Rubio soutient la reprise des combats et dit qu’Israël ne doit pas laisser le Hamas profiter du cessez-le-feu pour se rétablir
Le Secrétaire d'État américain a dit que le Hamas avait rompu l'accord et que Washington était ouvert à tout projet des alliés arabes opposés à la proposition de Trump pour Gaza
Jacob Magid est le correspondant du Times of Israël aux États-Unis, basé à New York.

WASHINGTON – À la façon d’une justification précoce d’une possible reprise des combats à Gaza, le Secrétaire d’État américain Marco Rubio a déclaré qu’Israël ne pouvait pas laisser le Hamas profiter du cessez-le-feu pour se reconstituer, alors qu’une trêve de trois semaines et un accord de libération d’otages sont sur le point de s’effondrer.
À l’occasion d’un tour des chaînes d’information américaines à la suite d’un accord garantissant la libération de l’Américain Marc Fogel des geôles russes, Rubio s’est fait l’écho du discours ferme du président américain Donald Trump, qui a déclaré que le Hamas subirait de lourdes conséquences si les otages n’étaient pas libérés comme prévu samedi, accusant le groupe terroriste d’avoir violé l’accord tout en exprimant l’espoir que la question « se résoudra par elle-même ».
Le Hamas a déclaré lundi – et réitéré mardi – qu’il prévoyait de retarder la libération de trois otages prévue samedi parce qu’Israël n’aurait pas respecté les conditions du cessez-le-feu, notamment en n’autorisant pas l’entrée à Gaza d’un nombre convenu de tentes et d’autres formes d’aide humanitaire.
Un porte-parole de l’unité du ministère de la Défense chargée de coordonner les livraisons d’aide a qualifié l’affirmation des responsables du Hamas de « fake news ».
Interrogé sur la déclaration du Hamas par la chaîne NewsNation, Rubio a répondu « qu’il ne faut pas croire ce que dit le Hamas ». Mais il a également semblé justifier les restrictions israéliennes potentielles sur les marchandises qui peuvent entrer dans la bande de Gaza.
« L’un des problèmes est que le Hamas continue d’utiliser ses réseaux pour faire passer en contrebande des armes et de l’aide pour se reconstituer », a déclaré Rubio lors d’une interview à NewsNation.
« Israël ne peut pas laisser faire une chose pareille. On ne peut pas laisser le Hamas se servir du cessez-le-feu pour se rétablir et reprendre des forces », a-t-il poursuivi. « C’est un cessez-le-feu, pas un cessez-le-feu stupide. »

L’accord de cessez-le-feu en trois étapes, conclu le mois dernier, a mis fin à quelque 15 mois de combats déclenchés par l’invasion d’Israël par le Hamas le 7 octobre 2023, lorsque des milliers de terroristes ont envahi le sud d’Israël, tuant quelque 1 200 personnes et enlevant 251 otages.
L’accord prévoit que le Hamas libère tous ses otages et qu’Israël libère des milliers de prisonniers de sécurité palestiniens – dont des centaines purgent des peines de prison à perpétuité – et mette fin aux combats dans la bande de Gaza, avant d’entamer des négociations en vue d’un « calme durable » et du retrait de l’armée israélienne de l’enclave.
À l’heure actuelle, 17 otages, vivants ou morts, doivent encore être restitués au cours de la première phase de l’accord, qui dure 42 jours.
Lundi, Trump a proposé qu’Israël mette fin au cessez-le-feu et reprenne les combats si tous les otages n’étaient pas libérés d’ici samedi midi.
Ces tout derniers jours, le Hamas a laissé entendre qu’il pourrait ne pas libérer les trois prochains otages prévus, samedi, au motif qu’Israël aurait violé le cessez-le-feu en abaissant l’aide humanitaire, ce que nie Jérusalem.
Interrogé sur cette affirmation du Hamas, Rubio a répondu : « On ne peut pas croire le Hamas. »
Dans une autre interview, cette fois à Fox News, Rubio a déclaré que le Hamas « rompait l’accord », sans plus de détails.

Il a expliqué que le président américain Donald Trump avait perdu patience après avoir vu l’extrême maigreur des otages libérés par le Hamas le week-end dernier. « Il en a assez d’attendre que sortent les otages à raison d’un, deux ou trois à la fois. Il est temps pour eux tous de rentrer chez eux », a affirmé Rubio.
« Si ces gars-là ne vont pas jusqu’au bout de l’accord samedi, alors je pense que nous serons revenus au point où nous étions il y a de cela quelques mois, avec un Hamas à éliminer et des Israéliens décidés à régler le problème », a-t-il ajouté. On ignore le temps que cela pourrait prendre dans la mesure où le Hamas est, à plusieurs reprises, parvenu à se réinstaller suite à des opérations de Tsahal.
L’ultimatum de Trump a été partiellement adopté par le Premier ministre Benjamin Netanyahu, qui a déclaré mardi que le cessez-le-feu prendrait fin si les otages n’étaient pas libérés samedi, sans exiger explicitement que les 76 otages encore présents à Gaza, y compris les dépouilles de ceux qui ont été tués, soient libérés à ce moment-là.
Dans une série de déclarations contradictoires, le gouvernement israélien a menacé de reprendre la guerre si « nos otages » n’étaient pas libérés, puis a révisé sa position pour exiger que les neuf otages vivants qui devaient être libérés au cours de la première phase du cessez-le-feu le soient « dans les prochains jours », avant de revenir à la demande de les libérer « tous », tout en laissant la porte ouverte à diverses interprétations.

Selon la radio de l’armée, ces déclarations vagues reflètent la confusion qui règne au sein du cabinet de sécurité quant aux spécificités des exigences de Trump.
« Nous sommes dans une situation où nous ne pouvons pas refuser d’adopter [le plan de] Trump, et c’est pourquoi la formulation du premier ministre était alambiquée », a déclaré un ministre anonyme à la station.
Rubio a déclaré que Trump avait décidé d’exiger la libération de tous les otages après avoir vu l’état de trois otages émaciés libérés le 8 février.
« Le président est fatigué de ce goutte-à-goutte. Il veut que les gens sortent. Vous avez vu l’état des otages qui ont été libérés il y a tout juste une semaine, et ils étaient au bord de la mort », a-t-il déclaré.

La secrétaire d’État a qualifié le cessez-le-feu de « très précaire » tout en réitérant les menaces proférées par Trump.
« Il veut qu’ils soient libérés et il a clairement indiqué que si ce n’était pas le cas samedi, les jeux seraient faits », a déclaré Rubio à NewsNation. « Et ce ne sera pas bon pour le Hamas. Mais espérons que la situation se résoudra par elle-même. Je pense que personne ne souhaite une reprise des hostilités. »
Dans une autre interview accordée à Fox News, Rubio a accusé le Hamas d’avoir « rompu l’accord », sans donner plus de détails.
Il a prédit qu’une rupture du cessez-le-feu ramènerait la région « au point où nous en étions il y a quelques mois, à savoir que le Hamas allait être éliminé et que les Israéliens allaient intervenir et régler le problème ».

Le Hamas a déclaré mardi que la menace de Trump de « laisser l’enfer se déchaîner » à Gaza si tous les otages ne sont pas rendus d’ici samedi « n’a aucune valeur et complique encore les choses ».
« Trump doit se rappeler qu’il existe un accord qui doit être respecté par les deux parties et que c’est le seul moyen de rendre les prisonniers », a déclaré à l’AFP un responsable du Hamas, Sami Abu Zuhri, en faisant référence aux otages.
L’armée israélienne se prépare à une éventuelle reprise des combats depuis l’annonce du Hamas lundi, en renforçant les effectifs à la frontière de Gaza, en annulant les congés prévus pour les soldats et en testant les sirènes dans la région de Tel Aviv mercredi matin.

Les négociations sur la deuxième phase de l’accord – qui doit inclure le retour des 59 otages restants, la libération de nombreux autres prisonniers de sécurité palestiniens, un retrait complet des forces israéliennes de Gaza et un cessez-le-feu permanent – devaient commencer la semaine dernière, mais ont également été remises en question par le flot de menaces et d’avertissements de ces derniers jours.
Netanyahu avait déjà laissé entendre qu’une reprise des combats avec le Hamas aurait lieu plutôt que de passer à la deuxième phase de l’accord, tandis que Trump avait appelé Israël à détruire le Hamas et à déplacer les Palestiniens en dehors de la bande de Gaza afin d’ouvrir la voie à une prise de contrôle et à un réaménagement de l’enclave par les États-Unis.
Assis aux côtés de Trump dans le bureau ovale mardi, le roi Abdallah de Jordanie a annoncé qu’Amman accueillerait 2 000 enfants malades de Gaza, cherchant ainsi à s’attirer les faveurs de Washington après que le président a menacé de suspendre son aide si la Jordanie et l’Égypte n’acceptaient pas d’accueillir des Palestiniens dans le cadre de son plan controversé.

Rubio a déclaré que Washington était ouvert à d’autres projets que pourraient avoir les alliés arabes opposés à la proposition de Trump de prendre le contrôle de Gaza.
« Les gens peuvent ne pas aimer les plans de Trump pour Gaza mais c’est le seul projet pour l’instant. C’est au tour des pays arabes maintenant… s’ils pensent avoir une meilleure idée, il faut que nous en entendions parler », a déclaré le Secrétaire d’État, réitérant un point soulevé par le conseiller américain à la sécurité nationale, Mike Waltz, la semaine dernière.
L’Égypte a déclaré mardi qu’elle « présenterait une vision globale pour la reconstruction » de la bande de Gaza qui garantisse que les Palestiniens restent sur leurs terres, tout en exprimant l’espoir de coopérer avec l’administration Trump « pour parvenir à une paix globale et juste dans la région ».