Si le Hamas voulait mettre un terme à la guerre, il accepterait l’offre israélienne
Comme l'affirme Washington, l'accord présenté par Biden, mais émis par Israël, mettrait fin à la guerre moyennant le retour de tous les otages, mais le Hamas n'en veut tout simplement pas
David est le fondateur et le rédacteur en chef du Times of Israel. Il était auparavant rédacteur en chef du Jerusalem Post et du Jerusalem Report. Il est l’auteur de « Un peu trop près de Dieu : les frissons et la panique d’une vie en Israël » (2000) et « Nature morte avec les poseurs de bombes : Israël à l’ère du terrorisme » (2004).
Un reportage sur la proposition israélienne pour un accord de libération des otages et de cessez-le-feu avec le groupe terroriste palestinien du Hamas a révélé lundi jusqu’où Israël était prêt à aller dans ses efforts pour obtenir le retour des 116 otages enlevés le 7 octobre, ainsi que de deux civils israéliens détenus depuis une décennie, et des corps de deux soldats israéliens tués en 2014 – toujours retenus à Gaza.
Selon le reportage de la Douzième chaîne, qui a présenté ce qu’elle dit être le document israélien et dont elle cite des sections clés, la proposition israélienne accède à la demande du Hamas selon laquelle 150 prisonniers de sécurité palestiniens condamnés à perpétuité seraient libérés, lors de la première phase de l’accord, en échange de cinq soldates retenues en otage, que le Hamas choisirait la plupart de ces condamnés à perpétuité à libérer, et que la plupart d’entre eux seraient autorisés à retourner en Cisjordanie.
Ces termes représentent des concessions très importantes en faveur du Hamas comme l’exige le document publié par le groupe terroriste le 6 mai, qu’Israël était profondément réticent à accepter, notamment parce que le groupe terroriste palestinien s’attend à ce que la libération de ce grand nombre de responsables terroristes chevronnés déclenche une recrudescence significative du terrorisme en Cisjordanie.
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Lundi soir, le cabinet du Premier ministre a déclaré que le compte rendu de la Douzième chaîne sur la proposition était incomplet et trompeur, et a nié que les conditions proposées par Israël impliquaient la fin de la guerre avant que ses objectifs déclarés, notamment la destruction des capacités armées et de gouvernance du Hamas, n’aient été atteints.
Comme l’a rapporté la Douzième chaîne, les clauses de la proposition semblent effectivement prévoir, dans la première phase de l’accord, une « cessation temporaire des opérations militaires par les deux parties » et, dans la deuxième phase, le « rétablissement d’un calme durable (cessation permanente des hostilités militaires) et son commencement avant l’échange d’otages et de prisonniers ».
Lors de l’annonce des détails de la proposition israélienne dans un discours prononcé le 31 mai, le président des États-Unis Joe Biden a toutefois souligné que « si le Hamas ne remplit pas ses engagements dans le cadre de l’accord, Israël pourra reprendre ses opérations militaires ».
Tout cela semble indiquer qu’Israël est effectivement prêt à mettre un terme à la guerre pour tenter d’obtenir la libération de tous ses otages, sous réserve de la déclaration américaine selon laquelle l’opération militaire contre le Hamas peut reprendre si le groupe terroriste palestinien ne respecte pas l’accord. En outre, Israël a accepté les exigences du Hamas qui font peser un risque important d’ouverture d’un nouveau front de la guerre contre Israël en Cisjordanie et à partir de celle-ci. Toutefois, même ces conditions n’ont pas encore été acceptées par le Hamas, qui manifestement refuse de libérer tous les otages. Il considère visiblement que son intérêt réside dans la poursuite des combats, la perte continue de vies humaines des deux côtés, la détérioration de la position internationale d’Israël, une division plus profonde au sein d’Israël et la possibilité de progresser davantage dans son objectif stratégique consistant à détruire Israël.
Comme l’ont dit Biden et son administration, comme semble l’indiquer le texte partiellement publié, mais comme l’a réfuté le Premier ministre Benjamin Netanyahu, il existe une proposition israélienne sur la table en vue d’un accord qui mettrait fin à la guerre en échange du retour de tous les otages. Le Hamas ne veut tout simplement pas l’accepter.
Qu’en est-il de l’influence manifeste ?
Les informations selon lesquelles le ministère des Affaires de la Diaspora a financé une campagne de 2 millions de dollars pour influencer secrètement les législateurs américains et créer un sentiment plus large de soutien américain pour « Israël et ses actions depuis le 7 octobre » ont fait les gros titres de la presse internationale la semaine dernière.
En effet, le New York Times a estimé qu’il s’agissait de l’histoire la plus importante au monde mercredi dernier, lui accordant une place de choix sur son site web plusieurs heures durant.
Et ce, un jour où, par exemple, le secrétaire général adjoint du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA), Martin Griffiths, a déclaré que « près de 5 millions de personnes sont menacées de famine » au Soudan, « un chiffre que nous n’avons jamais vu auparavant », avant d’ajouter « qu’il s’agit d’un événement évitable, mais nous manquons de temps ».
Et ce, malgré le fait que la campagne d’influence israélienne, selon le New York Times, « n’a pas eu d’impact généralisé ». « Les faux comptes ont totalisé plus de 40 000 abonnés sur X, Facebook et Instagram, a constaté FakeReporter. Mais beaucoup de ces abonnés pourraient être des bots et n’ont pas généré une grande audience, a estimé Meta. »
Le ministère des Affaires de la Diaspora a démenti toute implication dans ce qui semble être une campagne stupide, possiblement illégale et manifestement inefficace.
Si le ministère dispose de millions de dollars inutilisés, il pourrait peut-être les allouer à une opération de diplomatie publique compétente et ouverte, fournissant des informations cohérentes, précises et en temps réel sur la conduite de la guerre et son contexte. Cela pourrait légitimement générer un soutien plus large, aux États-Unis et ailleurs, pour la réponse d’Israël aux massacres perpétrés par le Hamas et à la poursuite de la détention de ses otages. Cela ne changera pas la face du monde mais pourrait donner un petit coup de pouce.
Abandonner Gallant
Benny Gantz a fait ce qu’il pensait être la bonne chose à faire pour Israël en rejoignant une coalition de guerre d’urgence quelques jours après l’assaut et les massacres menés par le groupe terroriste palestinien sur le sud d’Israël le 7 octobre.
Il est devenu l’un des trois principaux ministres responsables de la réponse israélienne, au sein du cabinet de guerre, aux côtés de Netanyahu et du ministre de la Défense Yoav Gallant.
Bien qu’Itamar Ben Gvir et Bezalel Smotrich, les chefs des deux partis d’extrême droite de la coalition Netanyahu, se soient battus au sein de leur propre gouvernement contre la gestion de la guerre, c’est le trio Netanyahu-Gantz-Gallant qui a pris les plus importantes décisions.
En annonçant que son parti, HaMahane HaMamlahti, quittait la coalition d’urgence dimanche soir, Gantz a, entre autres critiques accablantes, accusé Netanyahu de donner la priorité à ses propres petits intérêts politiques – à savoir, garder l’extrême droite à bord – plutôt qu’aux intérêts nationaux d’Israël. Il a déploré l’absence de stratégie du Premier ministre pour remplacer le Hamas, a regretté qu’il n’ait pas su saisir l’opportunité d’une alliance régionale vitale dirigée par les États-Unis contre l’Iran et a dénoncé son refus obstiné, même à l’heure où Tsahal a besoin de lui, d’exiger que les Israéliens ultra-orthodoxes soient progressivement astreints au service militaire. Gantz a également exigé de Netanyahu qu’il accepte la tenue d’élections législatives à l’automne.
Le problème est que le départ de Gantz rend encore moins probable que Netanyahu tienne tête à l’extrême droite, et encore moins qu’il corrige le moindre des échecs énoncés par Gantz.
En outre, Netanyahu peut se permettre d’ignorer purement et simplement la demande d’élections formulée par Gantz. Le noyau dur de la coalition de droite, d’extrême droite et ultra-orthodoxe d’avant-guerre détenait 64 sièges à la Knesset, qui en compte 120 au total. Temporairement renforcée par Gantz au cours des huit derniers mois, elle n’a fait que retrouver sa taille initiale et ne peut être renversée que de l’intérieur.
On peut supposer que, du point de vue de Gantz, il a conclu que lui et son collègue observateur du cabinet de guerre, Gadi Eisenkot, tous deux anciens chefs d’état-major de Tsahal, étaient ignorés. Pour lui, les choses sont désormais claires : il ne sera plus le faire-valoir de Netanyahu.
Mais plutôt que d’accroître la pression politique sur le Premier ministre, le danger est que Gantz s’en aille et laisse le troisième membre du cabinet de guerre, Gallant, également ouvertement critique de la gestion de la guerre par Netanyahu, se battre seul contre le Premier ministre et toutes ces fausses priorités.
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