Un sommet irlandais sur le droit d’Israël à exister réveille l’antisémitisme, selon ses détracteurs
L'évènement devait avoir lieu à Southampton, mais a été reprogrammé après des manifestations et aussi des accusations de parti-pris
DUBLIN – Le dernier jour d’un congrès international sur le droit d’Israël à exister s’est ouvert sur une accusation. L’État juif « n’est plus dirigé par le ‘Livre’, mais par la force des armes ».
Le congrès qui a eu lieu à l’University College Cork en Irlande, était intitulé « International Law and the State of Israel: Legitimacy Exceptionalism and Responsibility ». D’abord prévu à l’Université de Southampton, il a été annulé en raison des manifestations et de questions de sécurité. Il s’est donc tenu du 31 mars au 2 avril, au Cork City Hall et à l’UCC.
L’affirmation que le sionisme n’est basé que sur « le sang et le pouvoir » et qu’il cherche à éliminer le Juif « docile » a été prononcée par le premier orateur, le docteur Hatem Bazian, professeur d’études orientales à l’Université de Californie, à Berkeley.
Bazian a accusé les sionistes d’adopter une « vision raciste, génocidaire et exhaustive du monde et a affirmé qu’ils avaient « entrepris un projet de colonialisme national ».
En tête d’affiche, l’intellectuel juif très largement controversé, le professeur Richard Falk, auteur d’un rapport de l’ONU récemment rejeté, qui qualifie Israël d’état d’apartheid. La congrès comptait une quarantaine d’orateurs, dont seulement un était pro-israélien.
Ce congrès a fait l’objet de controverses durant plusieurs mois, et un groupe de défense d’Israël l’a accusé de parti-pris. Le groupe Irish4Israel avait décrit ce congrès dans une publication Facebook comme « la rencontre entre des personnes qui ont choisi de passer leur vie à lutter contre l’État juif ».
Yakov Rabkin, professeur d’Histoire à l’université de Montréal et auteur d’un texte aussi critiqué qu’acclamé sur l’opposition juive au sionisme, a déclaré que l’opposition à ce congrès « fait simplement partie du projet sioniste ».
Parallèlement, le docteur Salman Abu Sitta, un chercheur sur le droit du retour des Palestiniens, a déclaré face à une audience très réceptive que la seule barrière à cette mesure était ce qu’il décrit comme « l’apartheid » israélien.
« Il n’y a aucune raison morale, légale, démographique, géographie ou historique pour que [les Palestiniens] ne puissent pas revenir [en Israël] », a déclaré Abu Sitta.
Cet ingénieur civil a présenté des cartes et des graphiques sur les densités de population en Israël, et a accusé l’État de commettre « l’opération de nettoyage ethnique la plus importante de l’histoire ».
Abu Sitta a averti que d’ici 2030, il y aura 18 millions de Palestiniens qui vivront dans des terres palestiniennes contrôlées ou dans un rayon de 160 kilomètres, et qu’ils « n’auront pas besoin de bateau pour rentrer chez eux ».
Abu Sitta a expliqué qu’il faisait des projets concrets.
« Nous avons une trace de toutes les terres en Palestine, et de leur propriétaires, a-t-il affirmé. De nombreux villages sont encore déserts, et en ce qui concerne les villages détruits, nous savons combien de sac de ciments seront nécessaires pour les reconstruire. »
Le premier jour du congrès, Richard Falk, professeur de droit international à Princeton et ancien rapporteur des Nations unies, a décrit la création de l’État d’Israël comme « la campagne terroriste la plus réussie de l’Histoire ».
Il a ensuite affirmé que les démocraties « n’ont accepté Israël que pour apaiser leurs consciences ».
Le professeur Alan Johson, chercheur au Britain Israël Communications and Research Center (BICOM) a annulé son discours avant la conférence, parce qu’il estimait que la présentation de Falk était une « tentative de normalisation de l’antisémitisme ».
De son côté, la professeur Yosefa Loshitzky de la London University School of Oriental and African Studies a déclenché une controverse majeure en utilisant le terme nazi untermensch, qui signifie sous-homme, en parlant de ce qu’elle disait être des « crimes contre l’Humanité » de la part d’Israël.
L’un des organisateurs de l’évènement, le docteur Piaras MacEinri, professeur de géographie à l’UCC, est intervenu samedi, pour dire au public qu’il n’était pas satisfait de la tournure que prenait le débat. Il a ensuite confié au Times of Israel que le terme untermensch était inutile, et que « les Israéliens et les Juifs sont probablement les seuls à avoir droit de l’utiliser ».
« Comparer ce qui se passe au Moyen Orient avec ce qui s’est passé en Allemagne nazie est historiquement incorrect, et je n’accepterais jamais qu’une telle comparaison soit faite », a-t-il ajouté.
Tout en défendant les thématiques du congrès, auquel ont participé 170 délégués, MacEinri a réaffirmé que le discours raciste n’est jamais tolérable.
« Quand il a été question de faire venir le négationniste David Irving dans cette université, je m’y suis opposé », a-t-il dit.
« Personne à la conférence n’a appelé à la destruction d’Israël ni n’a soutenu des groupes comme le Hamas », a ajouté MacEinri.
« Bien que nous ayons été déçus que le professeur Alan Johnson se soit retiré du congrès, il faut reconnaître que l’historien Geoffrey Alderman a vivement défendu Israël face à un public très opposé à ses positions », a déclaré MacEinri.
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