Tel Aviv : Grande manifestation contre les prix des logements et le coût de la vie
2 500 personnes ont envahi la place Habima samedi soir pour réclamer un changement ; les organisateurs travaillent encore sur une liste de revendications
Sharon Wrobel est journaliste spécialisée dans l'immobilier pour le Times of Israel.

Quelque 2 500 personnes ont investi la place Habima à Tel Aviv samedi soir pour protester contre le coût élevé de la vie en Israël et la flambée des prix du logement, selon la police. Le soutien à la campagne a dépassé les 22 000 personnes sur les réseaux sociaux et a attiré des gens de tout le pays.
Ces dernières semaines, Israël a assisté à un retour des camps de protestation dans des lieux centraux, notamment sur le boulevard Rothschild à Tel Aviv, en écho aux vastes manifestations pour la justice sociale d’il y a plus de dix ans, que l’on appelait alors la « révolte des tentes ». Depuis lors, le logement, le coût de la vie et les coûts relatifs de Tel Aviv par rapport aux autres villes du monde n’ont fait qu’augmenter.
La petite manifestation de samedi était bien loin des centaines de milliers de personnes qui ont afflué dans les rues à l’été 2011 pour exiger une action du gouvernement face à la hausse des prix. Au plus fort des manifestations, on estime que 400 000 personnes participaient à la manifestation hebdomadaire.
Les organisateurs de la manifestation de samedi ont déclaré qu’ils ne voulaient pas seulement faire du bruit – ils veulent des actions, et ils vont établir une liste de doléances claires avec l’aide d’experts financiers pour les présenter aux autorités gouvernementales. La principale plainte concerne la vitesse à laquelle les loyers augmentent – en moyenne de 10 % par rapport à l’année précédente, selon Yad2, le site Internet israélien le plus populaire d’annonces de location d’appartements, mais les personnes qui renouvellent leur bail se voient fréquemment demander de payer 30 à 40 % de plus pour les appartements – et sont contraintes de chercher un nouveau logement avec un préavis de quelques semaines si elles ne peuvent pas faire face à de si brutales augmentations.
Les organisateurs du nouveau mouvement soulignent qu’ils sont apolitiques et espèrent voir une législation qui apportera des changements significatifs au marché du logement pour tous.
L’accent mis sur les points communs était dominant dans les discours de samedi.
Gal Shor, l’un des organisateurs de la manifestation, a déclaré à la foule que de nombreux Israéliens sont devenus « des pigeons [suceurs]… de vrais pigeons ! ».

« Israël se classe au septième rang mondial des pays où les gens travaillent le plus d’heures par semaine. Je m’attendrais à ce qu’avec autant d’heures de travail, nous devenions millionnaires, mais ce n’est pas le cas, la plupart d’entre nous n’arrivent même pas à boucler le mois. Alors où va l’argent ? »
« Tout est cher ici et quand quelqu’un ose ouvrir la bouche et se plaindre, on lui rétorque de déménager dans la périphérie et d’arrêter de se plaindre. Mais nous savons tous que dans tout le pays les prix ont augmenté, pas seulement dans le centre. Alors partir ? A Berlin ? J’ai été élevé dans l’amour de ce pays… Nous n’avons pas d’autre pays et je veux construire ma vie ici. »
Shor a suggéré, de manière anecdotique, que les défis économiques en Israël sont si importants qu’un grand nombre de jeunes quittent le pays parce qu’ils ne voient pas d’avenir économique pour eux ou pour leurs enfants. Israël ne recueille pas de données spécifiques sur les résidents qui émigrent du pays, car si le Bureau central des statistiques tient un registre du nombre d’Israéliens qui quittent le pays au cours d’un mois donné, il ne répertorie pas les raisons de leur départ.
Shor, masseur thérapeute de profession, a appelé les gens à exercer leur droit de vote et à utiliser ce vote pour changer la situation. En général, environ 30 % des personnes ayant le droit de voter ne se rendent pas aux urnes.
« Au lieu d’écrire des commentaires enragés sur Internet, envoyez des messages aux membres de la Knesset, parlez à vos amis et faites en sorte que ce problème ne disparaisse pas des gros titres… Veillons à leur rappeler que nous ne nous tairons pas tant que les prix ne retomberont pas et que nous ne pourrons pas vivre ici dans la dignité », a-t-il déclaré.