Quand les catastrophes naturelles nous poussent à faire preuve de créativité
Une nouvelle exposition au Musée d'Art de Tel Aviv permet de découvrir des solutions innovantes pour faire face aux séismes et aux tsunamis, aux inondations et aux tornades

Généralement associées à la mort et à la destruction, les catastrophes naturelles n’engendrent pas des pensées associées à la création.
Et pourtant, une nouvelle exposition au Musée d’art de Tel Aviv offre un aperçu inhabituel de l’entrepreneuriat créatif et de la création industrielle lorsqu’ils sont utilisés dans le sillage d’une catastrophe naturelle, lorsque les gens ont désespérément besoin d’un refuge, de soins médicaux et d’une aide.
Appelée « 3,5 mètres-carrés : Des réponses constructives aux catastrophes naturelles », l’exposition à découvrir dans l’aile Amir du musée, imaginée et conçue par Maya Vinitsky, a ouvert le 24 mars et fermera ses portes le 9 septembre.
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« C’est une exposition inhabituelle », commente Suzanne Landau, directrice du Musée d’Art de Tel Aviv, avant la visite.
« Elle répond à la question : Les musées sont-ils impliqués dans le débat politique, dans les problèmes sociaux et dans l’économie ? Voilà la réponse ».
Vinitsky, membre du département Création et Architecture de l’institution culturelle, a commencé à travailler sur « 3,5 mètres-carrés » il y a deux ans.
Un travail qui culmine avec cette exposition consacrée à 26 différents projets engagés dans la gestion des catastrophes naturelles – depuis le partage des connaissances et l’utilisation de la technologie sociale au story-telling et à l’approche dite du Do It Yourself – du bricolage individuel.

Les projets à découvrir proviennent de petites et grandes organisations, incluant autant les ouvrages faits par Airbnb dans l’hébergement d’urgence, les maisons pré-fabriquées d’Ikea pour les réfugiés en passant par une application réalisée par le MIT pour prévenir les secousses sismiques et jusqu’aux murs en plastique pré-fabriqués conçus par l’entreprise israélienne Keter Plastic.
A explorer également, des créations d’architectes, d’ingénieurs, de créateurs industriels, d’entrepreneurs et d’artistes, ainsi que travaux réalisés par des éditeurs de podcasts et des réalisateurs de documentaires. Chaque projet est accompagné d’un court clip vidéo, de photographies sur-dimensionnées, et des outils et solutions qui ont été créés pour chacun d’eux.
La galerie, qui est située au rez-de-chaussée du bâtiment Amir, donne le sentiment d’une salle qui aurait été organisée à la hâte, grâce à la création d’un studio local qui utilise des rejets de bois et des panneaux empruntés aux autres expositions pour donner cette impression d’un espace temporaire et artisanal qui se sert de ce qui a été immédiatement disponible lors de l’agencement de la salle – au détriment des lignes habituelles, lisses, exactes d’un espace d’exposition de musée traditionnel, explique Vinitsky.

C’est également l’idée derrière un très grand nombre de projets – qu’ils aient commencé sous l’effet d’une impulsion individuelle ou développés par une organisation à but non-lucratif – : trouver des méthodes faciles et pratiques pour permettre de remettre les populations et les communautés sur pied aux endroits où ils vivent et partout où c’est possible.
« Ce n’est pas une exposition sur la création, mais sur les actes et les outils qui permettent de gérer des situations extrêmes », dit Vinitsky.
Un grand nombre des projets présentés s’intéressent à la reconstruction d’habitations, dans le meilleur des cas de manière conforme aux traditions et aux méthodes utilisées dans ces endroits – que ce soit par l’utilisation de briques en boue ou des types de bois trouvés selon les secteurs, et ce même s’ils ont été pour la plupart endommagés lors de la récente catastrophe.
Keter Plastic, l’entreprise israélienne connue pour ses abris de jardin do it yourself et ses boîtes de stockage en plastique, fait des murs en plastique grâce à des panneaux très légers et qui peuvent être envoyés sur le terrain puis enduits de boue locale ou d’autres matériels pour créer des logements temporaires confortables. Une autre organisation a oeuvré au Népal pour créer des briques de terre à l’aide du sable et du sol locaux.

Au Japon, suite au tsunami et au séisme de 2010, une équipe d’architectes locaux a construit le Home-for-All, une structure pour que les voisins puissent se reconnecter les uns aux autres et boire une tasse de thé ensemble dans une construction soigneusement créée faite de bois local, qui permet de concevoir un espace sûr dans le tumulte de la catastrophe. Elles sont maintenant 15 à avoir été construites dans la préfecture d’Iwate où le désastre a eu lieu.
Les étudiants ont joué un rôle constant pour trouver des solutions pratiques à la vague continue de catastrophes naturelles. Un élève de l’académie des Arts et du design de Bezalel a ainsi mis sur pied un prototype d’un bureau capable de supporter le poids combiné des gravats et des pierres et de protéger deux personnes de taille adultes grâce à sa conception intelligente en cas de séisme.
Les étudiants du MIT ont pour leur part élaboré un banc intelligent, qui offre des places assises avec suffisamment d’espace pour que les gens puissent y prendre place, obtenir des informations et charger leur téléphone tandis que les élèves de Berkeley ont conçu MyShake, une application sur Android gratuite qui peut reconnaître les séismes en utilisant les capteurs présents dans chaque smartphone. L’institution américaine Geological Survey utilise les tweets envoyés immédiatement après un tremblement de terre comme méthode permettant de rassembler des informations en temps réel et pour estimer la gravité d’un séisme.
« Tous sont mélangés dans l’exposition », dit Vinitsky. « Il n’y a rien en noir et blanc ici, il s’agit d’illustrer ces projets qui peuvent se présenter par des exemples extrêmes sur le terrain ».
Ce qui est survenu, note Vinitsky, est un changement dans les manières de penser : Les populations tout comme les organisations n’attendent plus de l’aide de la part des gouvernements mais tentent de trouver leurs propres solutions.
Il y a FieldReady, une organisation américaine à but non lucratif qui utilise les imprimantes 3D pour fournir de l’aide humanitaire sur le terrain : Approvisionnement médical, outils de recherche et de secours et dispositifs permettant de purifier l’eau.
Même le projet Burning, ce rassemblement annuel qui réunit des milliers de personnes dans le désert du Nevada au cours d’une expérience artistique massive, a ses propres projets à but non lucratif, intitulé Burners without Borders. Comme le fait également Airbnb Global, le site Internet de location de maisons qui aide à l’hébergement des personnes déplacées et qui fait la liste des habitations et des hôtes éventuels dans le cas des catastrophes naturelles, il est intervenu le premier après les inondations de Louisiane.
Les entrepreneurs sociaux suédois Better Shelter se sont associés à la Fondation IKEA pour construire des structures en pré-fabriqué et à monter soi-même. Sur ce modèle, les deux entreprises ont d’ores et déjà construit 16 000 abris, utilisés principalement en Irak mais aussi en Afrique et au Népal, qui peuvent être utilisés comme logements, comme cliniques ou espaces de sûreté, même pour les enfants.
Il existe également des structures plus élémentaires, comme les earthships de l’architecte américain Michael Reynolds, qui utilisent tous les matériaux disponibles pour construire des résidences individuelles.
Les visiteurs peuvent s’asseoir et écouter un épisode en podcast d’Israel Story sur le séisme survenu au Népal ou regarder un extrait d' »After the storm », un documentaire interactif réalisé par Andrew Beck Grace, sur les moments qui ont suivi une tornade qui s’était abattue sur Tuscaloosa, dans l’Alabama.
Enfin, les visiteurs peuvent quitter la galerie grâce à un accès temporaire construit avec l’intention d’offrir le sentiment ressenti par les victimes après qu’une catastrophe leur a enlevé leurs vies et leurs habitations, transformant les lieux habituels en un endroit de fortune, temporaire.
« C’est comme partir à travers une fenêtre », explique Vinitsky. « Nous avons tous besoin de ressentir comment les choses peuvent changer la perception du moment ».
« 3,5 mètres-carrés : Des réponses constructives aux catastrophes naturelles », du 25 mars au 9 septembre, bâtiment Herta and Paul Amir Building, au Musée d’art de Tel Aviv.
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