Remilk, 1ère entreprise autorisée à vendre du lait d’origine non animale en Israël
Selon la start-up de la FoodTech, la décision "historique" du ministère de la Santé atteste que son lait de culture est "sûr, de haute qualité et identique au produit animal"
Sharon Wrobel est journaliste spécialisée dans les technologies pour le Times of Israel.

Les autorités israéliennes viennent d’accorder à Remilk, start-up de la FoodTech spécialisée dans la production de lait de culture et de produits dérivés, la première autorisation pour commercialiser des produits laitiers de culture aux consommateurs israéliens.
Cette start-up basée en Israël a déclaré que la décision « historique » du ministère de la Santé ouvrait la voie à la vente de produits laitiers de culture, fabriqués avec les protéines non animales de Remilk, exemptes de lactose, cholestérol, antibiotiques et hormones de croissance.
Le Dr. Ori Cohavi, cofondateur et directeur technologique de Remilk, a remercié les autorités pour cet « examen approfondi au terme duquel notre protéine de lait non animale a été soigneusement testée et s’est avérée sûre, de haute qualité et identique à son homologue d’origine animale ».
Fondée en 2019, Remilk produit des protéines de lait via un processus de fermentation à base de levure qui les rend « chimiquement identiques » à celles présentes dans le lait et les produits laitiers produits par les vaches.
La startup assure que le résultat est 100 % similaire au
« véritable » lait.
Remilk recrée les protéines du lait en répliquant leurs gènes et en les insérant dans un microbe unicellulaire, qu’ils manipulent génétiquement afin d’en exprimer la protéine. Le produit est ensuite séché en poudre.
« C’est un moment déterminant, non seulement pour Remilk, mais pour la filière mondiale des protéines alternatives et pour l’État d’Israël, l’un des premiers au monde à reconnaître l’importance de la fermentation de précision », a déclaré Aviv Wolff, cofondateur et PDG de Remilk.
« L’ouverture du marché israélien à de véritables produits laitiers de culture met Israël à l’avant-garde de la R&D en matière de FoodTech, et en fait un marché leader pour la consommation de nouveaux aliments. »
Cette année, Remilk avait déjà obtenu l’autorisation de vendre son lait de culture à Singapour et reçu un courrier de la Food and Drug Administration des États-Unis indiquant que sa protéine de lactosérum de culture pouvait être utilisée en toute sécurité dans des produits alimentaires.
La société avait déjà commencé à vendre ses protéines aux États-Unis l’an dernier.

« Remilk a vocation à être une entreprise internationale qui vient concurrencer l’industrie laitière traditionnelle, mais nous rêvions surtout du moment où elle se lancerait sur le marché israélien, avec nos familles, amis, l’industrie et toute la société israélienne », a déclaré Wolff.
Remilk, qui a jusqu’alors levé plus de 130 millions de dollars auprès d’investisseurs, a signé en juillet un important accord commercial avec la Central Bottling Company (CBC Group), franchisé israélien exclusif de Coca-Cola, pour déployer sur le marché israélien une gamme de boissons lactées, fromages et yaourts fabriqués avec ses protéines, dès l’obtention des autorisations.
« Le lancement des produits prévus avec la Central Bottling Company se profile à l’horizon, à mesure que se concrétise notre rêve de créer de nouveaux modes d’alimentation capables de fournir des solutions nutritives et de haute qualité à une population mondiale toujours plus nombreuse », a fait remarquer Wolff.
Remilk opère sur le marché des substituts laitiers, qui devrait passer de quelque 26 milliards de dollars en 2022 à 66,9 milliards d’ici 2030, selon un rapport de la société de recherche Research and Markets.
Ce produit se distingue des laits d’origine végétale, produits à partir de soja, d’amande, de noix de coco, d’avoine, de chanvre ou d’autres matières non animales.
Un certain nombre d’entreprises opèrent dans le secteur des alternatives aux protéines laitières en utilisant la fermentation de précision, comme c’est par exemple le cas de la start-up israélienne Imagindairy, qui se targue de produire des lactosérums et caséines en tout point identiques aux produits d’origine animale, et susceptibles d’être utilisés pour cultiver des produits laitiers.
Pigmentum est une autre de ces sociétés, qui a développé une technologie à base de plantes génétiquement modifiées capable de fabriquer des protéines de lait à partir de laitue, susceptibles d’être utilisées pour cultiver du fromage.
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a déclaré que cette autorisation constituait une « première et posait un jalon dans un domaine pour lequel l’État d’Israël disposait d’une véritable avance technologique ».
« Le développement de cette technologie sera bénéfique à l’économie d’Israël, à la sécurité alimentaire, à une meilleure gestion du changement climatique et au bien-être des animaux », a déclaré Netanyahu dans un communiqué.
En 2022, le gouvernement israélien avait déclaré que la FoodTech figurerait au rang des cinq nouvelles priorités nationales en termes d’investissements pour les cinq prochaines années.
Et cette année, l’Autorité israélienne de l’innovation a annoncé la mise à disposition de 50 millions de shekels pour construire un centre de R & D sur la fermentation de pointe des micro-organismes, tels que les levures ou les champignons, afin de produire des protéines alternatives à grande échelle et de maintenir l’avantage israélien dans ce secteur.
Ces dix dernières années, l’IAA a alloué 230 millions de shekels de subventions à la FoodTech, parmi lesquels plus de 140 millions de shekels pour les seules protéines alternatives.
En 2022, Israël s’est classé deuxième – après les États-Unis – en matière d’investissement dans les protéines alternatives : les startups israéliennes du secteur ont en effet levé pas moins de 454 millions de dollars, selon une information du Good Food Institute (GFI) Israël, ONG impliquée dans la promotion de la recherche et de l’innovation dans la FoodTech.