Retour sur les manifs anti-Israël du weekend
En Mauritanie, des députés ont accusé l'État juif de mener un "génocide"; Un juif berlinois a été agressé; des slogans comme "Non à la normalisation", "à bas Israël" ont été criés
En Allemagne : Un juif portant une kippa à Berlin porte plainte après s’être fait agressé
Un Berlinois de confession juive a déclaré avoir été agressé samedi à Berlin par trois hommes dont l’identité reste inconnue, a annoncé la police. Les faits présumés se sont déroulés dans la nuit de vendredi à samedi. L’homme âgé de 41 ans, qui portait une kippa, a affirmé avoir été insulté, puis frappé au visage, après quoi ses agresseurs ont pris la fuite. Il a porté plainte au poste de police le plus proche. Il a ensuite été conduit à l’hôpital, qu’il a pu quitter après avoir reçu des soins, a raconté la police.
« Ceux qui portent la haine contre les Juifs dans la rue, ceux qui incitent à la haine raciale, sont en dehors de notre Loi fondamentale », avait prévenu Angela Merkel dans son podcast hebdomadaire – en vain. « De tels actes doivent être punis de manière conséquente », avait insisté la chancelière.
Auparavant, des manifestants avaient scandé des slogans antisémites, brûlé des drapeaux israéliens et endommagé l’entrée d’une synagogue par des jets de pierres à l’occasion de différents rassemblements en Allemagne, des actes déjà fermement condamnés par le gouvernement.
Il y a une semaine, une soixantaine de personnes avaient été interpellées et une centaine de policiers blessés dans de violents affrontements pendant une manifestation pour la cause palestinienne à Berlin.
L’Allemagne s’inquiète d’une résurgence de l’antisémitisme en particulier suscitée par l’extrême droite, notamment depuis un attentat manqué en octobre 2019 contre une synagogue à Halle perpétré par un extrémiste adepte de thèses révisionnistes.
La communauté juive, en pleine renaissance depuis la Réunification allemande et l’arrivée de centaines de milliers de juifs de l’ex-Union soviétique, a en outre montré du doigt l’antisémitisme prévalant dans certains cercles musulmans, en particulier après l’arrivée de réfugiés en 2015 et 2016 en provenance de pays arabes hostiles à Israël.
En Mauritanie : « L’Assemblée nationale considère l’agression sioniste continue contre le peuple palestinien comme l’un des pires crimes de génocide »
Les députés de Mauritanie ont adopté samedi une résolution appelant la Cour pénale internationale (CPI) à poursuivre des responsables israéliens pour « génocide » contre le peuple palestinien, après les récents affrontements meurtriers entre Israël et le mouvement terroriste palestinien du Hamas.
« L’Assemblée nationale considère l’agression sioniste continue contre le peuple palestinien comme l’un des pires crimes de génocide » et appelle la CPI à « poursuivre les personnes impliquées dans cette agression », indique le texte consulté par l’AFP.
Selon Mohamed Ould Rzeizime, un député de l’Union pour la République (UPR), le parti au pouvoir, la résolution a été adoptée à l’unanimité.
La chambre unique du Parlement mauritanien, qui compte 157 sièges, appelle les « parlements frères, arabes, africains et islamiques et ceux des pays amis dans le monde à prendre toutes les mesures susceptibles d’aider à la protection du peuple palestinien et à défendre sa juste cause ».
Les députés mauritaniens saluent dans leur résolution la « victoire éclatante obtenue par la résistance palestinienne contre l’ennemi sioniste » et y voient « le couronnement inéluctable de sa lutte contre l’occupation ».
Cette résolution, qui a une valeur symbolique et n’engage pas le gouvernement, a été votée trois jours après une grande marche en soutien aux Palestiniens, organisée mercredi par les partis de la majorité et de l’opposition, et alors que se poursuivent plusieurs campagnes de collecte de fonds pour la reconstruction de Gaza, menées par des partis et des ONG nationales.
La Mauritanie, république islamique de 4,5 millions d’habitants, a rompu ses relations diplomatiques avec Israël en 2009.
En France : Entre « Israël assassin, Macron complice ! » et appels au boycott
Plusieurs milliers de personnes se sont rassemblées samedi en France.
« Ce n’est pas parce qu’il y a un cessez-le-feu que la question est résolue. Cette lutte concerne toutes les personnes attachées aux valeurs de justice, de dignité et de droit », a dit à l’AFP Bertrand Heilbronn, le président de l’Association France Palestine Solidarité (AFPS) à l’origine du rassemblement parisien avec plusieurs autres associations et organisations, qui avait estimé en 2017 que c’était une « hypocrisie » de la part des pays européens d’avoir classé le Hamas comme organisation terroriste.
A Paris, la mobilisation a été limitée à un rassemblement place de la République par la préfecture de police, qui n’a pas voulu d’un défilé et avait interdit les manifestations du précédent week-end.
« Palestine vivra, Palestine vaincra ! », « Israël assassin, Macron complice ! », « Nous sommes tous des Palestiniens », a scandé la foule au-dessus de laquelle flottaient des drapeaux palestiniens.
« Même si les bombardements ont cessé, l’occupant est toujours là, les habitants de Cheikh Jarrah sont toujours menacés d’expulsion et la bande de Gaza est sous blocus », a jugé Wael, un ingénieur en informatique de 28 ans, un drapeau palestinien sur les épaules.
A Strasbourg (est), ils étaient moins de mille. « Les Palestiniens ont le droit de vivre en paix et d’avoir un Etat. Israël nous prive de nos droits, de nos maisons. Je suis palestinien, je n’ai plus le droit d’aller en Palestine, ma famille a tout perdu », a dit Imad Deaibis, 28 ans.
A Lille (nord), environ 1 000 manifestants, selon les organisateurs, 650 selon une source policière, ont marché derrière une banderole « Contre la colonisation, l’occupation militaire et l’apartheid », appelant au boycott d’Israël.
Ils étaient également plusieurs centaines à Toulouse et Montpellier, dans le sud.
En Libye : « Non à la normalisation » des relations diplomatiques avec Israël
Plusieurs milliers de personnes se sont rassemblées vendredi à Tripoli.
« Sionistes, dégagez ! », « A bas Israël », « Avec notre âme et notre sang, nous défendrons Al-Aqsa », mosquée à Jérusalem, ont notamment scandé les manifestants, brandissant des drapeaux palestiniens et libyens tandis que des poèmes et des chants étaient diffusés par hauts-parleurs.
« Non à la normalisation » des relations diplomatiques avec Israël, « la Palestine est une cause sacrée », ont également lancé des manifestants, rassemblés place des Martyrs, vaste esplanade bordée de palmiers et de bâtiments à l’architecture italienne au coeur de Tripoli.
La Libye, plongée dans le chaos depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011, n’entretient pas de relations diplomatiques avec l’Etat hébreu.
En Iran : La « victoire » rendra « l’ennemi usurpateur plus faible et plus méprisable »
« Je remercie notre cher et tout-puissant Dieu pour la victoire et l’honneur accordés aux combattants palestiniens », a estimé le guide suprême iranien Ali Khamenei, dont le pays soutient financièrement le Hezbollah, le Jihad islamique et le Hamas. « La promptitude des jeunes Palestiniens et la démonstration de force » des groupes terroristes de Gaza « rendra de jour en jour la Palestine plus puissante et l’ennemi usurpateur plus faible et plus méprisable », a poursuivi Khamenei.
Avant Khamenei vendredi, le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères Saïd Khatibzadeh avait salué la « victoire historique des Palestiniens ». « Votre résistance a forcé l’agresseur à battre en retraite », avait-il tweeté.
Au Sénégal : « Nous sommes là pour manifester notre solidarité à nos frères en islam, qui sont opprimés par Israël »
La foule s’est rassemblée sous de nombreux drapeaux palestiniens sur la vaste place de la Nation, répondant à l’appel d’un collectif d’une quarantaine d’organisations religieuses et soutenu par des personnalités du monde politique et de la société civile.
« Nous sommes là pour manifester notre solidarité à nos frères en islam, qui sont opprimés par Israël », a lancé de la tribune un des orateurs, l’imam Mor Tall Ndiaye.
« A bas Israël » ou « Israël dégage », ont scandé les manifestants, auxquels s’est joint l’ancien maire de Dakar, Khalifa Sall, ou l’activiste Guy Marius Sagna, grand pourfendeur du pouvoir, qui s’est ému que le gouvernement « renvoie dos à dos » Palestiniens et Israël. « Nous devons avoir honte que l’Etat du Sénégal marque le pas dans la défense de la Palestine », a-t-il dit.
« Personne ne peut parler de faible réaction », a-t-il dit à la presse. « Le Sénégal dit que dans cette région doivent coexister deux Etats, l’Etat d’Israël et l’Etat de Palestine, avec des frontières reconnues au niveau international », a répondu le porte-parole du gouvernement Oumar Gueye.
En Jordanie : « Mort à Israël », « Pas de paix, pas de reddition, vive le fusil »
Plusieurs milliers de personnes ont manifesté vendredi en Jordanie pour célébrer ce qu’ils ont appelé « la victoire de la résistance » palestinienne face à Israël quelques heures après l’entrée en vigueur d’un cessez-le-feu entre l’Etat hébreu et les groupes terroristes palestiniens du Hamas, lié aux Frères musulmans, et du Jihad islamique, conclu sous l’égide du Caire.
A l’appel donc des Frères musulmans, organisation contestée en Égypte et en Jordanie, environ dix mille personnes, selon les journalistes sur place, se sont rassemblées dans la région de Sowayma, à environ 50 km à l’ouest d’Amman, près de la frontière avec la Cisjordanie.
Brandissant des drapeaux jordaniens et palestiniens, ils ont scandé « Mort à Israël » et « Troquons le rameau d’olivier pour le fusil ». Ils portaient des banderoles où l’on pouvait lire « Jérusalem est le symbole de la victoire », « Félicitations pour la victoire de la résistance », ou « la résilience de Gaza a conduit à la victoire ».
Dans la région de Karameh, également proche de la frontière avec la Cisjordanie, une autre manifestation a rassemblé environ trois mille personnes en majorité des jeunes, qui étaient coiffés des keffiehs jordaniens à damier rouge et blanc et palestiniens noir et blanc.
Ils ont brûlé le drapeau d’Israël et scandé : « avec notre âme, avec notre sang, nous nous sacrifierons pour toi O (la mosquée) Al Aqsa, « Pas de paix, pas de reddition, vive le fusil », dénonçant l’accord de paix signé entre la Jordanie et Israël en 1994.
Dans le centre d’Amman, environ 1 300 personnes ont participé à une autre marche qui a commencé après les prières du vendredi devant la grande mosquée Husseini. Les manifestants ont réclamé de nouveau l’expulsion de l’ambassadeur d’Israël et la fermeture de l’ambassade.
Lundi dernier, les députés avaient demandé à l’unanimité dans un mémorandum au gouvernement l’expulsion de l’ambassadeur d’Israël à Amman et le rappel de l’ambassadeur de Jordanie de Tel-Aviv.