Refonte judiciaire : Des milliers de femmes tracent une « ligne rouge » humaine
Les manifestantes ont formé des chaînes humaines dans tout le pays, notamment le long de la promenade de Tel Aviv, s'engageant à ne pas laisser leurs droits être lésés
Des milliers de femmes dans tout le pays ont formé des chaînes humaines mercredi pour marquer la Journée internationale des droits des femmes et l’impact que la réforme du système judiciaire prévue par le gouvernement pourrait avoir sur leurs droits.
Vêtues de T-shirts rouges, des femmes se sont rassemblées à des dizaines de points de rencontre, brandissant des pancartes portant des slogans tels que « Les droits des femmes ne seront pas bafoués sous notre surveillance ».
À Tel Aviv, plusieurs centaines de femmes ont formé une ligne le long de la Tayelet, la promenade emblématique du front de mer de la ville.
« Nous pensons que chaque point de cette réforme nuira aux femmes et leur fera perdre leurs droits », a déclaré Adi Agasi-Shafir à Reuters.
« Nous allons être privées de tous les droits et de tous les acquis que nous avons obtenus jusqu’à présent. C’est vraiment dangereux et nous ne sommes pas prêtes à l’accepter », a-t-elle ajouté.
Lors d’un rassemblement à Jérusalem, Moran Katzenstein, une manifestante, a déclaré que la Journée internationale des droits des femmes était « censée être un jour heureux où nous célébrons nos droits, mais nous devons maintenant protester à nouveau ».
« Nous portons toutes du rouge et nous montrons que nous traçons une ligne rouge et que nous ne permettrons pas à ce gouvernement de porter atteinte à nos droits », a-t-elle déclaré.
Le gouvernement envisage notamment de se donner les moyens de passer outre les décisions de la Haute Cour de justice si celle-ci annule des lois, et de prendre le contrôle du panel qui sélectionne tous les juges.
Selon ses détracteurs, ce projet portera profondément atteinte au caractère démocratique d’Israël en bouleversant son système d’équilibre des pouvoirs, en accordant presque tous les pouvoirs à la coalition et en laissant les droits individuels sans protection et les minorités sans défense.
Les partisans affirment qu’il s’agit d’une réforme indispensable pour mettre un frein à l’activisme de la Haute Cour.
Jeudi, des manifestations ont eu lieu dans tout le pays, dans le cadre de ce que les organisateurs ont appelé une « journée nationale de résistance contre la dictature« .
Des marches, des grèves temporaires sur les lieux de travail, le blocage des principales artères, l’interruption des services ferroviaires et des rassemblements devant les domiciles des hauts responsables du gouvernement étaient au programme de la journée.
La semaine dernière, les manifestants avaient organisé une première « Journée nationale de perturbations » dans tout le pays, avec un rassemblement principal à Tel-Aviv lors duquel ils avaient bloqué un carrefour important de la ville. La police avait fait appel à des officiers de la garde montée, à des canons à eau et à des grenades incapacitantes pour les disperser. Les forces de l’ordre ont été critiquées pour avoir traité les manifestants avec brutalité, notamment un officier qui avait lancé une grenade incapacitante dans une foule et qui a fait l’objet d’une enquête pour ses actes. Cet officier de police a été vu en première ligne à Tel Aviv ce jeudi.