Tally Gotliv brave les citations à comparaître, invoquant son immunité parlementaire
La députée Likud, convoquée par la police suite à des messages visant sur un agent du Shin Bet - en couple avec Shikma Bressler - a affirmé qu'elle ne se présentera pas à l'interrogatoire
La députée Tally Gotliv (Likud) a invoqué l’immunité parlementaire jeudi pour justifier son refus de se présenter à un interrogatoire de police concernant des messages publiés sur les réseaux sociaux il y a près d’un an, dans lesquels elle révélait que le partenaire de la cheffe d’un mouvement de protestation faisait partie de l’agence de sécurité intérieure du Shin Bet.
« Je n’ai pas l’intention de me présenter à un interrogatoire », a écrit Gotliv dans un long message sur le réseau social X – une publication qui, selon elle, constituait sa réponse à la citation à comparaître.
« J’ai droit à une immunité de fond telle que définie dans la clause 1 de la loi sur l’immunité, en vertu de laquelle je bénéficie d’une immunité contre toute responsabilité pénale résultant d’une déclaration ou de l’expression d’une opinion dans le cadre de l’exercice de mes fonctions », a-t-elle écrit.
Gotliv a ensuite défendu ses actions de janvier dernier, lorsqu’elle avait révélé l’identité du partenaire de Bressler. Cette dernière, en 2023, était l’une des figures de proue des manifestations contre la refonte contestée du système judiciaire du gouvernement.
« Cette révélation de l’identité du compagnon de la dangereuse Shikma Bressler a été faite dans l’intérêt et dans le cadre de l’exercice de mes fonctions », a affirmé Gotliv.
« Un employé du Shin Bet dont la partenaire est à la tête d’une rébellion civile, encourageant le refus de servir et s’opposant au gouvernement d’une manière dangereuse, mettant en péril d’autres personnes, a l’obligation d’être totalement transparent et de s’identifier », a-t-elle ajouté.
L’opposition au plan de refonte du système judiciaire avait fait descendre des centaines de milliers de personnes dans les rues israéliennes en 2023. Certains réservistes de l’armée israélienne avaient même appelé à ne pas se porter volontaires pour le service. Le projet avait été mis de côté lorsque le groupe terroriste palestinien du Hamas avait attaqué Israël le 7 octobre 2023, déclenchant la guerre actuelle – bien que certains membres du gouvernement aient menacé à maintes reprises de relancer le conflit.
En janvier, Gotliv avait fait circuler à plusieurs reprises des affirmations infondées faisant le lien entre Bressler, son partenaire, le Hamas et le pogrom du 7 octobre, reprenant notamment une théorie du complot selon laquelle les services de renseignement américains avaient intercepté une conversation entre le partenaire de Bressler et le chef du groupe terroriste palestinien de l’époque, Yahya Sinwar.
Des affirmations qui ont conduit Bressler à poursuivre Gotliv pour diffamation. Elle réclame 2,6 millions de shekels à titre de dommages et intérêts.
Suite à ses publications identifiant le partenaire de Bressler, le chef du Shin Bet, Ronen Bar, avait conseillé à la procureure générale Gali Baharav-Miara d’ouvrir une enquête sur Gotliv.
« Les identités des employés passés ou présents des agences de sécurité sont confidentielles et leur publication est interdite », avait écrit Bar à l’époque, dans une lettre adressée à la procureure générale, citant la loi sur le Shin Bet.
Dans son message publié sur X jeudi, Gotliv a qualifié sa convocation « d’abus de pouvoir visant à me faire taire » et elle a affirmé « qu’un député ne peut être arrêté que s’il est sur le point de commettre un crime qui portera atteinte à la sécurité ».
Le mois dernier, après que Baharav-Miara a approuvé l’enquête sur Gotliv, la députée du Likud a présenté un projet de loi à la Knesset visant à interdire toute enquête criminelle sur un parlementaire à moins qu’elle ne soit approuvée par une super-majorité de la Knesset, soit par 90 députés sur un total de 120.
La conseillère juridique de la Knesset, Sagit Afik, a déclaré que Gotliv devait affirmer publiquement en séance plénière de la Knesset que le projet de loi ne s’appliquerait pas rétroactivement aux litiges civils dans lesquels elle est engagée, afin d’éviter tout conflit d’intérêts.
Gotliv a également déclaré sur X jeudi qu’elle demanderait l’ouverture d’une enquête sur Bar et sur l’ancien haut responsable du renseignement de Tsahal, Aharon Haliva, qu’elle accuse tous deux d’avoir « réalisé un coup d’État militaire ».
Elle a par ailleurs semblé suggérer que sa convocation était une mesure de représailles pour ses prises de position devant la Knesset au début de la semaine – elle avait attaqué le député Yaïr Golan, chef de l’alliance des partis de gauche Avoda et Meretz, Les Démocrates.