Un rescapé de la Shoah dénonce l’emprisonnement d’enfants de migrants en Israël
Marcel Stahl a déclaré que les images de jeunes enfants derrière les barreaux avec leurs mères et qu'Israël tente d'expulser lui ont rappelé l'époque nazie

Un survivant de la Shoah qui s’est exprimé vendredi a fait part de son indignation suite à l’incarcération de six enfants de migrants africains dont les mères attendent l’expulsion.
« Cela me ramène 75 ans en arrière lorsque les nazis ont emmené mes parents et le reste de ma famille au camp d’extermination de Sobibor et que j’ai été forcé de me cacher avec mon petit frère dans un sous-sol obscur et humide, dans une petite ville », a commenté Marcel Stahl devant les caméras de la Dixième chaîne.
« La séquence m’a beaucoup choqué et je veux moi aussi renoncer à la liberté et aller en prison aux côtés de cette famille pour lui faire part de mon soutien », s’est exclamé l’immigrant d’Amsterdam, âgé de 79 ans, qui a combattu dans trois guerres au sein de l’armée israélienne.
Ces propos ont suivi un article paru jeudi dans le journal Maariv qui a publié les photos et les vidéos de six enfants, âgés de 2 à 7 ans, qui sont actuellement incarcérés avec leur mère dans la prison de Givon, à proximité de Ramle.

Marcy, une mère nigériane arrivée en 2010 en Israël, a expliqué dans l’article qu’elle et ses quatre enfants étaient retenus à la prison de Givon depuis plus de trois semaines.
« Presque un mois a passé mais les enfants ne s’habituent pas », a-t-elle dit confié au journal, en larmes.
« C’est le contraire. Cela devient de plus en plus dur pour eux. A chaque fois qu’ils jouent de manière trop énergique et qu’ils s’énervent un peu, les gardiens leur disent : ‘Si vous faites du bruit, on va vous enfermer dans la pièce’. »
« Ce n’est pas bien, ils ne sont pas libres, ils savent que ce n’est pas chez eux. Ils me demandent tout le temps quand on va rentrer à la maison et je leur dis ‘très bientôt’, » a continué Marcy.
Marcy a ajouté qu’elle avait choisi l’emprisonnement plutôt que l’expulsion au Nigéria parce qu’elle espère que son fils aîné pourra obtenir des soins médicaux en Israël pour une pathologie du coeur qu’il ne peut faire soigner en Afrique.
Les enfants sont autorisés à jouer dans la cour de la prison de Givon, mais un espace limité et peu de jouets mis à leur disposition entraînent l’ennui et la nervosité des plus jeunes.
Le personnel carcéral a déclaré au journal ne pas avoir suivi de formation spécialisée pour surveiller les mères emprisonnées et leurs petits enfants, mais il a noté qu’il faisait tout ce qui était en son pouvoir pour adoucir cette triste expérience.

Un certain nombre d’employées de la prison ont fait don de jouets, de bonbons et de livres pour les enfants incarcérés.
L’Autorité de la population et de l’immigration a refusé de répondre sur le sujet des enfants incarcérés à Givon mais a précisé que cela fait de nombreuses années que Marcy se bat contre l’expulsion.
« Tous les tribunaux ont statué qu’elle devait quitter le pays », a annoncé l’Autorité. « La femme sus-mentionnée [a ignoré la loi] pendant longtemps et elle n’a pas quitté le pays. Nous sommes dans l’incapacité d’obtenir une décision différente des magistrats ».
Michal Rozin, députée du Meretz, a fustigé l’emprisonnement des jeunes enfants dans une déclaration faite vendredi. « Il est inconcevable qu’en Israël, il y ait des enfants et des nouveaux-nés emprisonnés qui sont utilisés comme instruments pour faire pression sur des parents menacés d’expulsion ».
Rozin a fait savoir qu’elle s’était tournée vers le ministre de l’Intérieur Aryeh Deri pour lui faire part de son inquiétude sur le sujet, sans recevoir de réponse pour le moment. Elle a ajouté que l’affaire « souligne plus que toute autre la torpeur gouvernementale en ce qui concerne les droits de l’Homme ».
Ces informations surviennent alors que l’administration Trump continue à faire l’objet d’une attention accrue suscitée par la séparation de milliers d’enfants immigrants d’avec leurs parents qui ont traversé clandestinement la frontière entre les Etats-Unis et le Mexique.
En résultat de la répression sur l’immigration du président américain, 3 000 enfants ont été séparés de leurs familles et, selon des images qui ont été largement partagées, placés dans des compartiments fermés.
Face à un déluge de critiques, Trump a signé une ordonnance exécutive afin de mettre un terme à cette pratique de séparation mais n’a pris aucune mesure spécifique pour les familles d’ores et déjà divisées.