Un membre d’Otzma Yehudit affirme qu’Itamar Ben Gvir feint un extrémisme modéré
Filmé en camera cachée par la Treizième chaîne, Almog Cohen a comparé la stratégie du chef du parti d’extrême-droite à "un cheval de Troie" pour faciliter son entrée au Parlement
Un candidat à la Knesset pour le parti d’extrême droite Otzma Yehudit a été filmé en caméra cachée en train de dire que la récente modération des positions extrémistes de son parti était une « ruse » pour entrer à la Knesset, laissant entendre que ses membres ont, en réalité, des idéologies bien plus extrémistes.
Otzma Yehudit se présente avec HaTzionout HaDatit de Bezalel Smotrich aux élections législatives du 1er novembre, avec environ 13 sièges, selon les derniers sondages, cependant reconnus pour n’être que peu fiables.
Dans un reportage de la Treizième chaîne, Almog Cohen, numéro sept sur la liste commune, a été filmé assurant à ses partisans que les positions quelque peu tempérées du chef d’Otzma Yehudit, Itamar Ben Gvir, sur les Arabes étaient un « cheval de Troie » destiné à le faire entrer au Parlement tout en empêchant la Haute Cour de justice de disqualifier les membres du parti.
Au cours des derniers mois, Ben Gvir a cherché à présenter son parti comme n’ayant aucun problème avec les Arabes en général, mais seulement avec ceux qu’il juge déloyaux envers l’État. Dans une vidéo qui a fait les gros titres au cours de l’été, Ben Gvir a été vu en train de réprimander un partisan qui scandait le refrain bien connu de l’extrême droite « Mort aux Arabes », lui disant qu’il devait seulement dire « Mort aux terroristes ».
Le mois dernier, l’activiste d’extrême droite Baruch Marzel s’est plaint que le parti ne répondait plus à son « besoin idéologique ».
Selon l’article 7A de la loi fondamentale, « l’incitation au racisme » est l’une des trois actions qui peuvent disqualifier un candidat se présentant à la Knesset.
Cohen s’est plaint que les anciens commentaires publics de Marzel pourraient porter atteinte à Ben Gvir, la Cour Suprême ayant déclaré Marzel inéligible à la Knesset lors des élections de septembre 2019.
« Quand Marzel se tient à côté d’Itamar et dit ‘nous devrions transférer tous les Arabes’, alors il disqualifie Itamar », a expliqué Cohen à un militant, ajoutant que « celui qui n’utilise pas de stratagème, ne pourra pas gagner », laissant entendre que Ben Gvir ne s’est pas vraiment « adouci ».
« Itamar est intelligent, il a déjà changé, regardez le rassemblement d’aujourd’hui. Qui aurait penser que nous serions capable de réunir 100-150 personnes ici ? », a déclaré Cohen, faisant référence à un rassemblement de partisans qui se tenait à proximité.
En réponse au reportage de la Treizième chaîne, Cohen a déclaré qu’il comprend que « l’extrême gauche et les médias soient sous pression, mais que cela ne les aidera pas. Avec le prochain gouvernement, nous mettrons en œuvre de véritables politiques de droite, et nous nous occuperons des habitants du sud ».
Ben Gvir a connu un regain de popularité depuis son entrée à la Knesset en 2021, après des années passées en marge de la scène politique. Sa liste est évaluée à 13 sièges et les sondages d’opinion ont toujours prédit un succès beaucoup plus important pour Ben Gvir que pour Bezalel Smotrich, chef du parti HaTzionout HaDatit, s’ils se présentaient séparément.
Fervent admirateur du rabbin extrémiste Meir Kahane, qui préconisait le transfert des Arabes d’Israël hors du pays, il a récemment tenté de tempérer ses opinions, déclarant dans une récente interview sur la Treizième chaîne qu’il « jure ne pas être le rabbin Kahana ». « Je ne présenterai pas de projets de loi pour des plages séparées, et je ne suis pas pour mettre tous les Arabes dans le même sac », a-t-il ajouté.
Le parti Kach de Kahane a été déclaré organisation terroriste à la fois par le gouvernement israélien et le département d’État américain quelques années après l’assassinat du rabbin en 1990, après quoi il s’est dissous.
Ben Gvir a affirmé qu’il n’était pas en faveur de l’expulsion de tous les Arabes, mais seulement des terroristes. Toutefois, les analystes ont souligné qu’il qualifie régulièrement de « terroristes » de nombreuses personnalités arabes qui n’ont pas d’antécédents d’activités liées au terrorisme, notamment des législateurs élus et des chefs de parti.
Le législateur d’extrême droite avait également l’habitude d’accrocher au mur de sa maison à Hébron une photo de Baruch Goldstein, qui, en 1994, a massacré 29 Palestiniens en train de prier au Tombeau des Patriarches à Hébron. Il a retiré la photo lorsqu’il est devenu évident qu’elle lui portait préjudice sur le plan politique. Lors d’une visite ce mois-ci dans un lycée de Ramat Gan, Ben Gvir a déclaré qu’il ne considérait « plus Goldstein comme un héros ».