Un homme abattu à Ibillin, le second homicide en quelques heures
Selon la police, les coups de feu auraient eu pour origine une querelle entre gangs ; un groupe de veille évoque la mort de 30 Arabes israéliens depuis le début de l'année
Un homme a été abattu à Ibillin, dimanche soir – un premier homicide avait endeuillé la ville arabe israélienne quelques heures auparavant.
La police israélienne a fait savoir dans un communiqué qu’un quadragénaire avait été tué par des coups de feu dans la rue, apparemment dans le contexte d’une guerre entre groupes criminels.
Le site Ynet a indiqué qu’il s’appelait Abd el Wahad Awabda. Il était âgé de 41 ans.
Awabda a été grièvement blessé par les tirs. Les médecins ont finalement prononcé sa mort sur les lieux de l’incident.
La police a ouvert une enquête.
Awabda venait tout juste de sortir d’une épicerie locale où il avait fait quelques courses et il s’apprêtait à entrer dans sa voiture quand un attaquant s’est approché de lui par derrière et qu’il a ouvert le feu à courte portée, a noté la chaîne publique Kan.
Selon la chaîne, cet homicide fait grimper à trois le nombre de victimes de la guerre opposant deux gangs rivaux depuis six mois.
הנרצח בישוב אעבלין הוא עבד אלוואחד עדנאן עואבדה, בן 41. לפי דיווח מהזירה הוא נרצח לעיני ילדיו. pic.twitter.com/WGBRhBBXYt
— Asslan Khalil (@KhalilAsslan) March 3, 2024
Ce sont 30 Arabes israéliens qui ont perdu la vie dans des violences depuis le début de l’année, a pour sa part ajouté le groupe de veille Abraham Initiatives, qui traque ce type d’incident dans la communauté. 24 ont été tués par des tirs. L’année dernière à la même époque, le nombre de victimes d’homicide, dans la communauté arabe israélienne, était de 27.
Cet incident est survenu alors que dans la journée, un habitant d’Ibillin avait mortellement poignardé son épouse avant de se rendre à la police.
Amal Arabi avait reçu ce coup de couteau fatal alors qu’elle était au volant de sa voiture, dans la localité. Sous le choc, elle avait perdu le contrôle de son véhicule qui avait terminé sa course dans un poteau, a expliqué son époux qui s’est finalement rendu aux autorités et qui a avoué le meurtre.
Ce suspect de 58 ans, qui s’appellerait Nasser Arabi, a, dans un premier temps, pris la suite avant de décider de se rendre aux agents, peu après. Il a été immédiatement placé en état d’arrestation.
Une vague criminelle violente s’est abattue sur la communauté arabe israélienne, des violences qui sont largement liées aux rivalités entre les groupes criminels organisés. Un rapport établi par Abraham Initiatives révèle que le nombre total de victimes enregistré l’année dernière – 244 – représente plus du double de celui qui avait été répertorié en 2022.
La semaine dernière, un homme a été tué par arme à feu dans la ville d’Umm Al-Fahm, dans le nord d’Israël. Trois autres personnes ont été légèrement à modérément blessées dans cet incident survenu dans cette localité arabe israélienne.
De nombreux leaders de la communauté arabe israélienne attribuent la responsabilité de cette vague criminelle à la police qui, selon eux, est dans l’incapacité de sévir face aux puissantes organisations criminelles et qui détourne largement le regard face aux violences – querelles familiales, guerres de territoire entre gangs mafieux et violences faites aux femmes.
Les communautés ont également souffert d’années de négligence et de discrimination de la part des services gouvernementaux. Plus de la moitié des Israéliens arabes vivent sous le seuil de pauvreté, et leurs villes et villages ont souvent des infrastructures en ruine et des services publics médiocres.
Le ministre d’extrême-droite chargé de la police, Itamar Ben Gvir, tient depuis longtemps des propos incendiaires à l’encontre des Arabes israéliens et il a adopté des positionnements radicaux. Les dirigeants de la communauté ont fait valoir que ses politiques n’ont fait qu’intensifier l’épidémie de violence au cours de l’année écoulée.
Les autorités, quant à elles, ont mis en cause la montée du crime organisé et la prolifération des armes, tandis que certains ont pointé du doigt le manque de coopération des communautés avec la police pour éradiquer les criminels.