Tsahal veut un an pour vaincre le Hamas ; Macron voudrait que tout s’arrête maintenant
Ceux qui, à l'étranger, se soucient de nous ne cessent de me poser deux questions : comment se passe la guerre et Israël va-t-il s'en remettre ? Ce qui revient au même
David est le fondateur et le rédacteur en chef du Times of Israel. Il était auparavant rédacteur en chef du Jerusalem Post et du Jerusalem Report. Il est l’auteur de « Un peu trop près de Dieu : les frissons et la panique d’une vie en Israël » (2000) et « Nature morte avec les poseurs de bombes : Israël à l’ère du terrorisme » (2004).
Rétrospectivement, touts les signes étaient là depuis le début.
Le président français Emmanuel Macron s’est rendu en Israël le 24 octobre dernier et a promis sa « totale solidarité » suite au massacre de 1 200 personnes par le Hamas, dans le sud d’Israël, le 7 octobre. Il a même proposé la création d’une sorte de coalition internationale pour « lutter contre le Hamas ».
Ce jour-là, il a également dit au président Isaac Herzog : « Vous pouvez sans problème vous battre… mais à condition de ne pas en faire un conflit de grande ampleur. Il est essentiel que cela soit une opération ciblée. »
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Trois jours plus tard, la France appuyait une résolution non contraignante de l’Assemblée générale des Nations unies, adoptée à une large majorité, appelant à un cessez-le-feu immédiat à Gaza, – une résolution qui ne mentionnait même pas le Hamas. Les États-Unis sont l’un des 14 pays à avoir voté contre : la plupart des pays qu’Israël considère comme ses alliés se sont eux aussi opposés ou se sont abstenus.
Et puis, vendredi, Macron déclare à la BBC qu’Israël doit cesser de bombarder « ces bébés, ces femmes, ces personnes âgées » à Gaza, et exige un cessez-le-feu.
Comme l’a fait remarquer samedi le général à la retraite Giora Eiland, cela « commence toujours par la France, avant de gagner l’Allemagne, puis la Grande-Bretagne et enfin les États-Unis ».
Eiland n’a pas clairement dit ce qu’il entendait par « ça ». Les appels au cessez-le-feu lors de conflits militaires ? L’abandon d’Israël ? La perfidie internationale généralisée ?
Mais de toute évidence, le résumé spectaculairement problématique de Macron sur la nature du combat que mène Israël contre le Hamas est le coup le plus dur porté à ce jour aux offres de soutien des chefs d’Etat et de gouvernement à la lutte d’Israël à Gaza jusqu’à ce que le Hamas ne soit plus en mesure de massacrer ou terroriser ses ressortissants.
Jusqu’à présent, l’Allemagne continue d’apporter son soutien, tout comme le gouvernement conservateur du Royaume-Uni, d’autant plus – soupçonne-t-on -, qu’il voit l’extrême gauche britannique défiler aux côtés d’extrémistes anti-israéliens, certains d’entre eux portant des bandeaux du Hamas, lors de manifestations hebdomadaires de grande ampleur dans le centre de Londres.
Tout en invitant Israël à permettre l’acheminement de plus grandes quantités d’aide humanitaire aux civils de Gaza, le président américain Joe Biden rejette catégoriquement l’idée d’un cessez-le-feu comme celle d’une fin à long-terme des combats.
Si la critique de Macron – avec son mépris hallucinant pour la nature d’un conflit mené contre une armée terroriste intégrée au sein de la population civile qu’elle gouverne – s’avérait faire boule de neige, le Premier ministre Benjamin Netanyahu a dit qu’il défierait la terre entière, si nécessaire, jusqu’à la victoire.
Mais l’horloge internationale tourne, et Israël aura besoin de bien plus que des bravades et des fanfaronnades de ses dirigeants pour s’assurer que les objectifs vitaux de cette guerre soient atteints.
L’armée israélienne estime avoir fait un grand pas vers l’élimination de la menace militaire du Hamas. Ce qui n’a pas empêché des officiers supérieurs de déclarer ce week-end qu’ils pensaient devoir se battre durant un an encore. Pendant ce temps, d’autres fronts se réchauffent, comme celui de la frontière nord, mais pas seulement.
Samedi soir, Netanyahu s’est réjoui de la poursuite des contacts avec les chefs d’Etat et de gouvernement du monde entier, garants de la marge de manœuvre dont Israël a besoin pour poursuivre ses offensives terrestres, mais dans le même souffle, il a dû reconnaître que Macron, pour ne parler que de lui, n’était plus à ses côtés.
Plus vite l’armée israélienne s’attaque au Hamas, plus les risques pour les non-combattants de Gaza et l’armée israélienne sont élevés.
S’il fallait une preuve du danger, quatre réservistes très expérimentés ont été tués vendredi dans l’explosion d’un puits de tunnel piégé, à côté d’une mosquée, à Beit Hanoun, zone que l’armée israélienne considérait pourtant comme relativement sûre.
La suggestion de tactique diplomatique évoquée par Eiland, samedi, consisterait pour les dirigeants israéliens à dire « Oui à un cessez-le-feu, dès que tous les otages seront rendus » plutôt que de maintenir la ligne négative du « Non au cessez-le-feu », ce qui aurait pour effet de faire peser la responsabilité de la poursuite du conflit là où elle doit être, à savoir sur le Hamas.
Netanyahu pourrait également envisager de ne pas prendre de positions publiques qui contredisent l’administration Biden lorsque ce n’est pas absolument nécessaire et lorsqu’un langage plus nuancé peut être utilisé. Certes, le refus de l’Autorité palestinienne et de son président de condamner les massacres du Hamas, tout comme les versements de l’Autorité palestinienne aux terroristes et à leurs familles, ne sont que deux des facteurs qui en font un possible futur pouvoir ô combien problématique pour Gaza. On pourrait ajouter à cela la facilité avec laquelle le Hamas a écarté la principale faction du Fatah de l’AP lorsqu’il a pris le contrôle de la bande de Gaza en 2007.
Mais le rejet public du projet d’avenir pour Gaza, dessiné quelques jours plus tôt par le Secrétaire d’État américain Antony Blinken, – et notamment « la gouvernance palestinienne, Gaza unifiée avec la Cisjordanie sous l’autorité de l’Autorité palestinienne » – semble répondre à des considérations de politique intérieure on ne peut plus contre-productives vis-à-vis des objectifs de guerre – eux essentiels et immédiats -, au moment où Israël approfondit son offensive terrestre à Gaza et dépend peut-être plus que jamais du soutien américain.
Les nombreuses informations données par les soldats déployés dans Gaza – et ceux sur le point d’y pénétrer – vont toutes dans le sens de s’en tenir aux objectifs et de terminer le travail, ce qui revient à ne pas quitter Gaza tant que le Hamas n’est pas vaincu et que les otages ne sont pas rentrés chez eux. L’armée israélienne doit en effet faire en sorte que le Hamas ne puisse pas recommencer ses atrocités du 7 octobre dernier, mais aussi dissuader nos autres ennemis, que la situation a enhardis et enfin permettre aux Israéliens du sud, comme du nord de plus en plus meurtri par le Hezbollah, et partout ailleurs, de s’endormir à nouveau sans la crainte de se réveiller en présence de sauvages meurtriers venus les massacrer.
Ce rétablissement militaire commencé le 7 octobre nécessitera beaucoup de temps et de sagesse. Israël devra faire en sorte de maintenir tous les soutiens internationaux possibles, mais même cela pourrait ne pas suffire.
Ceux qui, à l’étranger, se soucient de notre sort ne cessent de me poser deux questions : comment se passe la guerre et Israël va-t-il s’en remettre ? Cela revient à poser la même question. Israël ne peut pas et ne veut pas s’en remettre, et encore moins tenter de guérir ces divisions plus profondes que le 7 octobre a à peine mises de côté, tant que son peuple ne sera pas à nouveau en sécurité, dans sa maison et dans son pays.
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