« Qu’est-ce qu’on a encore fait au bon Dieu ? », chronique d’un succès annoncé
Ode au patrimoine français et à la province, le film déroule sa partition sans surprise, tout en faisant écho à certaines tensions parcourant la société française
Phénomène en 2014 avec 12 millions de spectateurs, « Qu’est-ce qu’on a fait au bon Dieu ? », comédie sur les mariages mixtes avec Christian Clavier, revient en salles mercredi avec une suite qui a tout pour faire un carton.
Preuve de l’attente autour du film : la diffusion du premier opus a attiré quelque 8,5 millions de spectateurs lors de sa diffusion en décembre sur TF1. Soit la meilleure audience de l’année pour un film sur petit écran.
Les avant-premières organisées le 1er janvier à travers la France pour sa suite ont réuni 155 000 spectateurs. Deux fois plus que le score réalisé lors de son premier jour par le dernier Clint Eastwood, à titre de comparaison.
Premier d’une série de suites qui va rythmer l’année cinéma, avec « Tanguy 2 » et « Nous finirons ensemble », le film s’inscrit dans la droite ligne du précédent, sur un patriarche « vieille France », pétri de préjugés, et ses gendres de diverses origines.
Comme le premier opus, il risque de scinder le public entre ceux y voyant un hymne à la tolérance et ceux l’accusant de véhiculer les pires clichés racistes.
« Philippe de Chauveron a basé entièrement son film sur le fait que, lorsque l’on ne se connaît pas, on a des a priori; et lorsqu’on apprend à se connaître les a priori tombent », a commenté Christian Clavier dans une interview au Point.
Faisant fi des critiques, le comédien des « Bronzés » n’en est pas à son coup d’essai avec le réalisateur: il a tourné sous sa direction le très décrié « A bras ouverts », aux côtés d’Elsa Zylberstein et Ary Abittan, sur la rencontre entre un intellectuel de gauche et une famille rom.
Faire aimer la France
Pour « Qu’est-ce qu’on a encore fait au bon Dieu ? », Philippe de Chauveron reprend la même formule, jouant des clichés entre communautés et des préjugés raciaux.
« Lors des projections du premier, nous avons remarqué que les spectateurs attendaient justement les vannes qui les concernaient : les Algériens rient des blagues sur les Algériens, les Chinois rient des blagues sur les Chinois etc. Tout le monde veut être représenté », souligne le réalisateur dans les notes d’intention.
Il compte aussi sur un casting inchangé (Chantal Lauby, Pascal N’Zonzi dans le rôle du beau-père sénégalais, Ary Abittan, Frédéric Chau dans celui de deux gendres…) et de nouveaux venus comme l’humoriste Claudia Tagbo.
Rivalité entre Verneuil et Koffi – les deux beaux-pères – vannes entre les quatre gendres, tensions au sein du couple Verneuil autour de l’avenir de leurs filles sont au centre du film, qui innove toutefois avec des intrigues parallèles (un mariage gay qui a du mal à passer, l’arrivée d’un migrant afghan…).
Après les mariages mixtes, le film se concentre sur les envies d’ailleurs des quatre gendres (qui veulent s’installer en Algérie, en Israël, en Chine et en Inde).
Des départs qui vont inciter les Verneuil à déployer des trésors d’imagination pour leur faire aimer la France. Car c' »est un paradis peuplé de gens qui se croient en enfer », affirme Chantal Lauby dans le film, citant l’écrivain Sylvain Tesson.