Un groupe géré par Milgam remporte la privatisation de la poste israélienne
Lors d'un appel d'offres, la société a été vendue pour 461 M de NIS ; le ministre Karhi affirme que la privatisation conduira à des services plus rapides et de meilleure qualité
Sharon Wrobel est journaliste spécialisée dans les technologies pour le Times of Israel.
Un groupe d’investisseurs géré par Milgam Ltd. et Phoenix Insurance a remporté dimanche l’appel d’offres pour l’achat de la Compagnie postale israélienne pour 461 millions de shekels, dans le cadre d’un processus de privatisation très attendu de l’entreprise publique financièrement endettée.
Le consortium d’acheteurs devra assumer un soutien financier de 900 millions de shekels fourni par le gouvernement et aura la possibilité de licencier 500 employés supplémentaires.
La privatisation des services postaux israéliens survient après que l’entreprise a fait l’objet, au cours des deux dernières années, d’importantes mesures de réorganisation et redressement, parmi lesquelles une réduction des effectifs, pour la sauver de la faillite. La conclusion de l’accord attend encore les approbations réglementaires et ministérielles.
« Nous ferons en sorte que la privatisation soit conclue dès que possible, afin d’ouvrir le marché à une véritable concurrence », a déclaré le ministre des Communications, Shlomo Karhi (Likud). « Je suis sûr que le gagnant [qui aura remporté l’appel d’offres] apportera avec lui une nouvelle gestion, une nouvelle approche et surtout un service plus rapide et de meilleure qualité pour le bénéfice des citoyens israéliens. »
Le gouvernement souhaite privatiser ses services postaux publics depuis 2018, après des années d’injection de fonds dans la société alors qu’elle souffrait d’une baisse de rentabilité et de flux de trésorerie en raison de la concurrence accrue d’autres acteurs. Les précédentes tentatives de privatisation tablaient sur une vente partielle des parts de l’entreprise.
En juillet de l’année dernière, l’Autorité des Entreprises Publiques a lancé un appel d’offres pour la vente de La Poste israélienne, conseillé par la banque d’investissement Rothschild & Co. Lors de la phase finale, quatre groupes d’acheteurs privés ont choisi de soumettre des offres, qui devaient avoir une valeur minimale de 500 millions de shekels comme condition préalable à la présentation d’une offre.
Milgam, qui dirige le consortium d’investisseurs ayant remporté l’appel d’offres, fournit des services aux municipalités, aux compagnies des eaux, aux agences gouvernementales et aux entreprises publiques et privées.
Les services de la société comprennent des systèmes d’exploitation pour la facturation et le recouvrement municipaux, l’entretien des infrastructures d’eau et d’égouts, la planification et la gestion de parkings publics et de projets logistiques nationaux ou municipaux.
« Il s’agit d’une étape très importante pour les services postaux en Israël et pour l’entreprise postale israélienne, qui, sous l’égide d’un investisseur privé, pourra se renouveler et prospérer », a déclaré Yuval Yaakovi, directeur adjoint de l’Autorité des Entreprises publiques.
La privatisation totale vise à aider La Poste, qui a subi une refonte stratégique pendant plus d’une décennie, à se débarrasser de son image de « courrier escargot », conformément à d’autres sociétés postales mondiales qui sont privées depuis des années.
« Le succès du processus est une démonstration de force pour l’économie israélienne en période de guerre et indique une grande confiance dans l’entreprise, ses employés et le potentiel inhérent à nos domaines d’activité », a déclaré le PDG de La Poste israélienne, David Laron. « L’entrée du groupe Milgam apportera une grande valeur ajoutée à La Poste israélienne et fournira aux Israéliens des services postaux de pointe. »
Le service postal israélien, réputé pour la médiocrité de son service à la clientèle et ses longues files d’attente, les lettres arrivant, le cas échéant, avec du retard, a entrepris depuis 2022 un processus de redressement et de stabilisation financière d’un montant de 1,7 milliard de shekels et formulé un plan stratégique et financier pour les années à venir.
Dans le cadre du plan de redressement, 1 050 employés à temps plein, soit environ 20 % des effectifs de la société postale, ont été supprimés et nombre de bureaux de poste ont été fermés, principalement dans les grandes villes. Dans le cadre du processus de privatisation, des objectifs stratégiques ont été définis, qui nécessitent un investissement et un plan d’action de la part du nouveau groupe d’acheteurs, afin de faire de la poste israélienne la plus grande entreprise de services de commerce électronique en Israël, et le principal fournisseur de solutions financières.
Fondée en 1948 lors de la création de l’État d’Israël, la poste israélienne est devenue une entreprise publique en 2006. Aujourd’hui, elle sert 38 millions de clients par an et dispose de plus de 1 000 points de service à travers le pays – 400 agences postales et 650 points de ramassage et de dépôt – ainsi que de 1,4 million d’utilisateurs d’applications mobiles. La société possède 226 biens immobiliers, répartis dans tout Israël, d’une valeur d’environ 639 millions de shekels.
L’entreprise fournit également des services bancaires par l’intermédiaire de la banque postale, qui compte environ 1 million de clients, dont plus de 510 000 possèdent un compte. Au total, La Poste israélienne emploie quelque 3 850 personnes.
Suite à la mise en œuvre du plan de redressement, la poste israélienne a généré, au premier trimestre 2023, un bénéfice ajusté avant intérêts, impôts, dépréciation et amortissement (EBITDA) de 67 millions de shekels et un bénéfice net de 32 millions de shekels pour l’ensemble de l’année, après avoir enregistré une perte de 36 millions de shekels en 2022.