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Trump aurait autorisé d’attaquer l’Iran, avant de soudainement changer d’avis

Un responsable US affirme que l'armée américaine se préparait à frapper des radars et des batteries de missiles en réponse à la destruction du drone, puis que l'ordre a été annulé

Le président américain Donald Trump prend la parole lors d'une rencontre avec le Premier ministre canadien Justin Trudeau à la Maison-Blanche, à Washington, DC, le jeudi 20 juin 2019. (AP/Evan Vucci)
Le président américain Donald Trump prend la parole lors d'une rencontre avec le Premier ministre canadien Justin Trudeau à la Maison-Blanche, à Washington, DC, le jeudi 20 juin 2019. (AP/Evan Vucci)

L’armée américaine s’est préparée jeudi soir à des frappes limitées contre l’Iran en représailles à l’abattage d’un drone de surveillance américain, mais l’autorisation a rapidement été retirée avant le lancement des attaques, a déclaré un responsable américain.

Le responsable, qui n’était pas autorisé à discuter publiquement de l’opération et a pris la parole sous couvert de l’anonymat, a déclaré que les cibles auraient été des radars et des batteries de missiles.

Le New York Times a rapporté que le président Donald Trump avait approuvé les frappes, mais les avait ensuite annulées. Le journal a fait référence à des hauts représentants anonymes de l’administration.

Selon le rapport, le secrétaire d’État Mike Pompeo, le conseiller à la sécurité nationale John Bolton et la directrice de la CIA Gina Haspel ont tous soutenu l’action militaire.

Jeudi soir, la Maison-Blanche a refusé de répondre aux demandes d’information sur le changement d’avis de Trump.

Selon un responsable, les frappes ont été recommandées par le Pentagone et faisaient partie des options présentées aux hauts fonctionnaires de l’administration.

On ne sait pas exactement où en étaient les préparatifs, mais aucun coup de feu n’a été tiré ni aucun missile lancé.

Newsweek a rapporté qu’au moins une des cibles aurait été un système de missile de défense aérienne S-125 Neva/Pechora de fabrication russe, qui, selon les forces américaines, aurait été utilisé pour abattre le drone.

L’opération militaire a été interrompue vers 19h30, heure de Washington, après que Trump a passé la majeure partie de la journée de jeudi à discuter de la stratégie iranienne avec les principaux conseillers en matière de sécurité nationale et les dirigeants du Congrès.

Interrogé plus tôt dans la journée sur une réponse américaine à l’attaque, il a dit : « Vous le saurez bientôt. »

Trump a déclaré que « l’Iran a fait une très grosse erreur » en abattant le drone américain au-dessus du détroit d’Ormuz. Mais il a également laissé entendre qu’abattre le drone était une erreur stupide plutôt qu’une escalade délibérée des tensions qui ont fait naître la crainte d’un conflit militaire ouvert.

Jeudi soir, des sources de sécurité israéliennes ont dit à la Treizième chaîne qu’elles craignaient que l’absence d’une réponse américaine décisive ne pousse l’Iran à devenir plus agressif.

Les États-Unis ont insisté sur le fait que le drone se trouvait au-dessus des eaux internationales lorsqu’il a été abattu, tandis que l’Iran a affirmé qu’il s’était infiltré dans son espace aérien.

« J’ai du mal à croire que c’était intentionnel, si vous voulez savoir la vérité », a dit M. Trump à la Maison-Blanche. « Je pense que c’est peut-être quelqu’un de lâche et de stupide qui l’a fait. »

Trump, qui a déclaré vouloir éviter la guerre et négocier avec l’Iran au sujet de ses ambitions nucléaires, a qualifié l’attaque de « nouvel accroc… une nouvelle mouche dans le lait ». Mais il a aussi dit : « Notre pays ne le tolérera pas, je peux vous le dire. »

Il a précisé que le drone américain était désarmé et sans pilote et « clairement au-dessus des eaux internationales ». Cela aurait « fait une énorme différence » si quelqu’un avait été à l’intérieur, a-t-il dit.

Mais les craintes d’un conflit ouvert ont assombri une grande partie du discours à Washington. Alors que la journée avançait, M. Trump a convoqué à la Maison-Blanche ses principaux conseillers à la sécurité nationale et dirigeants du Congrès pour un exposé d’une heure dans la Salle de Crise. Parmi les participants figuraient le secrétaire d’État Mike Pompeo, le conseiller à la sécurité nationale John Bolton, la directrice de la CIA Gina Haspel, le général Joseph Dunford, président du Comité des chefs d’état-major interarmées, Patrick Shanahan, ministre de la Défense par intérim, et Mark Esper, secrétaire à l’Armée de terre, que Trump a déclaré vouloir désigner comme chef du Pentagone.

Au Capitole, les dirigeants ont exhorté à la prudence pour éviter l’escalade, et certains législateurs ont insisté sur le fait que la Maison-Blanche devait consulter le Congrès avant de prendre des mesures.

Dans cette photo prise le 6 juin 2019, le conseiller américain à la sécurité nationale John Bolton assiste à une cérémonie franco-américaine au cimetière et mémorial américain de Colleville-sur-Mer, en Normandie, dans le nord-ouest de la France. (Photo par Ian LANGSDON et Alex WONG / POOL / AFP)

Pompeo et Bolton ont préconisé des politiques dures à l’encontre de l’Iran, mais le représentant Adam Schiff, président de la commission du renseignement de la Chambre des représentants, a déclaré que « le président était certainement à l’écoute » lorsque les dirigeants du Congrès lui ont demandé d’être prudent et de ne pas aggraver la situation, déjà tendue, lors de cette réunion.

La présidente de la Chambre, Nancy Pelosi, a déclaré qu’aucune option spécifique pour une réponse américaine n’avait été présentée lors de cette réunion de plus d’une heure. Le sénateur Chuck Schumer de New York a déclaré avoir dit à Trump que les conflits risquaient de dégénérer et que « nous craignons que lui et l’administration ne plongent dans une guerre ».

Le leader de la majorité au Sénat, Mitch McConnell, a dit : « L’administration est en train de réagir de façon mesurée. » Et jeudi soir, les républicains des commissions des Affaires étrangères, du renseignement et des forces armées ont publié un communiqué utilisant le même mot, affirmant : « Il doit y avoir une réponse mesurée à ces actions. »

De son côté, la Federal Aviation Administration américaine a mis en garde jeudi contre le danger pour les avions « démontré par le tir de missiles sol-air iraniens contre un avion sans pilote américain » et a interdit aux avions civils américains de se rendre dans la zone où se sont déroulés les événements « jusqu’à nouvel ordre ».

En ce 13 février 2018, photo publiée par l’US Air Force, un RQ-4 Global Hawk est vu sur le tarmac de la base aérienne d’Al-Dhafra près d’Abu Dhabi, aux Emirats arabes unis. (Airman 1st Class D. Blake Browning/US Air Force via AP)

Ces restrictions sont dues à « l’intensification des activités militaires et à l’augmentation des tensions politiques dans la région, qui présentent un risque involontaire pour les opérations de l’aviation civile américaine et un risque d’erreur de calcul ou d’identification », selon la FAA.

En abattant l’énorme avion sans pilote, que l’Iran a présenté comme une défense délibérée de son territoire plutôt que comme une erreur, l’Iran a rappelé avec force le risque de conflit militaire entre les forces américaines et iraniennes alors que l’administration Trump combine une campagne de « pression maximale » de sanctions économiques avec un renforcement des forces américaines dans la région.

Pelosi a dit plus tôt qu’elle ne pensait pas que Trump voulait la guerre avec l’Iran et que le peuple américain n’avait « aucun appétit » pour cela non plus.

Les Etats-Unis doivent être « forts et stratégiques » dans la protection de leurs intérêts, mais « ils ne peuvent pas être imprudents », a-t-elle dit.

Parlant plus durement, le sénateur républicain Lindsey Graham, de Caroline du Sud, a qualifié l’Iran de « régime meurtrier » et a dit : « S’ils veulent la guerre, ils vont l’avoir ».

Des manifestants brandissent des pancartes « Pas de guerre » devant la Maison-Blanche, le jeudi 20 juin 2019, à Washington, après que le président Donald Trump a tweeté que « l’Iran avait fait une très grosse erreur » en abattant un drone américain de surveillance au-dessus du détroit d’Ormuz en Iran. (AP/Jacquelyn Martin)

L’administration Trump exerce une pression économique croissante sur l’Iran depuis plus d’un an. Elle a rétabli les sanctions punitives à la suite de la décision de Trump de retirer les États-Unis d’un accord international visant à limiter le programme nucléaire de l’Iran en échange d’un allégement des sanctions antérieures.

Les autres puissances mondiales qui restent signataires de l’accord nucléaire ont organisé une réunion pour discuter du retrait américain et des plans annoncés par l’Iran d’augmenter ses stocks d’uranium pour le 28 juin, une date suffisamment éloignée dans le futur pour peut-être laisser les tensions se calmer.

Citant des menaces iraniennes, les Etats-Unis ont récemment envoyé un porte-avions dans la région du Golfe Persique et déployé des effectifs supplémentaires aux côtés des dizaines de milliers de soldats déjà présents. Tout cela a fait craindre qu’une erreur de calcul ou une nouvelle montée des tensions ne pousse les Etats-Unis et l’Iran dans un conflit ouvert 40 ans après la révolution islamique de Téhéran.

Le vice-ministre des Affaires étrangères iranien Abbas Araghchi, également négociateur de l’accord sur le nucléaire iranien, durant une conférence de presse à Téhéran, le 15 janiver 2017. (Crédit : AP /Vahid Salemi)

L’Iran a déclaré vendredi qu’il disposait de preuves « indiscutables » que le drone avait violé son espace aérien.

Le lieutenant-général Joseph Guastella, commandant des forces aériennes du U.S. Central Command dans la région, a contesté cette affirmation, déclarant aux journalistes que l’avion se trouvait à 34 kilomètres du territoire iranien le plus proche et volait à haute altitude lorsqu’il a été frappé par un missile sol-air.

Le vice-ministre iranien des Affaires étrangères Abbas Araghchi a déclaré à l’ambassadeur suisse Markus Leitner, dont le pays représente les intérêts américains en Iran, que « même certaines parties de l’épave du drone ont été récupérées dans les eaux territoriales de l’Iran ».

M. Araghchi a exhorté les forces américaines à « respecter les frontières aériennes et maritimes de l’Iran et à se conformer pleinement aux réglementations internationales », a déclaré le ministère.

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