve sa source dans le Talmud, qui cite le Sage Rava, qui conseille de boire jusqu’à ce que l’on soit incapable de discerner entre les bénédictions méritées par les héros de Pourim, notamment Mordechaï, et les malédictions des ennemis, notamment Haman.
Cette coutume, prise très au sérieux, donne parfois lieu à des frasques alimentées par l’alcool dans les communautés juives du monde entier.
Le repas de fête de cette année aura lieu vendredi dans la plupart des villes.
En mettant en garde contre la consommation d’alcool cette année, les rabbins ont également souligné que le repas de fête pourrait déborder sur l’entrée du Shabbat et ont averti que la consommation d’alcool excessive pourrait donner lieu à des transgressions.
L’idée d’émettre un avertissement contre l’alcool a été lancée par Menachem Chaim Breier, directeur médical adjoint du centre médical Mayanei HaYeshua dans la ville majoritairement ultra-orthodoxe de Bnei Brak.
Elle a également été signée par Yitzhak Zilberstein, une autorité halakhique de premier plan en médecine, ainsi que par les rabbins Yehudah Silman et Sariel Rosenberg, qui dirigent tous deux d’importants tribunaux rabbiniques dans la communauté ultra-orthodoxe. Shimon Baadani, un rabbin séfarade de premier plan qui conseille le parti ultra-orthodoxe Shas, a également inscrit son nom sur le document.
Ces dernières années, Breier a fait ouvertement campagne contre la consommation d’alcool excessive à Pourim, notamment chez les plus jeunes, selon l’article.
Mardi, le gouvernement israélien a décidé d’imposer à partir de jeudi un couvre-feu nocturne à l’occasion des célébrations de la fête de Pourim pour éviter une hausse des contaminations au coronavirus.
Le couvre-feu sera imposé de 20H30 locales à 05H00 de jeudi à dimanche matin, a indiqué mardi un communiqué conjoint du bureau du Premier ministre et du ministère de la Santé.
Durant ces trois jours, les rassemblements de plus de dix personnes dans un endroit fermé et de plus de 20 personnes en extérieur seront interdits, selon le communiqué.
L’année dernière, les autorités ont interdit les rassemblements lors de cette fête alors que la pandémie en était à ses débuts mais les restrictions n’ont pas été suivies par l’ensemble de la population, provoquant un pic de contaminations dans les semaines qui ont suivi.
L’AFP a contribué à cet article.