Toujours aucun progrès notable sur l’accord avec Ryad – responsable israélien
Un fonctionnaire israélien a déclaré à la Treizième chaîne que les États-Unis veulent conclure un accord d'ici mars prochain, mais que rien n'a encore été convenu
Après la publication d’un article mercredi selon lequel les responsables américains et saoudiens se seraient mis d’accord sur les termes généraux d’un éventuel accord de normalisation israélo-saoudien, un responsable israélien a déclaré qu’il n’y avait pas eu de progrès tangibles.
Dans le même temps, le fonctionnaire a déclaré à la Treizième chaîne : « Nous travaillons sans relâche pour faire avancer le processus. »
La position de cette source correspond à la réaction de la Maison Blanche à l’article du Wall Street Journal selon lequel un accord verrait les États-Unis donner d’importantes garanties de sécurité à l’Arabie Saoudite, Ryad prendre des mesures importantes pour se distancer de la Chine et Israël prendre des mesures importantes en vue de créer un État palestinien indépendant.
Des fonctionnaires américains ont déclaré au journal que les détails spécifiques seraient – on l’espère – négociés dans les neuf à douze mois à venir, sans pour autant suggérer qu’un accord serait également signé dans ce laps de temps.
Le fonctionnaire israélien a déclaré que l’administration Biden avait présenté à Jérusalem un calendrier visant à conclure un accord entre décembre 2023 et mars 2024, avant que l’élection présidentielle américaine ne passe à la vitesse supérieure.
En ce qui concerne les demandes d’Israël de faire des gestes significatifs envers les Palestiniens, la source israélienne a déclaré à la Treizième chaîne : « Nous ne sommes pas parvenus à des accords sur ce que l’on appelle les ‘concessions aux Palestiniens’. »
« Nous sommes tout à fait d’accord pour discuter des différentes questions, mais il n’y a pas encore d’accord. »
Le responsable a également évoqué la position d’Israël sur le désir saoudien déclaré d’avoir un projet nucléaire civil sur son sol. « Nous en discutons. Il existe des scénarii envisageables, mais nous ne les écartons absolument pas. »
Selon le Wall Street Journal, le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane – autrement appelé MBS – a déclaré à des collaborateurs qu’il n’était pas prêt à pleinement normaliser les liens avec Israël et qu’il n’était pas désireux de parvenir à un accord avec l’actuel gouvernement radical dirigé par le Premier ministre Benjamin Netanyahu.
Alors que les responsables américains ont souligné que leur approche d’un accord israélo-saoudien n’est pas celle du « tout ou rien », et qu’ils soutiennent également des mesures provisoires qui rapprochent les parties d’une normalisation complète, la position attribuée au prince héritier dans l’article semblait être la première fois qu’un responsable saoudien suggérait que de telles mesures intermédiaires pourraient être la limite jusqu’où Ryad est prêt à aller, mais qu’il n’est pas prêt pour un accord semblable à celui qu’Israël a signé avec les Émirats arabes unis et le Bahreïn en 2020.
Si les responsables américains ont reconnu en privé que les opposants à la souveraineté palestinienne – qui constituent une nette majorité au sein du gouvernement de Netanyahu – compliqueront les efforts visant à obtenir un accord de normalisation, étant donné qu’il faudra prendre des mesures importantes pour relancer la solution des deux États, l’article a également marqué la première fois que Ryad exprime son malaise face à l’idée de conclure un quelconque accord avec la coalition actuelle.
Dans le même temps, le journal a noté que MBS a envoyé des messages contradictoires et que les responsables américains sont convaincus que le dirigeant saoudien désire sérieusement parvenir à un accord.
La Maison Blanche a catégoriquement démenti l’information. « Il n’y a pas de négociations en cours, il n’y a pas de cadre convenu pour codifier la normalisation ou toute autre considération de sécurité que nos amis et nous-mêmes avons dans la région », a déclaré le porte-parole du Conseil de sécurité nationale, John Kirby, en réponse à une question sur le sujet lors d’un briefing téléphonique avec les journalistes.
« Les informations [dans les médias] ont donné à certains l’impression que les discussions étaient plus avancées et plus proches d’un certain accord qu’elles ne le sont en réalité », a-t-il ajouté.
Kirby a toutefois précisé que Biden avait effectivement demandé à ses principaux collaborateurs « d’examiner ce qui était possible en matière de normalisation entre Israël et l’Arabie saoudite » et que « l’administration s’était engagée à poursuivre les discussions et à continuer à essayer de faire avancer les choses ».
Les termes généraux présentés par le Wall Street Journal ont été rapportés au cours des derniers mois.
Le 27 juillet, le New York Times a également rapporté que le président américain Joe Biden n’avait pas encore décidé s’il approuverait ou non la manœuvre, mais qu’il avait chargé ses collaborateurs d’essayer de parvenir à un accord.
Dans le cadre d’un accord potentiel, Ryad cherche à obtenir un traité de sécurité mutuelle de type OTAN qui obligerait les États-Unis à se porter à son secours en cas d’attaque ; un programme nucléaire civil contrôlé et soutenu par les États-Unis ; et la possibilité d’acheter à Washington des armements plus avancés tels que le système de défense anti-missile balistique THAAD (Terminal High Altitude Area Defense), qui pourrait être utilisé pour lutter contre l’arsenal de missiles de plus en plus important de l’Iran, a écrit Thomas L. Friedman dans son article du New York Times, confirmant un précédent article du Times of Israel.
En échange, les États-Unis attendent de Ryad qu’il offre un programme d’aide d’une ampleur sans précédent aux institutions palestiniennes de Cisjordanie, qu’il réduise de manière significative ses accords avec des entreprises high-tech chinoises telles que Huawei, qu’il utilise des dollars américains au lieu de la monnaie chinoise pour fixer le prix des ventes de pétrole, qu’il rejette le projet de Pékin d’établir une base militaire sur le sol saoudien et qu’il contribue à mettre fin à la guerre civile au Yémen, selon l’éditorialiste, qui a obtenu plusieurs entretiens récents avec Biden et qui est considéré comme un proche du président.
Quant aux mesures spécifiques qu’Israël devra prendre à l’égard des Palestiniens, elles n’ont pas encore été définies. Un diplomate au fait du dossier a déclaré mardi au Times of Israel que Ryad n’était pas encore suffisamment au fait de la question pour formuler des demandes spécifiques.
Le diplomate a déclaré que la question n’était pas « urgente » pour MBS et qu’il avait peu de sympathie pour la direction actuelle de l’Autorité palestinienne (AP). Toutefois, le prince héritier reconnaît également qu’il ne peut pas conclure un accord avec Israël en négligeant les Palestiniens, compte tenu de l’opinion publique en Arabie saoudite et du fait que le royaume se considère comme le gardien des lieux saints musulmans, a ajouté le diplomate.
Pour sa part, Netanyahu a maintenu cette semaine que la question palestinienne n’était qu’une case « à cocher (…) pour dire qu’on l’a fait », indiquant qu’il ne s’attendait pas à ce que les exigences sur ce front soient particulièrement élevées.
Le conseiller à la sécurité nationale, Tzahi Hanegbi, a déclaré au Wall Street Journal qu’aucune condition n’avait encore été présentée à Israël.
« Pour l’instant, nous ne savons même pas par où commencer. Les États-Unis et l’Arabie saoudite sont encore en train de régler des questions fondamentales entre eux, de sorte qu’il est apparemment prématuré pour eux d’en discuter. »
Néanmoins, Hanegbi a déclaré qu’il était « pleinement convaincu » que « quelle que soit la décision des États-Unis » sur la question, elle répondrait aux préoccupations israéliennes.
Par ailleurs, d’autres responsables israéliens ont exprimé un malaise apparent face à la demande saoudienne d’un programme nucléaire civil.
Le ministre des Affaires étrangères, Eli Cohen, a publié un article d’opinion dans le Wall Street Journal de mardi, dans lequel il affirme que si les États-Unis acceptaient un pacte de défense avec Ryad dans le cadre d’un accord potentiel de normalisation entre l’Arabie saoudite et Israël, cela rassurerait l’Arabie saoudite et d’autres pays du Golfe sur le fait qu’ils sont protégés de l’agression iranienne, ce qui rendrait leurs ambitions nucléaires « inutiles ».