Un enfant Afghan sauvé par une chirurgie en Israël – grâce aux réseaux sociaux
Grâce à la participation improbable d’un réseau social, la famille de Yacub, 2 ans, a été mise en contact avec une association humanitaire israélienne avec l’aide d’un professeur d’anglais de Jalalabad et de ses connexions sur Facebook

Dès sa naissance, Yacub a vécu aux portes de la mort. Son père, un cultivateur de blé et de riz de la province de Baghlan dans le nord de l’Afghanistan, qui était dans l’incapacité de payer la chirurgie qui aurait été nécessaire, a placé la destinée de son fils entre les mains de Dieu. Il n’aurait jamais imaginé que, à travers un parcours miraculeux pavé par quelques amis sur Facebook, la vie de son enfant serait finalement sauvée par l’expertise d’un chirurgien israélien.
Pendant les trois premiers mois de son existence, aucun médecin n’était parvenu à définir le problème. Yacub parvenait difficilement à se nourrir, ne grandissait pas et pleurait en permanence.
Son père a finalement trouvé une clinique allemande à Kaboul où les docteurs ont estimé que le bébé devrait subir une chirurgie cardiaque en Inde : Yacub souffrait d’une Tétralofie de Fallot, une maladie du cœur congénitale qui empêche le sang d’accéder aux poumons et de s’oxyder.
Mais le père n’avait pas d’argent pour financer le voyage en Inde ou l’intervention chirurgicale.
Lorsque le petit afghan, âgé aujourd’hui de deux ans, est arrivé à l’aéroport Ben-Gourion en Israël le 14 février, sa peau était d’un bleu pâle. Il était « à moitié mort », selon le docteur Hagi Dekel, le chirurgien cardiaque israélien qui l’a opéré quelques heures plus tard au Centre médical Wolfson à Holon.

La chirurgie de Yacub et les billets d’avion pour lui et son père ont été financés par l’association humanitaire israélienne Save a Child’s Heart (SACH), qui offre des interventions chirurgicales gratuites pour les enfants venus de pays en développement.
L’organisation SACH a également fait le travail de terrain pour que Yacub et son père puissent obtenir des visas pour venir en Israël et dépasser le fait qu’Israël et l’Afghanistan n’entretiennent pas de relations diplomatiques.
L’année dernière, le directeur général de SACH, Simon Fisher, a obtenu des visas israéliens pour deux familles afghanes.
Lorsqu’il est venu en Israël, Yacub a suivi le même chemin que celui qu’avait emprunté, au mois de juillet dernier, Yehia, un bébé afghan dont les parents vivent à Peshawar, au Pakistan.
Yehia a été le premier bébé afghan à être soigné par le biais de SACH, rejoignant la liste des enfants originaires de plus de 50 autres pays dont la vie a été sauvée par l’association.
La jeune soeur de Yehia devait être la deuxième petite afghane à venir en Israël par l’intermédiaire de SACH. Mais elle est morte avant que les documents administratifs nécessaires n’aient pu être traités par les services concernés.
C’est Farhad Zaheer, un enseignant d’anglais qui vit dans la ville de Jalalabad, à l’est de l’Afghanistan, qui a assuré la liaison entre les parents de Yacub et de Yehia et l’association SACH.
« C’est lui le faiseur de pluie dans ce contexte. Un Afghan qui n’a peur de rien et qui a la certitude de faire bien les choses lorsqu’il s’agit de sauver la vie d’un enfant », dit Fisher de Zaheer.
Selon Fisher, Zaheer — un militant des droits de l’enfant connu dans sa ville natale et président de son Rotary Club — a travaillé directement avec les autorités afghanes pour garantir l’obtention de visas de voyage pour Yacub et Yehia.
Le Pashtun Times, au début du mois, a publié un article sous forme d’hommage appuyé à Zaheer, le qualifiant d' »afghan héroïque » pour son rôle assumé dans l’organisation du voyage de Yacub et Yehia en Israël.
Lorsque les parents de Yehia ont appelé à l’aide, l’année dernière, Zaheer, qui est leur parent, il est immédiatement entré en contact avec son amie Facebook Anna Mussman, 69 ans, une fille de survivants de l’Holocauste qui vit en Israël.
Mussman, qui avait été la professeure d’anglais de Simon Fisher au lycée, est entrée en relation avec le directeur de SACH.
Le père de Yacub, qui a demandé de conserver l’anonymat dans cet article parce qu’il craint pour sa sécurité, a été pour sa part mis en contact avec Zaheer il y a seulement deux mois par le biais d’un ami de la famille qui avait entendu parler de l’histoire concluante de l’enseignant avec Yehia.
A l’arrivée de Yacub en Israël, le petit garçon a été précipitamment emmené depuis l’aéroport jusqu’à l’hôpital. Le docteur Dekel a indiqué que la première fois qu’il a vu l’enfant, il a été « surpris qu’il ait pu arriver jusque-là… Il était en train de mourir quotidiennement ces deux dernières années ».
Après une opération réussie, le docteur Dekel a expliqué que Yacub « vivra comme n’importe quel petit garçon normal ».
Zaheer n’a pas simplement servi à organiser le voyage de Yacub en Israël. Il a également utilisé ses connexions Facebook pour trouver un traducteur de langue ourdou pour aider à dépasser la barrière de la langue.
Bien avant que Zaheer ait entendu parler de l’organisation SACH, il correspondait déjà grâce à Facebook avec Michael Davidson, un Israélien de 70 ans venu depuis l’Inde au sein de l’état juif en 1978 et qui parle l’Ourdou.
Il a donc demandé à Davidson d’apporter son aide lors du séjour.

« Lorsque je me suis réveillé hier matin, mon Facebook m’a indiqué que cela fait très exactement deux ans que Zaheer et moi-même sommes devenus amis », a déclaré Michael Davidson au Times of Israel dans le vestibule du service pédiatrique du centre Wolfson jeudi.
https://www.facebook.com/permalink.php?story_fbid=1831400897102000&id=100006963227435
Un second traducteur est également venu en renfort pour aider les deux familles afghanes.
Fisher, après avoir contacté un vieil ami de l’armée qui, selon ses souvenirs, était d’origine afghane, a été mis en contact avec Jacob Gul, 56 ans, ancien vendeur de tapis, qui a quitté Kaboul 32 ans auparavant et qui vit maintenant à Holon.
Gul, qui parle le Dari — une forme afghane du perse – a accueilli Yacub et son père à l’aéroport Ben Gourion et est resté à leurs côtés pendant presque tout le séjour.
Le père de Yacub a expliqué qu’il ne savait pas véritablement ce qu’était Israël avant d’arriver au sein de l’état juif et que l’endroit où il amenait son fils ne comptait pas vraiment tant que ce dernier pouvait recevoir les soins appropriés.
« Je serais allé en enfer et j’en serais revenu pour le sauver », a-t-il dit.
Il a expliqué qu’ils était plus inquiet des conséquences de ce voyage pénible sur son enfant que sur sa destination.
« Quand je suis arrivé [au centre Wolfson] et que j’ai vu comment chaque enfant pouvait bénéficier des soins de deux infirmières, j’ai décidé de ne plus m’inquiéter », a ajouté le père de Yacub.

Yacub a partagé sa chambre avec deux enfants palestiniens, un petit Kenyan et un petit éthiopien israélien. Le père de Yacub a expliqué avoir été surpris par la diversité des enfants du secteur de soins pédiatriques du centre.
Les enfants non-israéliens, aux côtés de Yacub, étaient également là grâce à l’association SACH.
L’organisation, dont le budget annuel de 3,5 millions de dollars est couvert en grande partie par des donateurs privés juifs, a sauvé la vie de plus de 4 000 autres enfants.
La moitié des petits malades sont originaires de Gaza et de Cisjordanie, et l’autre est constituée d’enfants venant, entre autres, de Tanzanie, de Chine, d’Irak, de Syrie et d’Ethiopie.
Selon Fisher, Zaheer a déjà repéré deux autres enfants afghans qu’il espère pouvoir faire venir en Israël. Une famille judéo-afghane vivant aux Etats Unis s’est par ailleurs dite prête à donner des fonds pour l’une des opérations.
Comment s’est senti le père de Yacub lorsque le docteur Dekel lui a annoncé que son fils survivrait ?
« J’ai été tellement heureux que mon coeur s’est arrêté de battre », a-t-il répondu avec un large sourire.
Son fils apprendra-t-il l’histoire de sa chirurgie cardiaque ? Son père répond : « Je vais lui dire combien j’ai eu de chagrin à cause de lui, ainsi il devra travailler dur et devenir lui-même un médecin ».
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