Un éminent rabbin exhorte les partis haredim à fuir les institutions sionistes
Une déclaration qui pourrait avoir des répercussions sur la participation des ultra-orthodoxes aux élections du Congrès sioniste mondial, qui se tiendront le mois prochain

Un rabbin ultra-orthodoxe d’origine lituanienne a appelé les partis politiques haredim à s’abstenir d’avoir une représentation au sein des institutions sionistes, comme l’Agence juive et le Keren Kayemeth LeIsrael- Fonds national Juif.
La lettre qui a été écrite par le rabbin Dov Landau – et qui a été publiée mardi dans Yated Neeman, un journal affilié à la faction non hassidique Degel Hatorah au sein de Yahadout HaTorah – est considérée comme une initiative stratégique dans le cadre de sa campagne actuelle visant à faire exempter les hommes ultra-orthodoxes du service militaire au sein de Tsahal.
« Le sionisme est un mouvement qui a pour objectif de placer le peuple d’Israël sur une fondation purement laïque, ce qui est une hérésie et ce qui est un acte de rébellion contre la règle divine », a écrit Landau. « Toutes les institutions nationales sont bâties sur cette fondation et il n’est pas autorisé de prendre part à ces institutions, d’occuper une fonction en leur sein ou de voter aux élections des institutions nationales et ce, de quelque manière que ce soit. »
« Cela constituerait une hérésie et une profanation du nom de Dieu. Et le fait que nous participions aux élections de la Knesset, conformément aux instructions données par nos rabbins, n’a rien à voir avec ce qui précède », a-t-il ajouté dans sa missive.
Une déclaration qui pourrait avoir des conséquences concernant les élections organisées au sein du Congrès sioniste mondial, qui se tiendront en ligne pour les Juifs américains entre le 10 mars et le 4 mai. Le vote permettra de déterminer la répartition d’un budget annuel de plus d’un milliard de dollars entre les différentes institutions juives, au cours des cinq prochaines années – et le scrutin aura une influence certaine sur les organisations sionistes.
Les partis ultra-orthodoxes ont traditionnellement évité de participer au Congrès, qui avait été créé par Theodor Herzl à Bâle en 1897 qui cherchait à obtenir des soutiens pour l’établissement d’un État juif.

Toutefois, lors des élections précédentes, en 2020, un parti associé à la formation Yahadout HaTorah, Eretz HaKodesh, avait fait son entrée pour la première fois aux États-Unis, remportant 25 sièges, une prouesse.
Les partis ultra-orthodoxes n’utilisent pas leur part des 200 sièges israéliens au Congrès, qui sont par ailleurs automatiquement divisés en fonction de l’importance des partis politiques qui sont représentés à la Knesset.
Eretz HaKodesh se prépare à se présenter à nouveau aux élections de cette année. Il est difficile de dire l’influence que les propos de Landau aura sur cette candidature.
Suite à la publication de la lettre, le docteur Yizhar Hess, qui est vice-président de l’Organisation sioniste mondiale et qui représente Mercaz, la liste du mouvement mondial massorti, a fait savoir qu’il avait développé d’excellentes relations avec les membres de Degel HaTorah/Eretz HaKodesh pendant la dernière législature et qu’il serait triste si le rival de son parti était dans l’obligation de se retirer du vote.
« Le fait que les juifs haredim, que les Juifs réformés et conservateurs aient pu surmonter leurs différences et signer un accord de coalition commun – que nous ayons appris à nous connaître, à nous quereller et à trouver un accord sur un grand nombre de sujets – m’a rempli d’optimisme », a écrit Hess.

« Lorsque vous travaillez dans les mêmes bureaux et pour atteindre des objectifs communs, vous vous rapprochez », a poursuivi Hess. « Je me suis souvent demandé si Shmuel Litov (Degel Hatorah/Eretz Hakodesh) et Ronit Boitner (les Femmes du mur/mouvement réformé) auraient eu l’occasion de se rencontrer – et de devenir amis – s’ils ne s’étaient pas assis autour de la même table à l’occasion de dizaines, voire de centaines de réunions, et s’ils n’avaient pas participé à des projets communs ».