Israël en guerre - Jour 643

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Un livre pour réveiller le monde : l’ex-otage Eli Sharabi publie ses mémoires sur la captivité et la survie

Dans ce premier ouvrage d'un ex-otage israélien, Sharabi raconte ses 491 jours de captivité ainsi que la mort de sa femme et de ses filles, se disant plus que jamais en faveur de la libération urgente des derniers captifs

Eli Sharabi lors d'une conversation avec Tzufit Granot lors du lancement de son livre à l'ANU - Le Musée du peuple juif de Tel Aviv, le 30 mai 2024. (Guy Gueta)
Eli Sharabi lors d'une conversation avec Tzufit Granot lors du lancement de son livre à l'ANU - Le Musée du peuple juif de Tel Aviv, le 30 mai 2024. (Guy Gueta)

Il y a de cela quelques mois à peine, cette scène aurait été inimaginable : Eli Sharabi, libre, devant une foule, dans un musée de Tel Aviv, pour lancer le livre qu’il a écrit au sujet de ses 491 jours de séquestration à Gaza.

A l’heure où il prend publiquement – et pour la première fois – la parole dans ce cadre, des dizaines d’otages, qu’il a parfois côtoyés dans les tunnels, se trouvent encore à quelques kilomètres de là, reclus sous terre.

« Je n’ai jamais pensé à la mort », a admis Sharabi devant l’auditorium bondé du Musée du peuple juif de l’ANU. « J’ai toujours choisi la vie. »

Plus de 300 personnes s’étaient retrouvées, ce jeudi, pour le lancement de « Hostage » – le premier livre de mémoires écrit et publié par un ex-otage israélien. L’événement a été tout à la fois une commémoration, un hommage et un règlement de comptes à l’échelle nationale.

Âgé de 52 ans, Sharabi avait été enlevé chez lui, au kibboutz Beeri, le 7 octobre 2023, lors du pogrom du Hamas. Son épouse Lianne et ses deux filles – Noiya, 16 ans, et Yahel, 13 ans – avaient été assassinées ce jour-là. Son frère Yossi avait, lui aussi, été kidnappé et assassiné par ses ravisseurs, qui détiennent toujours son corps sans vie.

Séquestré par le Hamas durant 491 jours, Sharabi a été libéré le 8 février dernier à la faveur du cessez-le-feu temporaire négocié par le Qatar, l’Égypte et les États-Unis.

Eli Sharabi et le chanteur Yuval Dayan lors de la sortie de son livre à l’ANU – le Musée du peuple juif à Tel Aviv, le 30 mai 2024. (Guy Gueta)

L’événement a donné lieu à une lecture de passages du livre de Sharabi par l’acteur Uri Gavriel, à une prestation musicale du chanteur Yuval Daniel – le chanteur préféré de ses filles décédées – et de la nièce de Sharabi. L’actrice Tzufit Grant a également interviewé l’auteur, sur scène.

Il a été l’occasion de rendre hommage à tous ceux qui ont aidé Sharabi et ses proches, que ce soit lors de sa captivité ou depuis son retour.

« Je n’ai jamais pensé à la mort. J’ai toujours choisi la vie ».

Rédigé en l’espace de deux mois et publié par la maison d’édition Sella Meir, « Hostage » est le premier ouvrage de mémoires écrit par un ex-otage.

Rotem Sella, fondateur de la maison d’édition, évoque sa rencontre avec Sharabi, 48 jours après sa libération. Il explique : « Il m’a dit deux choses : posez-moi toutes les questions que vous voulez et faites tout ce qui sera nécessaire ».

« Ce ne sont pas des révélations ou des réflexions, mais c’est le récit à la première personne de ce qu’il a vécu entre le 7 octobre et le jour de sa libération », poursuit-il, précisant que le fait qu’Eli parle arabe lui avait permis de mieux comprendre la situation. « Le but est de faire comprendre la réalité de la vie dans les tunnels du Hamas afin de mieux sensibiliser le public. »

L’otage israélien Eli Sharabi, retenu en otage par le Hamas à Gaza depuis le 7 octobre 2023, est exhibé par des hommes armés du Hamas avant d’être remis à la Croix-Rouge à Deir al-Balah, dans le centre de la bande de Gaza, le 8 février 2025. (Crédit : AP Photo/Abdel Kareem Hana)

Les pré-commandes ont battu des records pour la version hébréophone de l’ouvrage qui devrait être disponible dès la semaine prochaine en Israël. La version en anglais, traduite par Eylon Levy, ex-porte-parole du gouvernement, devrait elle aussi bientôt être publiée, assure Sella.

« Les mémoires brutes et sans filtre d’Eli Sharabi sur sa captivité sont des morceaux d’Histoire qui vont sans aucun doute devenir un classique de la littérature du 7 octobre », confie Levy au Times of Israel. « Il y aura, à n’en pas douter, de nombreux livres écrits sur les geôles de Gaza, mais celui-ci restera le premier. »

« En lisant ce livre, on comprend comment il a survécu pour sa famille, pour Alon, et pour aider à rapatrier les autres otages chez eux », note Sella, évoquant Alon Ohel, détenu aux côtés de Sharabi et qui se trouve, pour sa part, toujours en captivité.

Eli Sharabi a été pris en otage le 7 octobre 2023 par des terroristes du Hamas : sa femme Lianne et leurs deux filles, Noiya et Yahel, ont été tuées. (Autorisation)

Sur scène, Sharabi est parvenu à maîtriser l’émotion de sa voix en se remémorant les moments de captivité, ceux de terreur pure mais aussi les instants d’espoir. Il a parlé de la joie et du soulagement ressentis au moment de sa libération, des sentiments mêlés au profond chagrin qui avait été le sien quand il avait découvert que son épouse et ses filles – qu’il pensait vivantes – n’avaient pas survécu au 7 octobre.

« Je suis content de ne pas avoir su à l’époque qu’elles étaient mortes », a-t-il déclaré. « Car c’est en pensant à ma libération que j’ai tenu bon. »

En captivité, Sharabi a expliqué s’être accroché aux rituels et à la foi, en récitant les bénédictions du matin ou en répétant la bénédiction d’Eshet Chayil en l’honneur de sa mère et de son épouse. Il répétait aussi aux jeunes otages avec lesquels il était détenu de ne pas s’abandonner au désespoir.

Eli Sharabi, à gauche, avec ses filles Yahel et Noiya Sharabi, tuées avec leur mère, Lianne Sharabi, le 7 octobre 2023, alors que leur père était pris en otage (Autorisation)

« En captivité, on cherche tout ce qui peut donner de la force », a-t-il confié. « Je disais aux jeunes : ce n’est pas le moment de laisser parler son ego. Il faut rentrer. »

Il a décrit la terreur des frappes aériennes de Tsahal et la peur d’être découvert par des civils de Gaza et lynché – sans oublier le moment le plus émouvant, peut-être, à savoir celui où il était monté à bord du véhicule de la Croix-Rouge qui allait le conduire en lieu sûr.

« J’ai imaginé que mon épouse et mes filles allaient courir à ma rencontre », a-t-il soufflé. « Mais les choses ne se sont pas passées ainsi. Aujourd’hui encore, a-t-il confié, le chagrin et les souvenirs sont constants.

« Je n’ai pas besoin de Yom HaZikaron pour penser à elles », a-t-il poursuivi. « Elles sont dans les chansons, dans les conversations, dans les souvenirs. Je sais qu’elles seraient fières de moi. »

La couverture du livre d’Eli Sharabi, « Hostage », le 30 mai 2024. (Guy Gueta)

Au début de sa séquestration par le Hamas, Sharabi s’était trouvé emprisonné aux côtés d’un ouvrier thaïlandais, puis avec d’autres otages israéliens – Ohel, Eliya Cohen ou Or Levy – dans les tunnels. Il avait également été détenu aux côtés d’Ori Danino et de Hersh Golberg-Polin, qui avaient été assassinés par leurs ravisseurs en août 2024.

Ohel est toujours otage et c’est en son nom – et au nom des 57 derniers otages – que Sharabi a écrit ce livre.

« Il était extrêmement important pour moi que tout ça se sache le plus vite possible afin que le monde comprenne à quoi ressemble la vie en captivité », a-t-il expliqué au Times of Israel. « Une fois qu’ils sauront, les gens ne pourront pas rester indifférents. »

« Je ne souhaite ça à personne », a ajouté Sharabi. « Mais il faut que les gens sachent qu’ils ont le choix, quelle que soient les situations – même les plus sombres : Ce choix, c’est qu’on peut toujours choisir l’humanité. »

En faisant siens les propos de feu Hersh Goldberg-Polin, il a conclu en disant : « Les gens qui se demandent ‘pourquoi’ sont capables de trouver le ‘comment’ – on peut survivre, se relever et reconstruire sa vie. »

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