Refonte judiciaire : Un monument en l’honneur du père de Netanyahu rebaptisé
Netanyahu porte plainte contre les opposants réservistes à l'origine, selon lui, d'une "profanation" ; le leader du groupe refuse de s'excuser
Les réservistes militaires opposés au plan de réforme radicale du système judiciaire israélien ont placé une bannière sur le monument de l’échangeur Benzion Netanyahu, installé en mémoire de feu le père du Premier ministre, lors d’une parodie de cérémonie dans la journée de mercredi.
Sur la bannière était écrit : « Père du dictateur ».
Les activistes, des anciens de la Division des opérations spéciales au sein des renseignements militaires, ont dit avoir organisé une parodie d’événement sur le site qui est situé à l’entrée Nord de Jérusalem.
« Père d’un tyran incapable et corrompu devenu un paria en Israël et dans le monde entier », disait encore la bannière.
Le père de Netanyahu, décédé en 2012, était un historien considéré comme l’un des plus grands spécialistes et ce dans le monde entier de la vie juive dans l’Espagne médiévale, et il était l’un des rédacteurs de l’Encyclopedia Hebraica. L’échangeur porte son nom depuis 2013.
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a écrit sur Twitter que les manifestants avaient « profané » le site et il a indiqué qu’il avait porté plainte.
« Il est temps qu’ils cessent de piétiner toutes les normes de la décence et du sens commun », a-t-il écrit.
Cet acte de vandalisme a aussi été condamné par le député Benny Gantz, chef du parti d’opposition HaMahane HaMamlahti.
« Même au cœur d’un mouvement de protestation – le plus justifié d’entre tous – il est important de conserver le respect dû aux défunts et de préserver l’héritage de ceux qui ont contribué à leur façon à l’État d’Israël », a-t-il écrit sur Twitter.
Mais les manifestants ont défendu leur initiative, disant qu’elle était légitime dans le cadre d’une manifestation.
« Netanyahu doit comprendre que tant qu’il continuera ce projet de réforme, il y aura de la résistance non-violente sous toutes les formes possibles », a expliqué le capitaine de réserve Raysh, l’un des leaders du mouvement de protestation, devant les caméras de la Douzième chaîne.
Raysh, qui ne peut être identifié que par l’initiale de son nom en hébreu compte-tenu de la nature de son service, a précisé que le groupe admirait beaucoup feu Netanyahu. Il a aussi souligné que ses membres ne ressentaient pas pour autant le besoin de présenter des excuses pour ses actions.
« Nous ne sommes pas là pour être agréables, cette manifestation n’est pas là pour être agréable. Nous n’avons rien profané, nous avons utilisé de simples bannières », a-t-il ajouté.
« Nous ne sommes pas des personnalités politiques ; nous nous adressons à l’homme qui occupe la résidence du Premier ministre et qui, il faut le remarquer, est issu de notre système », a continué le manifestant, faisant référence au service de Netanyahu au sein de l’unité de commando d’élite Sayeret Matkal. « Nous le connaissons très bien. Nous lui disons : ‘Si vous ne vous réveillez pas, si vous n’abandonnez pas tout ça, c’est ainsi que vous serez commémoré. C’est ainsi que l’Histoire se souviendra de vous ».
Dans un communiqué, le mouvement de protestation des anciens de la Division des opérations spéciales a accusé Netanyahu et ses alliés de s’être livrés à des incitations à leur encontre et à l’encontre du système judiciaire. Ils ont annoncé qu’en réponse de la plainte déposée par le Premier ministre, eux aussi porteraient plainte contre Netanyahu en l’accusant de tenter d’écraser, de manière illégale et violente, l’État de droit en Israël.
« Les alliés de Netanyahu ont aussi dit que nous étions des nazis, des terroristes ; ils nous ont dit d’aller en enfer, ils ont dit que nous étions des poules mouillées », a dit le groupe. « Nous avons placé de simples panneaux avec des attaches qui peuvent être ôtées en deux secondes. Apparemment, de simples attaches contrarient Netanyahu ».
Des centaines de réservistes de la Division des opérations spéciales ainsi que d’autres unités de premier plan ont menacé de cesser de faire leur devoir volontaire si la coalition devait adopter le plan de refonte du système judiciaire israélien.
Après avoir fait avancer en hâte plusieurs projets de loi devant les députés à la Knesset, Netanyahu a annoncé, fin mars, la mise en pause du plan de réforme afin de laisser la place à des discussions de compromis avec l’opposition. Des pourparlers sont actuellement en cours mais sont dans l’impasse.
Les partisans du plan de réforme déclarent que les législations sont nécessaires pour freiner une Cour trop activiste, aux penchants trop libéraux, tandis que ses critiques déplorent une politisation des tribunaux susceptible de porter gravement atteinte à la démocratie.