Téhéran accuse Netanyahu d’avoir menacé l’Iran d’une frappe nucléaire devant l’ONU
Le Premier ministre israélien avait dit que l'Iran devait faire face à "une menace nucléaire crédible" - son bureau avait rapidement indiqué qu'il s'agissait d'un lapsus
L’Iran a accusé le Premier ministre Benjamin Netanyahu d’avoir menacé la république islamique lors de son discours prononcé devant l’Assemblée générale des Nations unies, la semaine dernière. Le régime de Téhéran a cité une phrase de son allocution où il parlait d’utiliser l’arme atomique contre la république islamique – le bureau du Premier ministre avait rapidement établi, après la prise de parole de Netanyahu, que ce dernier avait fait un lapsus.
L’ambassadeur de Téhéran aux Nations unies, Amir Saeid Iravani, a fait parvenir une plainte à ce sujet dans un courrier adressé au secrétaire-général de l’ONU et aux présidents de l’Assemblée générale et du Conseil de sécurité, exprimant sa « forte condamnation » des propos tenus vendredi par Netanyahu, a rapporté mercredi matin l’agence de presse officielle IRNA.
Dans la lettre – qui, selon Iravani, a été envoyée au nom du régime des mollahs – l’envoyé a noté « la menace grave et alarmante faite à l’Iran d’utiliser la bombe atomique, une menace proférée par le Premier ministre du régime israélien ».
Dans son discours de vendredi, Netanyahu a longuement parlé de la menace représentée par le programme nucléaire de Téhéran et le soutien du régime de la république islamique au terrorisme, critiquant indirectement l’administration du président américain Joe Biden et les pays occidentaux plus largement sur cette question des ambitions nucléaires iraniennes.
« Il y a huit ans, les puissances occidentales avaient promis que si l’Iran violait l’accord sur le nucléaire, les sanctions seraient remises en place. Eh bien, l’Iran viole l’accord sur le nucléaire. Mais les sanctions n’ont pas été remises en place. Cette politique doit changer pour stopper les ambitions nucléaires de l’Iran », a déclaré le Premier ministre, opposant fervent à l’accord conclu en 2015 sur le programme nucléaire iranien.
« Les sanctions doivent être remises en place et par-dessus tout, l’Iran doit être confrontée à une menace nucléaire crédible », a-t-il continué. « Tant que je serai Premier ministre d’Israël, je ferais tout ce qui est en mon pouvoir pour empêcher l’Iran d’acquérir l’arme nucléaire . »
Le bureau de Netanyahu a émis un communiqué, peu après l’allocution, disant que le Premier ministre avait fait un lapsus et qu’il avait voulu parler « d’une menace militaire crédible » – une phrase qu’il a fréquemment utilisée, reflétant sa certitude souvent répétée que seuls une combinaison de sanctions et la menace d’une intervention militaire potentielle pouvaient dissuader l’Iran d’avancer dans son programme d’armement militaire voyou.
Le texte officiel du discours de Netanyahu, qui a été mis à disposition par le bureau du Premier ministre après sa prise de parole et qui figure sur le site internet de l’Assemblée générale des Nations unies, fait référence à « une menace militaire crédible ».
Ignorant cette clarification, Iravani a écrit que Netanyahu « a émis des menaces explicites concernant l’utilisation d’une arme nucléaire contre un État-membre indépendant des Nations unies. »
« En considérant que les armes nucléaires sont une menace pour l’existence de l’Humanité et de la planète, la gravité d’une menace telle que celle-ci est incomparable et elle entraînera un choc déterminant dans la communauté internationale – en particulier dans la mesure où cette menace a été émise depuis la tribune d’un forum digne de crédibilité », a-t-il affirmé dans sa missive.
« L’utilisation – ou la simple menace d’utiliser – la bombe atomique, indépendamment des circonstances, par qui que soit, indépendamment du lieu ou du moment choisi, c’est une violation claire du droit international », a continué l’ambassadeur iranien.
Il a écrit que la menace « devait plus grave et plus intense encore » lorsqu’elle émanait d’Israël – « un régime illégitime largement condamné pour ses agressions, pour ses politiques d’apartheid et pour son soutien au terrorisme qui, de surcroît, possède un véritable arsenal d’armes de destruction massive en plus d’armes conventionnelles avancées ».
Iravani a critiqué Israël – qui cultive l’ambiguïté dans sa politique nucléaire et qui n’a jamais admis ou nié posséder l’arme atomique – pour son refus de rejoindre les traités internationaux visant à freiner la prolifération nucléaire.
Il a réclamé « une réponse forte de la part de la communauté internationale » au discours de Netanyahu, affirmant le droit de l’Iran à bénéficier « d’une réponse décisive à toute menace ou action illégale causée par le régime israélien ». Il a par ailleurs demandé que son courrier soit publié au Conseil de sécurité, sous la forme d’un document.
En 2015, les États-Unis, le Royaume-Uni, la Russie, la France, la Chine, l’Allemagne et l’Union européenne avaient conclu l’accord sur le nucléaire, le JCPOA, avec l’Iran. En 2018, le président américain de l’époque, Donald Trump, s’était unilatéralement retiré du pacte et il avait réimposé des sanctions.
Téhéran, de son côté, avait renforcé ses activités dans son programme nucléaire. Les efforts livrés pour relancer l’accord sont restés infructueux jusqu’à aujourd’hui.
Les inquiétudes portant sur le programme nucléaire de la république islamique s’étaient accrues, au début du mois, après le refus de laisser entrer des inspecteurs expérimentés de l’Agence internationale de l’Énergie atomique (AIEA) dans des structures nucléaires du pays. Un refus qui avait été fustigé par le chef de l’agence, qui l’avait qualifié de « sans précédent ».
Le secrétaire d’État américain Antony Blinken a déclaré, vendredi, que le programme nucléaire iranien était « un élément déstabilisateur » et il a accusé Téhéran de « ne pas souhaiter se conduire comme un acteur responsable » après le refus de laisser entrer les inspecteurs de l’AIEA dans les usines nucléaires du pays.
Le ministère des Affaires étrangères a fait un lien entre cette initiative et ce qu’il a qualifié de « tentative » de la part des États-Unis et de trois pays européens d’utiliser l’instance « à leurs propres fins politiques ». Il semblait là faire référence à la Grande-Bretagne, à la France et à l’Allemagne qui avaient annoncé, jeudi, qu’ils maintiendraient les sanctions iraniennes relatives à ses programmes nucléaires et balistiques.
L’équipe du Times of Israel a contribué à cet article.