Report des fouilles par la police des téléphones des conseillers de Netanyahu
Le procureur général prendrait au sérieux le cas de harcèlement présumé d'un témoin de l'accusation par des officiels du Likud : "ce n'est pas une simple polémique"

Un tribunal israélien a statué jeudi en faveur d’une requête déposée par de hauts-conseillers du Premier ministre Benjamin Netanyahu, qui réclamait le report d’une fouille de leurs téléphones cellulaires par la police.
Ce jugement émis par la cour des magistrats de Jérusalem offre à Ofer Golan et à Jonatan Urich une semaine supplémentaire pour faire appel contre la fouille de leurs appareils.
Urich, porte-parole du Likud, et Golan, qui a dirigé la campagne du parti et qui est aussi le porte-parole de la famille Netanyahu, font l’objet d’une enquête pour harcèlement présumé d’un témoin de l’accusation dans un dossier pour corruption qui implique le Premier ministre.
Les deux hommes ont porté plainte auprès du département des enquêtes internes de la police, au sein du ministère de la Justice, concernant la fouille de leurs téléphones après leur convocation à un interrogatoire dans le cadre des investigations.
Mercredi, la cour des magistrats de Tel Aviv a approuvé des fouilles limitées sur ces téléphones, ordonnant qu’elles soient conduites sous une supervision judiciaire étroite. Dans son jugement, Ala Masarwa a estimé qu’il y avait eu des défaillances significatives dans la prise en charge du dossier par la police, avec notamment la recherche et la saisie des appareils sans autorisation préalable des juges.

Aux côtés de deux autres officiels du Likud, Golan et Ulrich sont soupçonnés d’avoir harcelé Shlomo Filber, ancien confident de Netanyahu à la tête de la campagne du Likud dans les élections de 2015.
Filber est un témoin déterminant dans l’Affaire 4000, dans laquelle Netanyahu est soupçonné d’avoir promu des décisions de régulation au bénéfice de Shaul Elovitch, actionnaire majoritaire du géant des télécommunications Bezeq, en échange d’une couverture positive de ses actions sur le site d’information Walla, propriété d’Elovitch.
Filber était alors directeur-général du ministère des Télécommunications, que dirigeait Netanyahu au poste de ministre pendant une partie de la période qui retient aujourd’hui l’attention des procureurs.
Filber avait été arrêté et interrogé sur son implication dans le dossier avant de devenir témoin de l’accusation.
Les responsables du Likud sont soupçonnés d’avoir envoyé une camionnette dotée de haut-parleurs devant l’habitation de Filber, lançant l’accusation qu’il avait menti dans le dossier.
La fouille des téléphones a été âprement critiquée par les politiciens du Likud et par Netanyahu, qui l’a qualifiée « d’attentat terroriste contre la démocratie israélienne et le droit de chaque citoyen à la vie privée ».
Selon un reportage diffusé par la Douzième chaîne, jeudi, le procureur-général Avichai Mandelblit a qualifié les accusations contre les conseillers de Netanyahu de « graves ».
« Ce n’est pas une simple polémique ou une simple plaisanterie mais plutôt un complot visant à peser sur un témoin de l’accusation dans des circonstances aggravées et dans une affaire particulièrement sensible », auraient dit les conseillers de Mandelblit, selon la chaîne.

Lundi, Mandelblit a demandé à la police de se pencher sur les accusations laissant entendre que les enquêteurs auraient abusé de leur autorité en fouillant les téléphones, après que le procureur-général a reçu une lettre écrite par un avocat d’Urich et dont le contenu a fuité auprès des médias.
Selon le courrier, les enquêteurs auraient regardé des messages sur son téléphone sans lien avec le harcèlement de Filber, a fait savoir lundi la Douzième chaîne.
De hauts-membres du Likud ont récemment renforcé leur rhétorique, disant que Netanyahu est injustement traité par le système judiciaire dans les trois affaires pour corruption dans lesquelles il est impliqué. En plus de l’Affaire 4000 – dans laquelle Netanyahu est soupçonné de pots-de-vin, de fraude et d’abus de confiance – il est également soupçonné de fraude et d’abus de confiance dans deux autres dossiers.
Mandelblit devrait décider d’ici la fin de l’année s’il inculpera ou non Netanyahu.
Netanyahu, pour sa part, nie tout acte répréhensible, clamant être victime d’une chasse aux sorcières impliquant l’opposition, les médias, la police et les procureurs d’Etat.