Suite aux menaces « inacceptables » du Hezbollah, l’UE craint une escalade au Moyen-Orient
Athènes dit se tenir aux côtés de Chypre après que Nasrallah a menacé de prendre la nation insulaire pour cible ; selon Josep Borrell, "nous sommes à la veille de l'expansion de la guerre"

Le chef de la politique étrangère de l’Union européenne (UE), Josep Borrell, a déclaré lundi que le Moyen-Orient était sur le point de voir le conflit entre Israël et le groupe terroriste palestinien du Hamas s’étendre au Liban, quelques jours après que le groupe terroriste chiite libanais du Hezbollah, soutenu par l’Iran, a menacé Chypre, membre de l’UE.
« Le risque que cette guerre affecte le sud du Liban et s’étende est chaque jour plus grand », a déclaré Borrell aux journalistes avant une réunion des ministres des Affaires étrangères au Luxembourg. On ignor s’il a mentionné l’impact potentiel sur Israël.
« Nous sommes à la veille de l’expansion de la guerre », a-t-il déclaré.
Le Hezbollah, soutenu par l’Iran, a commencé à attaquer Israël le lendemain de l’assaut du Hamas, le 7 octobre, qui a déclenché la guerre en cours à Gaza. Le groupe terroriste chiite libanais a déclaré qu’il ne s’arrêterait pas tant qu’il n’y aurait pas de cessez-le-feu à Gaza.
La semaine dernière, le chef terroriste du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a déclaré que nul endroit en Israël ne serait sécurisé si une véritable guerre éclatait. Il a également menacé Chypre, membre de l’UE, pour la première fois, ainsi que d’autres régions de la Méditerranée.
« Il est absolument inacceptable de proférer des menaces à l’encontre d’un État souverain de l’Union européenne », a déclaré le ministre grec des Affaires étrangères, George Gerapetritis. « Nous sommes aux côtés de Chypre et nous serons tous ensemble pour faire face à toutes sortes de menaces mondiales émanant d’organisations terroristes. »

La ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock, qui est attendue en Israël et au Liban cette semaine, a déclaré que la situation était très préoccupante.
« Une nouvelle escalade serait une catastrophe pour les habitants de la région », a-t-elle estimé.
Les autorités israéliennes ont menacé de lancer une opération militaire au Liban en l’absence de négociations visant à éloigner le Hezbollah de la frontière, après plus de huit mois d’attaques de plus en plus intenses contre des villes et des postes militaires dans le nord d’Israël.
Ces attaques ont contraint des dizaines de milliers de personnes à fuir leur domicile et ont causé d’énormes destructions, alors que la pression politique s’accroît en Israël pour une action plus ferme.

Des dizaines de milliers de Libanais ont également fui leurs maisons à la suite des frappes israéliennes dans le sud du Liban.
La semaine dernière, Nasrallah a déclaré que Chypre avait permis à Israël d’utiliser ses aéroports et ses bases pour des exercices militaires et que le Hezbollah pourrait considérer ce pays comme « faisant partie de la guerre » et le frapper s’il permettait à l’armée israélienne d’utiliser les infrastructures logistiques du pays pour attaquer le Liban.
« L’ouverture des aéroports et des bases chypriotes à l’ennemi israélien pour cibler le Liban signifierait que le gouvernement chypriote est partie prenante de la guerre dans cette guerre et que la Résistance [mot détourné par les groupes terroristes anti-Israël] le traitera comme tel », a-t-il averti dans un discours retransmis en direct à la télévision.
Chypre n’a a priori jamais ouvert ses terrains ou ses bases à Tsahal, mais a par le passé permis à Israël d’utiliser son espace aérien pour effectuer occasionnellement des exercices aériens, mais jamais durant un conflit.
Il existe deux bases britanniques à Chypre. Elles ont été utilisées pour des opérations en Syrie et, plus récemment, au Yémen, et le gouvernement chypriote n’a pas son mot à dire en la matière. Selon les médias israéliens, des avions de chasse et de ravitaillement de la Royal Air Force (l’armée de l’air britannique) ont décollé de bases chypriotes pour aider à contrecarrer une attaque massive de drones et de missiles lancée par l’Iran contre Israël à la mi-avril.
Depuis le 8 octobre, le Hezbollah attaque quotidiennement les communautés israéliennes et les postes militaires le long de la frontière avec des roquettes, des drones, des missiles antichars et d’autres moyens, affirmant qu’il le fait pour soutenir Gaza dans le cadre de la guerre contre le groupe terroriste palestinien du Hamas qui s’y déroule.
Ces dernières semaines, elles ont organisé des attaques plus profondément dans le nord d’Israël et menacé des infrastructures sensibles dans la grande ville de Haïfa. Ces attaques ont donné lieu à une campagne aérienne israélienne limitée contre le groupe terroriste dans le sud du Liban.
Jusqu’à présent, les affrontements à la frontière ont causé la mort de dix civils du côté israélien, ainsi que celle de quinze soldats et réservistes de Tsahal. Plusieurs attaques ont également été lancées depuis la Syrie, sans faire de blessés.

Le Hezbollah a annoncé que 349 de ses terroristes ont été tués par Israël depuis le 8 octobre, principalement au Liban, mais aussi en Syrie. Au Liban, 71 membres d’autres groupes terroristes, un soldat libanais et au moins 60 civils, dont trois journalistes, ont été tués.
Une guerre entre les deux ennemis lourdement armés pourrait être dévastatrice pour les deux pays et faire de nombreuses victimes civiles. L’arsenal de roquettes du Hezbollah serait bien plus important que celui du Hamas.