Récit de trois survivantes d’Auschwitz
Leur mission de témoignage sur l'horreur subie sous le nazisme ne s'est pas atténuée à l'approche des 90 ans du trio - s'exprimer est même plus important que jamais
LONDRES — Les tatouages encore visibles sur les poignets de ces trois femmes — les numéros A-5272, A-5792, 73305 — peuvent bien s’effacer petit à petit : leurs souvenirs de la Shoah sont, eux, toujours aussi vifs. Alors que ce trio de survivantes d’Auschwitz deviendront nonagénaires cette année, elles continuent à partager sans relâche leurs récits de tragédie, de traumatisme et d’espoir.
Eva Schloss, le numéro A-5272, est devenue une autrice publiée et n’a cessé d’intervenir auprès de différents publics. Bobby Neumann – A-5792 – a conservé le silence pendant 50 ans, mais elle s’attaque aujourd’hui, pleine de défi, aux négationnistes. Egalement connue comme la « bibliothécaire d’Auschwitz », Dita Kraus — le numéro 73305 — est devenue kibbutznik en Israël, et son histoire a été racontée dans un livre qu’elle a elle-même rédigé.
A Auschwitz, l’une d’entre elles se cramponnait à l’espoir, tandis que chaque nuit, une autre repoussait son suicide pour encore vingt-quatre heures. Après la libération, toutes les trois devaient devenir des matriarches dans les nouvelles branches de leurs arbres généalogiques soudainement violemment amputés.
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Et alors qu’elles fêtent cette année leur 90e anniversaire, toutes les trois considèrent encore leur mission de témoigner factuellement des horreurs qu’elles ont subies sous le joug des nazis comme déterminante. C’est le cas en particulier pour Eva Schloss, qui estime que parler est devenu encore plus nécessaire aujourd’hui qu’auparavant.
Lorsque le Times of Israel s’est entretenu récemment avec cette survivante d’Auschwitz, elle rentrait tout juste à Londres après une tournée de six semaines aux États-Unis.
Celle qui a fêté ses 90 printemps le 11 mai dernier est connue pour être la demi-sœur posthume d’Anne Frank – sa mère, Fritzi, a épousé le père d’Anne, Otto Frank, après la Seconde Guerre mondiale.
Alors qu’elle se rendait récemment dans des auditoriums bondés pour raconter l’histoire de sa survie, elle s’est retrouvée à transmettre son message de tolérance du haut d’une tribune inattendue. Au moment où elle se trouvait en Californie, des lycéens avaient fait les gros titres dans le monde, car il s’était pris en photo en train de faire le salut nazi au-dessus d’une croix gammée formée par des gobelets rouges utilisés pour un jeu à boire. Les images antisémites, l’une accompagnée de la légende « la race des maîtres », étaient devenues virales.
Mme Schloss a alors été sollicitée pour se rendre dans l’école privée accueillant ces élèves et pour parler aux adolescents en question ainsi qu’à leurs parents.
Autrice de trois livres sur ce qu’elle a vécu pendant la guerre, elle a découvert que les jeunes impliqués dans les photos n’avaient pas étudié la Shoah à l’école. Elle a réprimandé les parents en leur disant que « vous ne pouvez pas seulement compter sur l’école : c’est votre devoir de dire à vos enfants ce qu’il se passe dans le monde, de leur parler des préjugés ».
Les élèves, âgés de 16 ans, ont été « très émus » quand elle leur a dit qu’elle avait leur âge lorsqu’elle avait perdu son père, son frère aîné et un grand nombre de ses camarades de classe, raconte-t-elle.
« Je voulais vraiment savoir quelle était leur motivation », dit-elle au Times of Israel. « Ils ne m’ont pas réellement apporté de réponse. Mais j’ai pu leur raconter mon histoire ».
Les histoires de ces trois femmes – qui incarnent encore aujourd’hui la définition de la résilience – vous sont présentées ci-dessous.
Eva Schloss a été tatouée deux fois
Eva Schloss, née Geiringer, voit le jour à Vienne, le 11 mai 1929. Peu après l’annexion de l’Autriche par l’Allemagne, en 1938, sa famille émigre en Belgique, s’installant finalement aux Pays-Bas. Elle habite le même immeuble d’Amsterdam qu’Anne Frank. Nées à un mois d’écart, les petites filles jouaient parfois ensemble près de chez elles.
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En 1942, les deux fillettes commencent leur vie dans la clandestinité. Mais au mois de mai 1944, la famille Geiringer est capturée par les nazis après avoir été trahie. La famille est alors transportée au camp de concentration nazi d’Auschwitz-Birkenau.
A son arrivée, elle est tatouée du numéro A-5222, mais le jour suivant, tous ceux qui relevaient de ce convoi sont tatoués à nouveau. Elle porte alors le numéro A-5272 – le chiffre sept incisé dans le chiffre deux. La mère et la fille ont ensuite eu la « chance » de travailler toutes les deux dans le bloc connu sous le nom de « Canada », où les effets personnels des détenus assassinés étaient triés et où les conditions de vie étaient légèrement meilleures.
C’est l’espoir qui l’a maintenue en vie, explique la rescapée. Elle n’a cessé d’espérer qu’elle serait libérée un jour et que la vie reprendrait son cours, comme avant. Elle et sa mère seront libérées par les troupes soviétiques en 1945. Elles retournent alors à Amsterdam en passant par Odessa, Istanbul et Marseille.
Elle était très proche de son frère aîné, Heinz, assassiné à l’âge de 17 ans.
« Jamais je ne pourrais pardonner aux nazis d’avoir assassiné une personnalité si merveilleuse, si talentueuse, un génie dans la musique, la peinture et la poésie », assure-t-elle.
C’est Otto Frank qui l’aidera à aller de l’avant après la guerre.
« Otto n’avait aucune haine », explique Mme Schloss. « Il disait : ‘Si tu vis avec cette haine, tu seras extrêmement malheureuse dans ton existence. Tu es jeune et tu peux vivre une belle vie’. »
Puis, à l’âge de 21 ans, elle rencontre son époux, Zvi Schloss, alors qu’elle étudie la photographie à Londres. Le couple s’établira définitivement dans la ville.
Elle nourrit une inquiétude particulière face à l’intolérance qui existe aujourd’hui dans toutes les religions et partout dans le monde.
« A Pittsburgh, des Juifs ont été attaqués dans une synagogue. En Nouvelle-Zélande, on s’en est pris aux musulmans et au Sri Lanka aux chrétiens », déplore-t-elle.
« Je ne pense pas qu’il y ait eu, dans l’histoire, des précédents d’une haine si grande contre ceux qui appartiennent à d’autres confessions. Au lieu d’aller de l’avant, nous régressons. Nous devons nous attaquer à ce problème dans sa globalité. Nous devons avoir un enseignement religieux approprié. Il n’est pas acceptable que des fidèles qui se trouvent dans leur lieu de culte soient assassinés », commente-t-elle.
Concernant l’antisémitisme, elle reconnaît qu’il a toujours existé. Elle ne pense pas que la haine anti-juive puisse jamais entièrement disparaître.
« Tant que l’antisémitisme s’exprimera en paroles et non en attaques, tant qu’il ne viendra pas du gouvernement, nous devrons vivre avec. Mais si la situation économique empire, on désignera toujours un épouvantail, et ce sera toujours le Juif », pense-t-elle.
Bobby Neumann : seule survivante de toute une famille
Au mois de janvier 1945, au terme de la marche de la mort entre Auschwitz et Neustadt-Glewe, le corps inconscient et affaibli par le typhus de Bobby Neumann, alors âgée de 15 ans, est posé au sommet d’une pile de cadavres. Elle a glissé, bloquant le chemin d’un médecin de l’armée russe – lui-même juif. Il sent son pouls – faible – et réalisé qu’elle est encore en vie.
Son esclavage de neuf mois, dans l’enceinte d’Auschwitz, vient de prendre fin. Mais avec la liberté vient la brutale réalité : Bobby Neumann, née Eva Birnbaum, est la seule survivante de sa famille.
Neumann est née le 8 mars 1929 à Solyva, dans les montagnes des Carpates, à la frontière entre la Hongrie et la Tchécoslovaquie. Elle raconte avoir eu une enfance heureuse pendant ses 14 premières années aux côtés de ses parents et de deux frères cadets. Jusqu’à la fin de l’année 1943, les Juifs vivaient côte à côte avec leurs voisins non-Juifs – dont un grand nombre parlait même le yiddish.
Mais tout change au lendemain de Pessah 1944, les soldats hongrois et SS rassemblent les Juifs de Solyva.
« Ils se sont montrés d’une extrême brutalité. Nous avons disposé d’une demi-heure pour prendre une unique valise », se rappelle Bobby Neumann.
Les Juifs sont ensuite emmenés à Munkac, une ville avoisinante, où ils rejoignent les Juifs du reste du secteur dans l’enceinte d’une synagogue. Ils sont ensuite envoyés dans une usine de fabrication de briques.
Trois semaines plus tard, ils sont entassés dans les wagons à bestiaux tristement célèbres, où le temps n’existe plus : « Seulement les sanglots des enfants, le silence, l’incrédulité », raconte-t-elle.
Quelques jours plus tard, ils arrivent dans un lieu dont elle n’avait jamais entendu parler : Auschwitz. Un nombre record de Juifs arrivait jour et nuit dans le cadre du projet génocidaire nazi.
« Nous sommes arrivés dans le noir complet et nous avons vu des cheminées qui fumaient », se rappelle Bobby Neumann. Très rapidement, sa mère et ses deux jeunes frères, Shmuel et Yitzchak Isaac, sont conduits dans les chambres à gaz.
Dans ce chaos, elle aperçoit soudainement son père qui la bénit : « Continue à avancer. Tu dois continuer à avancer. Prends soin de toi et souviens-toi que tu es juive. Hashem [Dieu] te viendra en aide ».
Et en effet, dans les moments les plus durs, elle reconnaît que ces paroles l’ont aidée à ne jamais s’arrêter.
Comme Eva Schloss, elle travaille dans l’entrepôt « Canada », où elle trie les effets personnels des victimes. Elle doit tenir entre ses mains, le cœur brisé, les objets appartenant à sa mère – notamment la natte tressée de Bobby que sa mère avait coupée quand elle était plus jeune et soigneusement conservée. Elle travaille ensuite aux abords du crématorium, où elle croise sa grand-mère et lui parle une dernière fois avant que cette dernière ne pénètre dans le chambre à gaz.
La jeune fille risque sa vie en volant du pain pour ses camarades d’infortune, se faisant régulièrement battre pour cela. Des coups qui ne parviennent pas à l’extraire de son apathie.
« Au contraire », raconte-t-elle. « Chaque nuit, nous allions nous coucher et nous parlions d’aller toucher la clôture électrique. C’était le seul moyen de sortir. Mais quand il fallait le faire, nous disions toujours : ‘Demain’. »
La reconstruction de sa vie, après la guerre, sera plus douloureuse, à plusieurs égards, que les horreurs qu’elle a subies. Après la libération, Neumann passe les trois premières années à Budapest, chez un cousin qui l’avait aidée à se rétablir physiquement. Mais le sentiment immense de langueur, de perte et de confusion perdure.
En 1950, elle rencontre Leopald Neumann, qu’elle épouse. Le couple s’installe à Manchester, au Royaume-Uni, une ville où ils élèveront également leurs cinq enfants et où elle vit encore.
Au lieu de rester dans le passé, elle lutte pour construire une famille et se créer une nouvelle existence, épousant les mêmes traditions orthodoxes « qui étaient si chères » à ses parents. Elle est aujourd’hui la mère, la grand-mère et l’arrière grand-mère fière et heureuse d’environ 100 descendants.
Il lui a fallu plus de 60 ans pour raconter enfin son histoire. Elle ne la cachait pas, affirme-t-elle, mais elle se protégeait.
« Mon histoire et l’histoire de la Shoah sont terriblement effroyables. Mais si je l’avais partagée et qu’on ne m’avait pas crue, cela m’aurait fait mal », explique-t-elle.
Mais elle note que la culture a changé. « Les documentaires, les films, les livres ont tous démontré que l’impensable était réellement arrivé. Mes enfants sont grands, ils ont leur propre famille. Peut-être n’ont-ils jamais été trop vulnérables pour entendre ce qui m’était arrivé. Mais il est certain qu’aujourd’hui, ils peuvent apprendre quelle a été mon histoire », se rassure-t-elle.
Pendant des années, Mme Neumann ignore son chagrin. Elle n’est jamais retournée dans sa ville natale et n’a jamais évoqué ce qu’elle avait vécu avec sa famille. Son tatouage — A-5792 — est resté le seul témoignage de son passé. Mais le temps seul ne lui a pas permis de guérir.
« Le temps peut amoindrir peut-être l’impact des mauvaises expériences. Je ne suis pas sûre que cela ait été le cas pour moi. Parce que je sais que si je n’utilise pas mes pensées et mes actions de manière positive, alors le temps peut empirer ma douleur. Pour moi, ce qui guérit vraiment, c’est d’accueillir tout ce que Hashem – ou la vie – place sur votre route, de la meilleure façon possible », dit-elle.
En 2006, elle est sollicitée par l’organisation de sensibilisation juive Aish HaTorah pour accompagner un groupe à Auschwitz, pour donner l’envie aux visiteurs de renforcer leur identité juive.
« Lorsque je suis allée à Auschwitz, cela ne m’a rien fait, de prime abord. Il n’y avait plus rien, à part quelques briques et des baraquements. La douleur que j’ai pu ressentir était la même que celle que je ressentais alors. Ce sentiment est permanent, et il ne change pas, où que je puisse me trouver », note-t-elle.
A une période où le déni de la Shoah ne fait que s’accroître, partager son histoire est devenu d’une importance capitale.
« Ces gens sont indécents, c’est le mois qu’on puisse dire. Alors je tente d’assumer ma part du travail pour contrer les effets de leurs mensonges ».
Une question lui est souvent posée : A-t-elle de la haine pour les nazis ? ». « La haine ne construit rien. La haine vous détruit », répond-elle. Et à ceux qui lui demandent : « Où se trouvait Dieu à Auschwitz ? », sa réponse est simple : « Il était avec moi ».
Dita Kraus, bibliothécaire d’Auschwitz
Quand Alberto Manguel écrit « The Library at Night » (La Bibliothèque dans la nuit) détaillant les grandes bibliothèques du monde, il mentionne une « bibliothèque clandestine pour enfants », faisant référence à une bibliothèque secrète peu connue, co-gérée par une jeune adolescente.
Cette jeune bibliothécaire est une jeune Tchèque de 14 ans nommée Dita Polachova. Elle s’est occupée de la collection de livres d’Auschwitz de 1943 à 1944.
Dita Polachova (aujourd’hui Kraus), qui fêtera ses 90 ans le 12 juillet, a été élevée dans une maison juive laïque, insouciante et aimante, à Prague. Enfant unique de parents intellectuels, sa maison était remplie de livres allemands, tchèques et français, et la lecture faisait partie intégrante de sa vie. Elle était loin de se douter que quelques années plus tard, à Auschwitz, les livres lui permettraient de maintenir son humanité dans ses jours les plus sombres.
Son enfance heureuse se termine brusquement avant ses 10 ans, quand en mars 1939, les nazis envahissent Prague et commencent à entraver la vie des Juifs. En moins d’un mois, son père avocat perd son emploi, et la famille est expulsée par les Allemands, qui veulent s’accaparer son appartement.
En novembre 1942, la jeune fille de 13 ans et ses parents sont envoyés dans le ghetto de Terezin, puis à Auschwitz-Birkenau en décembre 1943. Elle et sa mère sont placées dans un baraquement pour femmes à Auschwitz.
Selon les historiens, le camp, appelé Camp des familles BIIb, a été établi pour cacher le véritable but d’Auschwitz : exterminer les Juifs. Il contenait un bloc d’enfants – le bloc 31 – placé sous la direction du tristement célèbre « Ange de la mort », le Dr Joseph Mengele.
Le bloc des enfants était dirigé par un jeune sioniste charismatique, Fredy Hirsch, que Dita Kraus connaissait de Prague, où il était son professeur de sport.
« Fredy a réussi à faire désigner les jeunes de 14 à 16 ans comme assistants, effectuant toutes sortes de travaux, du balayage du sol à la distribution de la soupe quotidienne », explique-t-elle. « Je suis devenue, avec un autre garçon, la bibliothécaire du bloc, chargée de s’occuper de quelques livres trouvés au hasard parmi les bagages des arrivants à Auschwitz. »
« Abrégé de l’histoire du monde » de HG Wells, en tchèque, un atlas géographique, un ouvrage de Sigmund Freud et des nouvelles de l’écrivain tchèque Karel Capek figuraient parmi les rares titres.
Mais la vie dans le Kinderblock n’a pas empêché les enfants d’être exécutés. En mars 1944, la moitié des enfants vivant dans le baraquement des enfants sont assassinés, et leur cher Fredy Hirsch meurt également, dans des circonstances mystérieuses.
« Le premier convoi de Terezin au camp familial d’Auschwitz-Birkenau arriva en septembre 1943. Chaque convoi avait une durée de vie de six mois », se souvient Dita. « Après l’extermination du convoi de septembre en mars, il était clair que le convoi de décembre, qui comprenait ma mère et moi, serait envoyé dans les chambres à gaz en juin. »
Cependant, en juillet 1944, Dita et sa mère faisaient partie des 1 000 femmes encore valides sélectionnées par Mengele pour aller dans un camp de travail à Hambourg. De là, elles sont envoyées à Bergen-Belsen.
« Même sans chambres à gaz, Bergen-Belsen était une horrible machine à tuer, où les prisonniers affamés sont morts par milliers », explique-t-elle.
L’armée britannique qui libère le camp en avril 1945 y découvre des cadavres en décomposition et des prisonniers malades et affamés. Dita Kraus a attrapé le typhus, une maladie mortelle qui sévit parmi les survivants. La mère de Kraus tombe malade le 27 juin 1945 et meurt deux jours plus tard. Son père avait été tué à Auschwitz, laissant la jeune adolescente orpheline quelques semaines avant son 16e anniversaire. Elle retourne seule à Prague, presque la seule survivante de sa famille.
« Je me sentais perdue. Je n’avais pas de maison, je ne savais pas ce que je devais faire », dit-elle.
Quelques semaines seulement après son retour dans la capitale tchèque, elle a rencontré son futur mari, Otto Kraus, alors qu’elle fait la queue pour obtenir sa carte d’identité. Elle le reconnaît comme étant l’un des instructeurs du bloc des enfants. Ils se marient en 1947 et, en 1949, s’installent en Israël avec leur jeune fils et d’autres amis survivants, au kibboutz Givat Chaim, près de Hadera.
Otto lui-même était écrivain. L’un de ses livres, « Le Mur de Lisa Pomnenka », s’articule autour de son expérience en tant qu’instructeur dans le bloc des enfants d’Auschwitz. Il décédera en 2000.
Lorsque l’écrivain espagnol Antonio Iturbe découvre dans le livre « The Library at Night » l’existence de la bibliothèque pour enfants d’Auschwitz, il est très intrigué. Il contacte Dita Kraus et finit par la rencontrer à Prague et à Terezin, avant d’écrire le livre fictif sur sa vie intitulé « La bibliotecaria de Auschwitz » (La Bibliothécaire d’Auschwitz).
Cela fait plus de 75 ans que le numéro 73305 de Kraus a été tatoué sur son bras à Auschwitz-Birkenau, mais les souvenirs de son enfer restent vivaces.
La publication de ce livre lui a permis d’affronter son passé et les négationnistes de la Shoah.
« La culpabilité des auteurs nazis du meurtre de millions d’innocents, de familles, de bébés, de vieillards et de femmes, est en train d’être oubliée ou banalisée, si ce n’est carrément niée », dit-elle.
« Quand j’entends parler de gens qui prétendent que cela n’a jamais existé, j’ai envie de hurler : ‘Regardez mon bras, le numéro tatoué, d’où est-ce que ça vient ? Où sont mes parents, mes oncles et mes cousins ? Où sont leurs tombes ?' »
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