Un sceau cananéen vieux de 3 500 ans découvert par un petit garçon
Une sortie familiale s'est transformée en chasse au trésor lorsqu'une pièce en argile minuscule de l'époque cananéenne a attiré le regard d'Imri Elya
Amanda Borschel-Dan édite la rubrique « Le Monde Juif »
Un petit garçon de six ans, qui faisait une randonnée avec sa famille, a découvert une petite pièce unique, vieille de 3 500 ans, arborant la représentation d’un prisonnier cananéen nu et humilié et son gardien.
Cette scène – imprimée sur un sceau en argile par un artisan dont les doigts sont encore visibles au dos de la pièce – a été trouvée par le petit Imri Elya, six ans, alors qu’il randonnait à Tel Jemmah, aux abords de la frontière avec Gaza, selon un communiqué de presse de l’Autorité israélienne des antiquités qui a été émis lundi. L’enfant a reçu un certificat de bonne citoyenneté pour avoir donné cet objet rare à l’Autorité.
Cette impression en argile de 2,80 centimètres sur 2,80 centimètres devait probablement être un souvenir de victoire, similaire à une médaille d’honneur, explique Saar Ganor, archéologue à l’Autorité des antiquités israéliennes, au Times of Israel. L’impression ayant été créée dans un moule, il explique qu’il est possible que de nombreuses pièces similaires aient été créées et distribuées. Peut-être étaient-elles utilisées comme des décorations, placées à l’intérieur d’autres objets – ceintures, meubles – qui servaient à afficher la victoire totale remportée par ses propriétaires.
Selon Ganor, la scène représente deux Cananéens. Les mains du prisonnier, maigre et nu, sont si violemment attachées dans son dos qu’il se tient droit comme un piquet. Il est le captif d’un gardien habillé, quelque peu dodu, avec les cheveux frisés, bien coupés, et une barbe. Ce sont deux Cananéens, dit Ganor, mais ce terme fourre-tout se réfère a un mélange éclectique de peuples locaux issus de différentes tribus « qui se battaient tous pour ce pour quoi nous nous battons aujourd’hui – l’eau, les terres ».
« L’artiste qui a créé cette pièce semble avoir été influencé par des représentations similaires connues dans l’art du Moyen-Orient antique. La manière dont le prisonnier est maintenu rappelle des bas-reliefs et des artéfacts découverts en Egypte et dans le nord du Sinaï », commente Ganor aux côtés d’Itamar Weissbein et d’Oren Shmueli, chercheurs au sein de l’Autorité des antiquités, dans le communiqué de presse.
En comparant leur trouvaille avec d’autres découvertes faites dans l’antiquité, les chercheurs de l’Autorité israélienne des antiquités estiment que la pièce date de la fin de l’âge de Bronze (entre le 15e et le 12e siècle avant l’ère commune). Ganor explique que l’Age de bronze a été l’une des couches archéologiques les plus représentées pendant les fouilles réalisées sur le site.
A cette époque, le secteur de Tel Jemmah (connu également sous le nom de Tel Gama) avait connu des batailles féroces – entre l’Egypte et les rois de la ville/de l’Etat, ainsi qu’entre les rois locaux eux-mêmes. De même, des nomades, les Habiru, attaquaient également la zone, située sur les rives du Besor – une source d’eau majeure dans le Negev – et à proximité d’une route antique empruntée pour aller au port de Gaza, une dizaine de kilomètres plus loin.
Certains archéologues identifient Tel Jemmeh comme étant le lieu où se trouvait la ville cananéenne de Yurza (appelée également Yarza). D’autres archéologues placent le site historique de Yurza ailleurs dans la région.
Yurza est l’un des sites cananéens à avoir été mentionné dans trois lettres d’un trésor de 350 missives akkadiennes échangées entre le pharaon égyptien et les rois cananéens et qui avait été découvert dans la ville égyptienne d’El-Amarna – qui était dans le passé l’ancienne capitale de l’Egypte antique, Akhetaten, fondée aux environs de 1350-1330 avant l’ère commune. Le site est également cité dans les annales de Thutmose III, dépeint comme étant l’angle le plus au sud de Canaan, et présent dans la phrase « depuis Yurza jusqu’aux confins de la terre ».
Dans la mesure où l’objet minuscule n’a pas été retrouvé lors de fouilles scientifiques stratifiées, il est difficile de garantir sa datation. Les archéologues l’ont comparé à des artéfacts similaires – le plus proche étant une petite impression en argile de la fin de l’Age de Bronze, très semblable, qui avait été découverte dans le nord du Sinaï il y a cent ans lors d’une fouille dirigée par l’archéologue britannique pionnier Flinders Petrie, explique Ganor.
Selon Ganor, la scène dépeinte sur la pièce en argile comporte des éléments présents sur plusieurs artéfacts de la fin de l’ère de l’âge de Bronze – notamment sur une inscription en ivoire qui avait été trouvée à Tel Megiddo, ainsi que sur des représentations de prisonniers de la bataille de Kadesh qui avaient été découvertes dans les reliefs du temple Abu Simbel en Egypte, datant de l’époque où le pays était dirigé par Ramsès II.
Egalement petite en taille, les chercheurs de l’AIA pensent que la scène est une représentation de la domination d’un dirigeant sur son ennemi et qu’elle se base sur des descriptions de parades de victoires dans la région.
« Cela ouvre une fenêtre visuelle pour comprendre la lutte pour la domination dans le sud du pays pendant la période cananéenne », notent les chercheurs.