Tel Aviv : Un rabbin interdit à un enfant autiste de prier dans sa synagogue
"Je ne peux pas laisser sa chance à un enfant qui n'est pas normal," a dit le rabbin. Une organisation des droits de l'homme indique que l'incident viole les lois anti-discrimination
Selon une information publiée jeudi, le rabbin d’une synagogue de Tel Aviv a interdit l’entrée à un père accompagné de son fils autiste.
L’an dernier, le père avait voulu prier à la synagogue Hafizov, dans le sud de la ville, avec son fils de 10 ans, autiste.
Le rabbin de la synagogue, Shlomo Tmaiv, avait interdit l’entrée au garçon, au motif qu’il faisait du bruit et dérangeait les autres fidèles.
« J’ai commencé à aller à cette synagogue avec mon fils il y a de cela un an. A chaque fois que j’y allais, avec mes enfants, j’expliquais au rabbin Shlomo Tmaiv qu’il était en éducation spécialisée », explique le père à la Douzième chaine. « Il m’a dit que le garçon n’était pas le bienvenu. »
« Je lui ai demandé pour quelle raison et il m’a répondu : ‘C’est un lieu privé : il ne peut pas entrer’ », se rappelle le père.
Le père a enregistré une de ses altercations avec le rabbin un jour où son fils s’était vu refuser l’entrée pour une leçon de Torah.
« Priez chez vous. Avec un enfant comme ça, on ne prie pas à la synagogue », dit le rabbin.
L’ONG Alut, dédiée au soutien des enfants autistes, a adressé un courrier à la synagogue, par l’intermédiaire d’un avocat, demandant que l’enfant soit autorisé à prier et assister aux cours sur la Torah. Cette lettre rappelait que l’interdiction imposée à l’enfant violait les lois contre la discrimination.
L’ONG a expliqué qu’en vertu de la loi, la synagogue était considérée comme un espace public et donc soumise aux lois garantissant les droits des personnes handicapées. Empêcher l’enfant de venir à la synagogue pourrait exposer cette dernière à des sanctions civiles, indique la lettre.
Le père dit avoir produit le témoignage d’autres rabbins attestant que son fils avait prié dans d’autres synagogues, sans succès auprès de ce dernier rabbin.
« Il m’a dit : ‘Il est impensable que ce garçon soit admis dans une quelconque synagogue.’ Je lui ai montré les attestations des autres rabbins, mais il a continué à refuser de le laisser entrer », confie le père.
Cette semaine, un membre de l’ONG Shavvim, qui soutient les personnes handicapées, a accompagné le père à la synagogue et enregistré ses échanges avec le rabbin.
« Il parle, il crie. Je ne suis pas tenu de le laisser entrer. Je ne suis pas infirmier », a dit le rabbin à propos du garçon.
« Vous ne lui laissez pas sa chance », a rétorqué le père.
« Je ne peux pas laisser sa chance à un enfant qui n’est pas normal », a ajouté le rabbin.
Le père a expliqué à la Douzième chaine avoir voulu ébruiter l’affaire, non pas pour « nuire au rabbin, mais pour appeler l’attention sur cette question ».
« Je veux qu’ils traitent mon fils normalement », a-t-il dit. « C’est un être humain, il devrait être ouvert à la discussion et à la façon de faire sa place à l’enfant. Cela ne pourrait qu’être profitable à ses élèves et aux membres de sa communauté. »
Une fois informé de la situation, le conseil religieux de Tel Aviv a assuré avoir immédiatement « pris contact avec le rabbin Tmaiv afin de trouver une solution ».
« Nous sommes convenus qu’il s’entretienne avec le père de l’enfant pour trouver un moyen de leur permettre de prier à la synagogue. Cette question est importante à nos yeux », a fait savoir le conseil.
« Nous sommes choqués qu’un rabbin agisse ainsi envers des personnes avec des besoins spéciaux. Ce n’est pas ça, le judaïsme », a déclaré le mouvement Massorti.