Protestation après l’agression par la police d’un journaliste à Jérusalem-Est
Mahmoud Illean dit qu'il s'est identifié comme journaliste mais que les agents l'ont poussé et frappé plusieurs fois ; selon la FPA, il est hospitalisé avec des blessures à la tête
Vendredi, l’agence de presse américaine Associated Press (AP) a protesté après que l’un de ses photographes a été hospitalisé avec des blessures à la tête causées par la police des frontières alors qu’il couvrait une manifestation dans le quartier de Sheikh Jarrah à Jérusalem-Est.
Selon Mahmoud Illean cité par l’Association de la presse étrangère (FPA), la police a lancé des grenades assourdissantes dans sa direction avant de l’agresser sans raison quinze minutes après la fin de la manifestation de vendredi.
Mahmoud Illean a déclaré s’être identifié à plusieurs reprises comme journaliste, mais en vain.
Une vidéo de la scène montre des officiers entourant le photographe avant que l’un d’eux ne le pousse au sol et le frappe à plusieurs reprises.
Selon l’Association de la presse étrangère, Mahmoud Illean a été blessé à la tête puis transporté à l’hôpital.
« L’Association de la presse étrangère condamne fermement ce comportement, qui soulève de sérieuses questions sur la discipline et le professionnalisme des agents », a déclaré l’organisation, ajoutant que « c’est la dernière en date d’une série d’attaques non provoquées menées ces dernières années par la police des frontières contre des journalistes travaillant pour des médias internationaux. »
Video from violent incident today towards AP photographer (See FPA statement) pic.twitter.com/Lu3EMLk1V2
— Foreign Press Assoc. (@FPAIsPal) December 17, 2021
Un porte-parole de la police israélienne a déclaré au Times of Israel que l’incident ferait l’objet d’une enquête par les « autorités compétentes », sans donner plus de détails.
Créée en 1957 par un groupe de journalistes, l’Association de la presse étrangère est une organisation à but non lucratif qui vise à aider les journalistes étrangers à couvrir l’actualité en Israël, dans les territoires palestiniens et à Gaza. Elle affirme que son mandat consiste à « clarifier les problèmes bureaucratiques et à protéger nos intérêts ».
Plus tôt vendredi, la police a déclaré que des dizaines de personnes manifestaient violemment et lançaient des chaises sur les agents présents sur les lieux. Un policier a été légèrement blessé après avoir été frappé à la tête par l’une des chaises et a été emmené pour être soigné.
La police a déclaré avoir arrêté deux personnes, l’un pour avoir lancé la chaise sur le policier et l’autre pour avoir proféré des menaces.
שוטר נחבל בראשו מכיסא שהושלך עליו בעימותים בשכונת שייח ג'ראח בירושלים@VeredPelman pic.twitter.com/UGuTfRxlEB
— כאן חדשות (@kann_news) December 17, 2021
Sheikh Jarrah, un quartier situé à 10 minutes en train du centre-ville de Jérusalem, est devenu un point de tension symbolique dans le conflit israélo-palestinien. Ces dernières années, une poignée de nationalistes juifs se sont installés dans ce quartier majoritairement palestinien, le plus souvent à la suite de procédures d’expulsion complexes.
Les tensions dans le quartier ont augmenté ces derniers mois en raison de batailles judiciaires de longue haleine concernant des dizaines de maisons du quartier dans lesquelles des familles palestiniennes vivent depuis des décennies, mais que des groupes juifs prétendent leur appartenir légalement.
De nombreux Palestiniens et leurs partisans considèrent que ce conflit s’inscrit dans le cadre d’un effort plus large d’Israël pour supprimer leur présence dans la capitale contestée.
Ce conflit, ainsi que les affrontements sur le mont du Temple, ont joué un rôle dans la décision du groupe terroriste Hamas de tirer un barrage de roquettes sur Jérusalem en mai, déclenchant un conflit brutal de 11 jours entre Israël et le groupe terroriste.
Jeudi, la police a déclaré que les procureurs prévoyaient d’inculper une terroriste palestinienne de 14 ans qui aurait poignardé une femme juive à Sheikh Jarrah la semaine dernière.
Selon la police, la jeune fille a planifié le matin de l’attaque pour passer à l’acte, et a suivi sa cible – Moriah Cohen, 26 ans – pendant plusieurs minutes avant de la poignarder dans le dos dans le quartier, où elles vivent toutes les deux.
Moriah Cohen, qui était avec ses enfants au moment de l’attaque, a été soignée à l’hôpital et est sortie le jour même.
Ces dernières semaines, les attaques terroristes palestiniennes se sont multipliées, quatre d’entre elles ayant eu lieu dans la seule ville de Jérusalem.
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