Sacha Baron Cohen : Trump n’aurait jamais été élu sans Twitter
Le comédien juif britannique a fustigé le PDG de Twitter pour avoir rencontré le président américain Donald Trump

Sacha Baron Cohen a déclaré que le président américain Donald Trump n’aurait probablement pas été élu sans le réseau social Twitter, dans une interview diffusée jeudi.
Le comédien juif britannique a critiqué le PDG de Twitter, Jack Dorsey, pour avoir rencontré Trump et pour ne pas avoir réussi à interdire les membres violents et racistes de son réseau social, déclarant que la question était liée à ce qu’il qualifiait de « désintégration » de la démocratie.
« Trump ne serait probablement pas devenu président sans Twitter, c’est pourquoi Jack Dorsey est à la Maison Blanche pour rencontrer Trump », a déclaré Baron Cohen dans un entretien avec l’acteur Don Cheadle diffusé jeudi par le groupe de presse Variety dans son programme « Acteurs par des acteurs ».
« Ce qui est fascinant dans tout cela, il est assis en face du président qui est en réalité la célébrité la plus importante qui soutient son entreprise. Et Jack Dorsey et Twitter ne peuvent pas faire appliquer des restrictions contre des suprémacistes blancs et des racistes, parce que le modèle de business plan de Twitter demande beaucoup d’utilisateurs sur le réseau social », a déclaré Baron Cohen.
Sacha Baron Cohen and Don Cheadle discuss Twitter, Trump, and Jack Dorsey for Variety's annual #ActorsOnActors pic.twitter.com/cSdmKe4caQ
— Variety (@Variety) June 1, 2019
« Il peut bien affirmer, ‘Oh je crois en la liberté d’expression, et bien sûr, je ne serai pas biaisé contre quiconque, quand, en réalité, dans une société, nous voulons être biaisés contre ceux qui veulent tuer des gens comme vous ou comme moi, juste à cause de la couleur de notre peau ou de notre ethnicité ou parce que nous sommes différents. C’est normal de ne pas donner à ces gens, qui veulent tuer des gens parce qu’ils sont différents, des droits absolus. Nous vivons maintenant dans une société dangereuse », a déclaré Baron Cohen.
L’acteur parlait de sa série « Qui est l’Amérique ? » où il va, sous couverture, interviewer, et provoquer des politiciens et d’autres Américains. Le but du programme était de montrer les effets de la culture politique d’aujourd’hui et les véritables pensées et croyances des gens, a déclaré Baron Cohen.
La rhétorique en ligne d’aujourd’hui est symptomatique et contribue à l’effondrement du système démocratique du gouvernement, a-t-il déclaré.
« Nous sommes à l’âge d’internet. C’est plus important que la révolution industrielle. Cela transforme la manière dont les gens pensent, pas seulement l’étendue de leur attention, mais il y a cette théorie que nous sommes dans cet âge de la post-vérité où il y a tellement de sources de ‘vérité’ que personne ne sait quels sont les faits et cela permet aux gens qui propagent des mensonges de donner l’impression qu’ils sont légitimes, a-t-il dit. Nous vivons dans une société où l’espace dans lequel nous avons grandi, avec l’idée que la société va devenir meilleure, où les Noirs peuvent bénéficier de droits complets, ils peuvent voter, où les gens sont égaux malgré leurs différentes, ce concept est désintégré ».
« La démocratie se désintègre et c’est ce qui me terrifie », a déclaré Baron Cohen.

L’année dernière, la performance de Baron Cohen dans « Qui est
l’Amérique ? » lui a valu une nomination au Golden Globe pour la meilleure musique et pour la meilleure comédie télévisée.
L’un de ses personnages de la série est un expert militaire israélien très peu crédible nommé Erran Morad. Baron Cohen a interviewé le républicain de l’Alabama Roy Moore en tant que Morad, humiliant le politicien avec un appareil soi-disant capable de détecter de pédophiles. Moore a poursuivi Baron Cohen en réclamant 95 millions de dollars pour le canular.
Dans une prochaine série Netflix, Baron Cohen va jouer le rôle d’Eli Cohen, un espion israélien en Syrie au début des années 1960.
La série de six épisodes intitulée « l’Espion » a été écrite et dirigée par l’Israélien Gideon Raff, surtout connu pour la série israélienne « Hatufim » (prisonniers de guerre) et son adaptation réussie aux Etats-Unis « Homeland ».