Près de 2 millions d’Israéliens, 1 enfant sur 4, sous le seuil de pauvreté en 2023
Selon la Caisse d'assurance nationale, 20,7 % de la population vivait dans la pauvreté en 2023, dont 872 400 enfants ; les communautés arabes et ultra-orthodoxes sont les plus touchées
Près de deux millions de personnes vivaient sous le seuil de pauvreté en Israël en 2023, dont 872 400 enfants et 158 500 personnes âgées, selon un rapport annuel publié mercredi par la Caisse d’assurance nationale (CAN).
Au total, 1,98 million de personnes vivaient sous le seuil de pauvreté, plaçant Israël à l’avant-dernière place des pays de l’OCDE en termes de pauvreté basée sur le revenu disponible, juste devant le Costa Rica.
Ces chiffres montrent que 20,7 % de la population israélienne vit dans la pauvreté, avec 27,9 % des enfants et 12,8 % des personnes âgées sous le seuil de pauvreté. Toutefois, le pourcentage d’enfants a légèrement diminué par rapport à 2022 (28,1 %), tandis que le taux pour les personnes âgées est resté inchangé.
Les enfants représentent 44 % des personnes vivant dans la pauvreté, bien qu’ils ne constituent que 32,5 % de la population totale.
Bien que le rapport attribue à Israël le deuxième taux de pauvreté le plus élevé parmi les pays de l’OCDE, il compare les données israéliennes de 2023 avec celles de certains autres pays datant de 2022, comme les États-Unis. Selon le rapport de l’OCDE de 2022, les États-Unis occupaient l’avant-dernière place avec un taux de pauvreté de 18 %, contre 16,9 % pour Israël cette année-là.
Le rapport de la CAN ne donne pas de chiffres spécifiques pour les autres pays, mais note que la moyenne de l’OCDE est de 11,6 %.
Il souligne des taux de pauvreté particulièrement élevés dans les communautés arabes (38,4 %) et ultra-orthodoxes (33 %). Dans ces deux groupes, la moitié des enfants vivent sous le seuil de pauvreté.
La CAN a précisé le revenu mensuel minimum sous lequel un ménage est considéré comme pauvre. Pour une personne seule, ce seuil est fixé à 3 324 shekels, pour un couple à 6 648 shekels et pour une famille avec deux enfants à 10 637 shekels. Le seuil augmente avec le nombre d’enfants : une famille de cinq enfants nécessite un minimum de 15 789 shekels pour rester au-dessus de la ligne de pauvreté.
Selon le rapport, l’implantation ultra-orthodoxe de Modiin Ilit est la localité la plus pauvre d’Israël, avec 48,3 % de sa population vivant sous le seuil de pauvreté. Elle est suivie par Jérusalem (38,3 %), Beit Shemesh (36,3 %), Bnei Brak (30,7 %) et Lod (21,2 %).
La hausse des prix, estimée à 4,2 % en 2023, a exacerbé les difficultés pour les ménages à faible revenu, obligeant certains à renoncer à des besoins essentiels. Ainsi, 9,7 % des personnes ont dû abandonner un traitement médical pour des raisons financières, tandis que 5 % n’ont pas pu se permettre un repas chaud au moins une fois tous les deux jours.
La guerre en cours dans la bande de Gaza a également eu un impact significatif sur l’économie, ralentissant la croissance nationale de 6,5 % en 2022 à seulement 2 % en 2023.
Les jeunes ont été particulièrement affectés, beaucoup ayant été mobilisés pour de longues périodes en tant que réservistes dans l’armée, tandis que d’autres ont perdu leur emploi à la suite de fermetures d’entreprises. Les secteurs du tourisme et de la restauration ont également souffert d’une baisse significative de la demande.
Sans les subventions gouvernementales accordées aux familles à faible revenu, le taux de pauvreté aurait atteint 31,1 % en 2023, contre 30,6 % l’année précédente, souligne le rapport.
Parmi ses recommandations, la Caisse d’assurance nationale (CAN) a souligné la nécessité de vigilance concernant la loi sur les arrangements – une mesure qui accompagne le budget de l’État en définissant la répartition des fonds – afin de s’assurer que les secteurs les plus vulnérables de la population ne subissent pas davantage de préjudices.
Lundi, la Knesset a adopté en première lecture le budget de l’État pour 2025. Le même jour, la commission des Finances de la Knesset a approuvé une série de hausses d’impôts qui devraient réduire les revenus disponibles de la population active israélienne.
La guerre dans la bande de Gaza a commencé le 7 octobre 2023, avec le pogrom perpétré par le groupe terroriste palestinien du Hamas dans le sud d’Israël, au cours duquel plus de 1 200 personnes ont été assassinées. Le conflit s’est étendu à plusieurs fronts, notamment dans le nord, où Israël a dû faire face au groupe terroriste chiite libanais du Hezbollah. Ce dernier a commencé à attaquer Israël dès le lendemain de l’attaque du Hamas, en soutien à Gaza. La guerre avec le Hezbollah a pris fin le mois dernier avec l’instauration d’un cessez-le-feu.