Un ex-otage avertit que les terroristes du Hamas continuent à creuser des tunnels à Gaza
Tal Shoham s'est souvenu avoir refusé de se mettre à genoux devant ses geôliers, racontant qu'il a souffert d'une grave malnutrition avec un apport journalier de seulement 300 calories

L’ex-otage Tal Shoham a averti dans une interview diffusée samedi que le groupe terroriste du Hamas continuait sans relâche à développer son vaste réseau de tunnels dans la bande de Gaza et ce, malgré les longs mois de guerre au sein de l’enclave côtière.
Shoham a été relâché le 22 février. Il avait été kidnappé au kibboutz Beeri le 7 octobre 2023, alors qu’il rendait visite aux parents de son épouse.
Cette dernière, Adi, avait également été prise en otage, ainsi que leurs deux enfants – Yahel, alors âgée de 3 ans, et Naveh, âgé de 8 ans. Tous les trois avaient été relâchés pendant la trêve d’une semaine qui avait eu lieu à la fin du mois de novembre 2023.
Il s’est confié sur ses 505 jours de captivité entre les mains du Hamas au cours d’une interview diffusée samedi soir sur Fox News – évoquant son enlèvement puis ses longues journées de détention dans la bande.
Il a déclaré à la chaîne américaine qu’il avait initialement ignoré le sort qui avait été réservé à son épouse et à ses enfants. Il avait été kidnappé de son côté après être sorti pour se rendre, espérant ainsi que la vie de ses proches serait épargnée, à l’instar de Yarden Bibas.
Revenant sur ce moment-là, Tal Shoham s’est rappelé que lorsqu’il était sorti de l’habitation familiale, il avait été accueilli « par environ 40 terroristes armés ». Certains le filmaient, d’autres riaient.

Il s’est souvenu qu’il avait été emmené à Gaza et qu’il avait été sorti du coffre de la voiture dans laquelle il avait été transporté. Ses ravisseurs lui avaient alors demandé de se mettre à genoux. Il avait refusé.
« Je leur ai dit : ‘Je n’ai aucun contrôle sur le fait que vous vouliez ou non me tuer.’ J’ai levé les mains mais j’ai refusé de me mettre à genoux », a-t-il déclaré devant les caméras de Fox, ajoutant qu’il avait dit à ses ravisseurs : « Si vous voulez me tuer, tuez-moi, mais je ne vous offrirai pas une exécution du type État islamique ».
Shoham a raconté qu’il avait été exhibé dans les rues de Gaza sous les huées de la foule haineuse.
« J’ai simplement salué et j’ai souri », a-t-il continué. « Je n’ai pas montré que j’avais peur ».
Pris en otage avant le reste de sa famille, Shoham a déclaré avoir passé les cinquante premiers jours de sa captivité sans savoir si son épouse et ses enfants étaient vivants ou morts.
« Jamais de ma vie je n’ai connu une telle souffrance », a-t-il dit, évoquant cette terrible incertitude conjuguée à l’intense solitude qu’il a ressentie. Il était alors détenu seul. Pour survivre, il a dû « accepter que ma famille était morte ».

« Je me suis assis par terre et je me suis imaginé à leurs funérailles. Je me tenais devant des tombes – une grande pour mon épouse et deux petites tombes pour mes enfants – et je faisais l’éloge funèbre de chacun d’entre eux », a-t-il noté. « J’ai pleuré, mais je n’ai pas laissé mes geôliers voir mes larmes. Cela a été la chose la plus dure que j’aie jamais faite, enterrer ma famille dans mon esprit ».
Au cinquantième jour de sa captivité, Shoham a reçu une lettre de son épouse qui l’informait qu’elle était en vie ainsi que ses deux enfants. Elle lui faisait savoir que tous les trois avaient été relâchés.
Savoir que sa famille était saine et sauve, qu’elle était en sécurité avait été « le plus important », a déclaré Shoham. « Je n’avais plus besoin d’être père et mari pour les protéger. Je pouvais dorénavant me concentrer sur ma guerre, celle que je savais mener, ma guerre pour la survie ».

Après 34 jours de captivité, les ravisseurs de Tal Shoham avaient introduit deux autres otages – Evyatar David et Guy Gilboa Dalal – dans la maison où il était retenu en captivité. Ils y étaient restés jusqu’au mois de juin 2024. Ils avaient ensuite été transférés dans un tunnel souterrain, où ils avaient rejoint Omer Wenkert.
Shoham a déclaré que, dans ce tunnel, il avait été gardé par des hommes qui étaient, par ailleurs, chargés de creuser les tunnels qui constituent le large réseau souterrain du Hamas dans l’enclave palestinienne.
Les terroristes creusaient en permanence, a dit Shoham. « Le Hamas n’a jamais cessé de creuser des tunnels, pas un seul jour », a-t-il souligné.
Si la longueur et l’étendue exacte du réseau de tunnels du Hamas restent indéterminées, des informations qui sont parues, au mois de janvier 2024, dans le New York Times – informations qui se basaient sur les estimations des responsables de la Défense israélienne – faisaient état de 550 kilomètres à 650 kilomètres de souterrains creusés sous la surface du sol.
À l’époque, les officiels avaient déclaré que pas moins de 5 700 puits distincts permettaient de descendre dans les tunnels.
Au mois de juillet 2024, il avait été signalé que, malgré les longs mois de combat dans la bande de Gaza, les souterrains étaient encore dans un « bon état de fonctionnement » – des travaux ayant même été effectués sur des tronçons visés par les forces de Tsahal.
Shoham, comme un grand nombre d’autres otages libérés, a raconté que la nourriture avait été rare tout au long de sa captivité.
Lorsqu’il avait été capturé, il avait été détenu dans la maison d’une famille gazaouie. Il avait mangé du pain pita pendant les trois premiers jours.
Puis, a-t-il dit, « les réserves de nourriture ont diminué ».
Par la suite, il n’a mangé que « trois cuillerées d’avocat et trois dattes » par jour « ou la moitié d’une orange qui provenait d’un arbre dans la cour ».
Il a estimé qu’à ce stade, il n’avait reçu que 300 calories par jour, soit une fraction des 2 400 calories environ qu’un homme de son âge est censé consommer en moyenne pour rester en bonne santé.

Quand il était dans le tunnel en compagnie des trois autres otages, les ravisseurs de Tal Shoham lui donnaient environ 300 millilitres d’eau par jour – pour boire et pour se laver – et du riz blanc.
Un régime qui a entraîné un état grave de sous-alimentation, a-t-il indiqué devant les caméras de Fox. Après des mois marqués par une détérioration progressive de son état de santé, ses geôliers ont fait appel à un médecin. À ce moment-là, il avait déjà développé une infection grave et il souffrait d’une hémorragie interne au niveau des jambes.
« Mes jambes sont devenues bleues, jaunes et violettes à cause des hémorragies sous-cutanées », a-t-il raconté. Le médecin lui a donné, ainsi qu’aux autres otages, des anticoagulants pour éviter la formation de caillots, ainsi que sept jours de suppléments en vitamines pour lutter contre la malnutrition.
« Cela avait un goût de nourriture pour chien, mais cela a réellement amélioré notre état de santé », s’est-il souvenu.
Malgré ces compléments alimentaires, Shoham était gravement amaigri à sa libération.
Shoham et Wenkert ont été relâchés en date du 22 février, tandis que David et Gilboa Dalal sont encore à Gaza. Ils figurent parmi les 58 otages qui se trouvent encore détenus au sein de l’enclave côtière.
Les groupes terroristes de Gaza maintiennent toujours en captivité 58 des 251 personnes qui avaient été enlevées par les hommes armés lors du pogrom commis dans le sud d’Israël, le 7 octobre 2023. Parmi eux figurent les corps sans vie d’au moins 35 personnes dont la mort a été confirmée par l’armée.
Le Hamas a relâché 30 otages – 20 civils israéliens, cinq soldats et cinq ressortissants thaïlandais – au cours d’un cessez-le-feu qui a commencé au mois de janvier. Par ailleurs, les dépouilles de huit captifs israéliens ont été rapatriées sur le sol israélien. En échange, Israël a relâché environ 2 000 terroristes palestiniens incarcérés pour atteinte à la sécurité nationale et des personnes soupçonnées de terrorisme à Gaza qui avaient été placées en détention pendant la guerre.
Le Hamas avait libéré 105 civils lors d’une trêve qui avait duré une semaine à la fin du mois de novembre 2023. Quatre otages avaient été relâchés auparavant, pendant les premières semaines de la guerre.