Smotrich prolonge d’un mois l’accord entre les banques israéliennes et palestiniennes
La prolongation d'un mois permet au ministre des Finances de garder ses options ouvertes en fonction du vainqueur de l'élection présidentielle américaine
Jacob Magid est le correspondant du Times of Israël aux États-Unis, basé à New York.

Le ministre des Finances Bezalel Smotrich signera dans la journée une prolongation d’un mois d’un accord permettant aux banques israéliennes de continuer à effectuer des transactions avec les banques palestiniennes, quelques heures avant l’expiration de l’accord, a indiqué un responsable israélien au Times of Israel jeudi.
Les États-Unis et leurs alliés occidentaux ont fait pression sur Israël pour qu’il prolonge d’un an l’accord bancaire correspondant, craignant l’effondrement de l’économie palestinienne en Cisjordanie.
Smotrich se prononce depuis longtemps en faveur de l’effondrement de l’Autorité palestinienne (AP). La prolongation d’un mois permet au ministre d’extrême-droite de garder ses options ouvertes en fonction du vainqueur de l’élection présidentielle américaine de la semaine prochaine, a déclaré le responsable israélien, confirmant une information relayée par Walla.
Cette décision permet également à Israël d’utiliser une nouvelle prolongation de l’accord bancaire comme moyen de pression lorsque l’administration du président Joe Biden examinera les mesures à prendre pour faire progresser la création d’un État palestinien pendant la période des élections, a ajouté le fonctionnaire.
Bien que l’administration Biden puisse se réjouir d’avoir obtenu la prolongation, elle a rapidement publié une déclaration critiquant Smotrich pour n’avoir prolongé l’accord que d’un mois.
« Malheureusement, la durée très courte de cette extension crée une nouvelle crise imminente d’ici le 30 novembre, exacerbant l’incertitude pour les banques internationales, les entreprises israéliennes opérant en Cisjordanie et, plus important encore, pour les Palestiniens ordinaires qui supportent le plus gros du poids de cette incertitude », ont déclaré le secrétaire d’État Antony Blinken et la secrétaire au Trésor Janet Yellen dans un rare communiqué conjoint.
Ils ont appelé Israël à prolonger l’accord d’un an et ont insisté pour que « les renouvellements futurs soient transparents, prévisibles et dépolitisés ».
La semaine dernière, Yellen et sept de ses homologues ont envoyé une lettre au Premier ministre Benjamin Netanyahu pour exprimer leur inquiétude quant au risque d’effondrement de l’économie palestinienne en Cisjordanie si l’accord n’était pas renouvelé.
« Les mesures prises par certains membres de votre gouvernement pour refuser à la Cisjordanie l’accès aux ressources financières menacent la sécurité d’Israël et risquent de déstabiliser davantage l’ensemble de la région à un moment déjà précaire », ont écrit les ministres des Finances occidentaux dans leur lettre.

La lettre était adressée à Netanyahu, car les pays occidentaux maintiennent un boycott de facto de Smotrich depuis sa nomination au poste de ministre des Finances en décembre 2022.
Les États-Unis ont envisagé de sanctionner Smotrich pour ses politiques, mais ont jusqu’à présent évité de prendre une mesure aussi radicale. Le mois dernier, des responsables américains ont confié au Times of Israel que cette décision serait probablement réexaminée après l’élection présidentielle du mois prochain.
L’économie palestinienne dépend fortement des relations que les banques entretiennent avec leurs homologues israéliennes pour traiter les transactions effectuées en shekels, car l’AP ne dispose pas de sa propre monnaie. En 2023, environ 53 milliards de shekels ont été échangés dans les banques palestiniennes, selon les données officielles.
Les autorités américaines ont averti que si les relations bancaires entre Israël et les Palestiniens n’étaient pas maintenues, la Cisjordanie pourrait devenir une « économie monétaire », ce qui bénéficierait aux organisations terroristes présentes dans la région et compliquerait le travail de l’AP, déjà affaiblie, dans sa lutte contre ces groupes.
L’économie de la Cisjordanie traverse une crise grave depuis un an, avec des dizaines de milliers de travailleurs palestiniens journaliers qui n’ont pas été autorisés à entrer en Israël depuis le début de la guerre de Gaza, déclenchée par le pogrom perpétré par le groupe terroriste palestinien du Hamas le 7 octobre 2023, au cours duquel des milliers de terroristes ont envahi le sud d’Israël, assassinant plus de 1 200 personnes et prenant 251 otages.