Tsahal enquête sur la fuite de dossiers du Hamas publiés par Bild et Jewish Chronicle
L'armée réfute l'information indiquant que le document aurait été écrit par Sinwar ; les documents cités par le Jewish Chronicle sur un plan d'évasion présumé de Sinwar sont inconnus de Tsahal
L’armée israélienne a déclaré dimanche qu’elle avait lancé une enquête interne après que des documents récupérés dans la bande de Gaza ont été récemment divulgués à la presse étrangère dans une tentative évidente d’influencer l’opinion publique sur les pourparlers concernant les otages.
Au cours du week-end, un article du journal allemand Bild a affirmé qu’un document du Hamas trouvé sur l’ordinateur de son chef Yahya Sinwar montrait les tactiques du groupe terroriste palestinien pour faire pression sur Israël et bloquer les négociations sur l’accord de « trêve contre libération d’otages ».
Le contenu présumé du document, qui affirme que le Hamas cherche à semer la division dans l’opinion publique israélienne et que le groupe terroriste ne cherche pas à conclure un accord rapidement, est presque identique aux points soulevés par le Premier ministre Benjamin Netanyahu lors de récentes interviews et conférences de presse.
Tsahal a déclaré que le document cité par Bild a été trouvé à Gaza il y a environ cinq mois, et qu’il n’a pas été écrit par Sinwar, mais qu’il s’agit d’un document de recommandation rédigé par un officier de niveau intermédiaire du Hamas.
« Les informations contenues dans le document viennent s’ajouter à d’autres documents identiques dont nous disposions par le passé ; elles ne constituent pas de nouvelles informations », a indiqué l’armée.
Tsahal a affirmé que cette fuite « constitue une infraction grave et fera l’objet d’une enquête ».
Par ailleurs, des documents supposés découverts à Gaza, cités cette fois par le journal britannique The Jewish Chronicle, affirmaient que Sinwar prévoyait de sortir clandestinement de Gaza, avec d’autres dirigeants du groupe terroriste, ainsi que certains des derniers otages israéliens enlevés le 7 octobre, via le couloir stratégique dit de « Philadelphi » et, de là, vers l’Iran.
Cette affirmation est également similaire aux récents points de discussion de Netanyahu concernant l’accord « trêve contre otages » et l’insistance du Premier ministre sur le maintien de Tsahal le long du corridor Philadelphi.
Dans le cas de l’article du Jewish Chronicle, l’armée a déclaré ne pas être au courant de l’existence d’un tel document.
L’article du Jewish Chronicle a été repris par certains médias israéliens de droite et partagé sur les réseaux sociaux par le fils de Netanyahu, le trublion Yaïr.
S’exprimant lors de la réunion hebdomadaire du cabinet dimanche, le Premier ministre a longuement fait référence à l’article de Bild.
Le document rapporté montre que le Hamas veut « nous déchirer de l’intérieur et poursuivre la guerre jusqu’à nouvel ordre », a déclaré Netanyahu. « La grande majorité des citoyens israéliens ne tombent pas dans ce piège. »
Ces dernières semaines, Netanyahu a insisté sur le fait qu’Israël devait conserver le contrôle du corridor Philadelphi dans un proche avenir, même pendant la première phase potentielle de 42 jours de l’accord de « trêve contre libération d’otages », au cours de laquelle une trentaine d’otages vivants pourraient être libérés. Il a déclaré que le contrôle de cette mince bande de terre à la frontière entre Gaza et l’Égypte, était crucial pour l’avenir d’Israël, car le Hamas risquerait sinon de reprendre la contrebande d’armes à travers la frontière et de reconstituer des forces en vue de nouveaux massacres « 7 octobre ».
Le ministre de la Défense, Yoav Gallant, et tous les chefs de l’establishment de la sécurité israélienne auraient déclaré que d’autres solutions pouvaient être trouvées pour contrôler la frontière et que Tsahal pourrait rapidement revenir après la première phase de l’accord, ou à tout autre moment. Ils ont exprimé la crainte que Netanyahu, en soulevant la question de Philadelphi, ne sabote un accord potentiel afin de satisfaire ses partenaires d’extrême-droite de coalition et de conserver le pouvoir.
On estime que 97 des 251 otages enlevés par le Hamas le 7 octobre se trouvent toujours à Gaza, y compris les corps de 33 otages dont le décès a été confirmé par l’armée israélienne.
Le Hamas avait relâché 105 civils au cours d’une trêve d’une semaine fin novembre. Quatre captives avaient été remises en liberté précédemment. Huit otages vivants ont été secourus par les soldats et les dépouilles de 37 otages ont été récupérées, notamment celles de trois Israéliens qui ont été tués accidentellement par l’armée.
Le Hamas détient également deux civils israéliens entrés dans la bande de Gaza en 2014 et 2015, ainsi que les corps de deux soldats tués en 2014.