Un officier tué au Liban ; Un chef du Hezbollah à l’origine des tirs de roquette contre des enfants victime d’une frappe

L’armée israélienne a intensifié jeudi son offensive sur le sud du Liban et redit sa détermination à empêcher l’Iran de réapprovisionner en armes le groupe terroriste libanais en passant par les postes-frontières tout en s’engageant à tenir le Hezbollah loin de la zone frontalière du sud-Liban.

L’armée a en effet redoublé d’intensité dans son opération terrestre et mené plusieurs frappes aériennes sur des cibles du Hezbollah, comme en témoigne l’élimination d’un commandant en chef responsable de la mort de 12 enfants lors de tirs de roquettes sur Israël un peu plus tôt cette année.

Dans le même temps, le groupe soutenu par l’Iran a tiré plus de 200 roquettes sur le nord d’Israël jeudi.

L’armée a par ailleurs annoncé la mort d’un officier mort au combat dans le sud-Liban, mercredi, ce qui porte à neuf le bilan humain de l’armée israélienne depuis le début de l’offensive terrestre contre le Hezbollah dans le sud-Liban.

Il s’agit du Cpt. Ben Zion Falach, âgé de 21 ans et originaire de Nitzanei Oz, membre du 202e bataillon de la brigade parachutiste.

Le capitaine Ben Zion Falach, tué dans le sud du Liban le 2 octobre 2024. (Crédit : Armée israélienne)

Falach a été tué mercredi dans des circonstances différentes de celles qui ont coûté la vie à huit autres soldats.

L’armée israélienne a accusé jeudi le Hezbollah d’utiliser le poste-frontière libanais de Masnaa, fréquenté ces derniers jours par des dizaines de milliers de personnes pour fuir en Syrie, pour faire passer des armes iraniennes en contrebande.

Selon le colonel Avichay Adraee, porte-parole de l’armée israélienne en langue arabe, c’est depuis que l’armée a frappé d’autres points de passage frontaliers entre le Liban et la Syrie, la semaine dernière – utilisés par le Hezbollah pour se livrer à de la contrebande d’armes – que le groupe terroriste s’est mis à utiliser Masnaa comme principale route de livraisons d’armes.

Selon Tsahal toujours, le groupe terroriste a tenté de remettre en état les points de passage endommagés par les frappes israéliennes.

Adraee a précisé que, la semaine dernière, l’armée israélienne avait bombardé un camion chargé d’ « armes sensibles » destiné au Hezbollah et passé par l’un des points de passage. L’armée israélienne a diffusé des images de cette frappe et précisé qu’elle ne laisserait pas le point de passage civil servir aux livraisons d’armes pour le Hezbollah.

« L’État libanais est responsable de ses passages frontaliers officiels et d’empêcher le Hezbollah d’utiliser ces postes. L’armée israélienne demande aux autorités libanaises de procéder à une inspection poussée des camions empruntant les points de passage civils et de renvoyer en Syrie les camions et autres véhicules contenant des armes », a expliqué Adraee.

« Si nécessaire, [l’armée israélienne] n’hésitera pas à agir, comme elle le fait depuis le début de la guerre », a-t-il ajouté.

Le ministre libanais des Transports, Ali Hamiya, lui-même membre du Hezbollah, s’est inscrit en faux en assurant que les points de passage frontaliers avec la Syrie fonctionnaient tous selon des normes de sécurité conformes au droit international.

Une détermination ferme

Jeudi également, le chef d’état-major de Tsahal, le lieutenant-général Herzi Halevi, a assuré que l’armée ne laisserait pas le Hezbollah revenir s’implanter dans le sud-Liban.

« Aujourd’hui, j’ai parlé avec les commandants et soldats des 98e et 36e divisions, qui se battent au Liban pour quelque chose de très important : rétablir la sécurité dans le nord et permettre à ses habitants de retrouver leur maison après plus d’un an d’évacuation », a déclaré Halevi dans une déclaration vidéo depuis le nord d’Israël.

« Pour permettre aux habitants de revenir, il nous faut détruire les infrastructures terroristes que le Hezbollah a construites près de la frontière pour attaquer nos villes le jour où l’ordre en est donné et tuer des civils israéliens. Nous sommes fermement déterminés à détruire ces infrastructures et tuer tous ceux qui s’y trouvent », a-t-il poursuivi.

Le chef d’état-major de l’armée israélienne, le lieutenant-général Herzi Halevi, s’exprimant dans une déclaration vidéo depuis le nord d’Israël, le 3 octobre 2024. (Crédit : Armée israélienne)

« A l’avenir, nous ne laisserons plus le Hezbollah reprendre pied à ces endroits. Les coups sévères portés au Hezbollah un peu partout, à Beyrouth, dans la vallée [de la Bekaa], dans le sud-Liban, vont se poursuivre », a-t-il ajouté.

Halevi a déclaré que les soldats israéliens au Liban « faisaient de plus en plus de victimes parmi les terroristes : à chaque nouvelle confrontation, nous avons le dessus ».

« Nos forces sont prêtes et entraînées comme jamais, avec en plus l’expérience des combats à Gaza : leur avantage au combat est on ne peut plus évident », a-t-il poursuivi.

Il a ajouté avoir étudié de près les conclusions des récentes batailles dans le sud-Liban au cours desquelles des soldats ont été tués. « J’ai vu des commandants qui, malgré les tirs, ont continué d’avancer, pris le dessus – avec leurs unités – et courageusement débordé l’ennemi », a expliqué Halevi.

« Nous continuerons de nous battre sur tous les fronts pour que l’État d’Israël jouisse d’une meilleure sécurité », a-t-il ajouté.

L’armée a revendiqué jeudi la mort d’une soixantaine d’agents du Hezbollah, la veille, dont un commandant responsable du tir de roquette qui a tué 12 enfants à Majdal Shams, dans le nord d’Israël, en juillet dernier.

(En haut, de gauche à droite) Ameer Rabeea Abu Saleh, 16 ans, Iseel Nasha’at Ayoub, 12 ans, Hazem Akram Abu Saleh, 15 ans, Milad Muadad Alsha’ar, 10 ans (Au milieu) Alma Ayman Fakher Eldin, 11 ans, Naji Taher Alhalabi, 11 ans, Johnny Wadeea Ibrahim, 13 ans, Yazan Nayeif Abu Saleh, 12 ans (En bas) Fajer Laith Abu Saleh, 16 ans, Vinees Adham Alsafadi, 11 ans, Nathem Fakher Saeb, 16ans et Gevara Ebraheem, 11 ans, qui ont été tués par une attaque à la roquette du Hezbollah sur Majdal Shams le 27 juillet 2024.

L’armée israélienne a déclaré que Khader Shahabiya, commandant de la région du mont Dov du Hezbollah, avait été tué dans une frappe aérienne mercredi.

Shahabiya était à l’origine des tirs de roquettes sur Majdal Shams et de nombreuses autres attaques de missiles antichars et de roquettes sur des postes de Tsahal dans le secteur du mont Dov, d’Hermon et du nord du plateau du Golan, a ajouté l’armée.

Des membres de la communauté druzt entourent les cercueils de 10 des 12 personnes tuées lors d’une attaque à la roquette du Hezbollah depuis le Liban, lors de funérailles collectives dans la ville druze de Majdal Shams, sur le plateau du Golan, le 28 juillet 2024. (Crédit : Menahem Kahana / AFP)

L’armée israélienne a par ailleurs revendiqué des frappes sur plus de 200 cibles du Hezbollah au Liban ces dernières 24 heures, dont plus de 15 dans la seule capitale, Beyrouth.

Parmi les cibles de Beyrouth on compte des agents de la division du renseignement du Hezbollah, des équipements de surveillance, des quartiers généraux, des dépôts et usines de fabrication d’armes et d’autres infrastructures, a expliqué l’armée.

Tsahal a souligné les mesures prises pour limiter au maximum les dommages occasionnés aux civils lors de ces frappes, à commencer par l’utilisation de « munitions de précision » et la surveillance aérienne.

« L’organisation terroriste du Hezbollah a délibérément intégré ses installations de production d’armes et d’armement sous des bâtiments résidentiels au cœur de Beyrouth, mettant par la même en danger la population locale », a ajouté l’armée.

L’agence de presse officielle syrienne SANA a également fait état de frappes aériennes israéliennes jeudi, près de Damas, la capitale, expliquant que les défenses aériennes faisaient face à des « cibles hostiles » – le nom de code donné aux frappes israéliennes – dans la partie occidentale du gouvernorat de Rif Dimashq, près de la frontière avec le Liban.

Israël ne commente que très rarement ses opérations en Syrie.

Le Hezbollah a lancé jeudi depuis le Liban plus de deux cents roquettes et obus de mortier, ainsi que plusieurs drones, sur le nord d’Israël. Pour l’heure, ces attaques ne sont pas réputées avoir fait de victimes ou de dégâts importants.

Jeudi soir, les habitants de la Galilée supérieure et occidentale, ainsi que de plusieurs villes du nord du plateau du Golan, ont reçu l’ordre de Tsahal de rester à proximité des abris anti-aériens jusqu’à nouvel ordre.

De telles instructions sont données lorsque l’armée a l’information que des tirs de roquettes majeurs sont prévus depuis le Liban.

Le Hezbollah a également déclaré avoir repoussé une incursion de Tsahal près de Metula, ce qu’Israël s’est abstenu de commenter.

Évacuations

Lors des combats de jeudi, l’armée a invité les civils de 25 localités du sud-Liban à évacuer dans les plus brefs délais et se diriger vers le nord de la rivière Awali, au nord de Sidon.

La ville de Nabatieh et d’autres villages de la liste publiée jeudi sont situés au nord du fleuve Litani. C’est la toute première fois qu’Israël ordonne des évacuations au nord de ce cours d’eau, considéré jusqu’alors comme une ligne stratégique.

L’armée a par ailleurs déconseillé aux véhicules de traverser le fleuve Litani en direction du sud.

« L’activité du Hezbollah force l’armée israélienne à agir contre lui. L’armée israélienne ne vous veut aucun mal », a déclaré Adraee dans un communiqué publié le jour de X. Des directives similaires ont été émises en direction d’une cinquantaine de villages ces deux derniers jours.

Cette annonce laissait entendre qu’Israël allait intensifier l’offensive terrestre lancée lundi soir, après l’escalade des frappes aériennes sur le pays la semaine passée, dans le but de mettre fin aux tirs de roquettes sur le nord de la part du Hezbollah soutenu par l’Iran, qui empêchent des dizaines de milliers d’habitants de rentrer chez eux après avoir évacué le 7 octobre 2023.

L’armée libanaise riposte

L’armée libanaise a déclaré que deux de ses soldats avaient été tués lors de frappes israéliennes dans le sud-Liban jeudi, l’un lors d’une attaque contre un poste militaire et l’autre dans un bombardement, lors d’une mission de sauvetage avec la Croix-Rouge libanaise.

Elle a ajouté avoir riposté lorsque le poste militaire a été frappé, un cas pour le moins exceptionnel pour une force qui reste traditionnellement à l’écart des conflits majeurs entre organisations terroristes et forces israéliennes.

C’est la première fois que des soldats libanais tirent sur des soldats israéliens depuis le début de cette guerre.

Une colonne de fumée s’élève après une frappe aérienne sur la banlieue sud de Beyrouth, le 3 octobre 2024. (Crédit : AFP)

La Croix-Rouge libanaise a indiqué qu’une frappe israélienne avait tué un soldat de l’armée libanaise et blessé quatre secouristes lors d’une opération d’évacuation des blessés du village de Taybeh, dans le sud du pays, menée dans le cadre d’un convoi placé sous escorte militaire libanaise en coordination avec les Casques bleus des Nations Unies.

Une frappe aérienne israélienne dans le centre de Beyrouth a tué neuf autres personnes, a annoncé le ministère libanais de la Santé.

Des témoins de Reuters ont rapporté avoir entendu une forte explosion, qui a visé un bâtiment dans le quartier de Bachoura, à quelques centaines de mètres du parlement, très près d’une frappe israélienne dans le centre-ville.

Un groupe de défense civile lié au Hezbollah a déclaré que sept de ses employés, dont deux médecins, avaient été tués dans l’attaque de Beyrouth.

Dans la nuit, une quinzaine d’agents du Hezbollah retranchés dans l’hôtel de ville de Bint Jbeil, dans le sud-Liban, ont été tués dans une frappe aérienne israélienne, a annoncé l’armée.

Selon Tsahal, des avions de chasse ont frappé l’hôtel de ville de Bint Jbeil dans le cadre d’une opération conjointe avec la 36e division après que plusieurs membres du Hezbollah y aient été identifiés. L’armée a déclaré que le bâtiment était utilisé par le Hezbollah pour stocker des armes.

Dans une autre opération conjointe, un drone de l’armée de l’air israélienne a frappé et tué une cellule d’agents du Hezbollah qui avaient été repérés par des troupes de la 36e division en train de tirer des roquettes sur Israël.

Des troupes de la brigade Etzioni sont vues en train d’opérer dans le sud du Liban, dans une image publiée le 3 octobre 2024. (Forces de défense israéliennes)

Jeudi matin, deux membres du Hezbollah ont ouvert le feu sur des soldats de Golani dans le sud-Liban : peu de temps après, les forces d’artillerie ont identifié les deux hommes et ordonné à un drone de l’armée de l’air de les frapper et de les tuer. Aucun soldat n’a été blessé dans l’incident, selon Tsahal.

Dans une autre opération conjointe avec la 98e division, plusieurs membres du Hezbollah ayant tiré des missiles sur la région de Ramim Ridge, mercredi, ont été tués dans une frappe menée par des avions de chasse de l’armée de l’air israélienne.

Par ailleurs, le correspondant Robin Ramaekers et le caméraman Stijn De Smet, qui travaillaient pour la chaîne d’information belge VTM, ont été battus et tués à Beyrouth par des assaillants leur reprochant d’espionner pour Israël, a déclaré la chaîne.

Une femme réagit devant un immeuble touché par une frappe aérienne dans le centre de Beyrouth, au Liban, le 3 octobre 2024. (Crédit : AP Photo/Hussein Malla)

Les forces dirigées par le Hezbollah attaquent des communautés israéliennes et des postes militaires situés le long de la frontière presque chaque jour depuis le 8 octobre 2023, dès le lendemain du début de la guerre à Gaza, lorsque des milliers de terroristes dirigés par le Hamas ont attaqué le sud d’Israël pour y tuer près de 1 200 personnes et faire 251 otages. Selon le Hezbollah, il s’agit de montrer sa solidarité avec Gaza confrontée à la guerre.

Après l’attaque du Hamas, Israël a évacué une grande partie du nord du pays de crainte d’une attaque semblable, cette fois de la part du Hezbollah. Près de 60 000 résidents du Nord sont toujours déplacés.

Le mois dernier, Israël a ajouté le retour des habitants à ses objectifs de guerre officiels. Cette décision s’est accompagnée d’une recrudescence des hostilités à la frontière nord, au cours desquelles Israël a quasiment décimé le haut-commandement du Hezbollah, dont son chef terroriste de longue date, Hassan Nasrallah, vendredi dernier.

Depuis qu’Israël a intensifié ses frappes aériennes contre le Hezbollah, lundi, plus de 630 personnes ont été tuées au Liban, selon le ministère de la Santé du pays.

Un quart au moins des victimes sont des femmes et des enfants, selon les responsables libanais de la santé. Plus de 2 000 personnes ont été blessées. Israël a déclaré que de nombreux membres du Hezbollah figuraient parmi les morts.

Le gouvernement libanais affirme qu’environ 1,2 million de Libanais ont été déplacés en raison des attaques d’Israël.