Une bague vieille de 2 000 ans découverte dans la Cité de David à Jérusalem
Trouvé lors de fouilles sur le Chemin des pèlerins, ce bijou de l'ère du Second temple a probablement été égaré après un bain rituel, selon les archéologues
Amanda Borschel-Dan édite la rubrique « Le Monde Juif »
Il y a environ 2 000 ans, un pénitent juif a égaré une bague en bronze durant son ascension d’un chemin de 600 mètres tracé pour les pèlerins et menant au mont du Temple. Tandis que l’anneau qui a été découvert est aujourd’hui dévoré par la corrosion, sa pierre semi-précieuse centrale est encore étincelante.
La bague a été récemment découverte sur un site de fouilles du parc national de la Cité de David à Emek HaTsurim, dans un seau de terre provenant d’une structure placée au bord de ce chemin d’une largeur de 7,5 mètres et qui aurait accueilli un bain rituel ou mikveh. Selon les archéologues de la Cité de David, le fidèle a probablement perdu la bague alors qu’il venait de procéder à cette purification rituelle avant de grimper sur le mont du Temple.
Les archéologues fouillent depuis sept ans un escalier dorénavant souterrain qui était dans le passé un itinéraire majeur pour rejoindre le mont du Temple, à l’intersection des vallées Kidron et Ben Hinnom, dans la cité de David de Jérusalem.
« Chaque pas réalisé dans cette rue rapprochait les pèlerins du Temple », a commenté l’archéologue de la Cité de David Nahshon Szanton dans une vidéo récente consacrée à une visite du site. « Imaginez la joie, les chansons, les prières, le voyage spirituel que vivaient ces gens lorsqu’ils réalisaient qu’ils étaient seulement à quelques mètres des portes du Temple », ajoute-t-il alors qu’il gravit lui-même les escaliers monumentaux.
Le chemin des pèlerins, qui grimpe du Bassin de Siloam jusqu’au temple juif, a été construit à partir de l’an 30-31 de l’ère commune, au temps du célèbre gouverneur roman Ponce Pilate. Dans la courte vidéo, Szanton précise que c’est à cette période que Jésus a été condamné à mort.
Selon la cité de David, la route hérodienne était bordée de boutiques et d’entreprises au service des milliers de pèlerins qui se rendaient à Jérusalem lors des grandes fêtes.
L’artère principale est une réalisation monumentale : Szanton estime qu’environ 10 tonnes de pierres extraites ont été utilisées pour sa construction. Elle a été édifiée au-dessus d’un système de drainage complexe, dans lequel les rebelles se sont cachés quarante ans après la construction du chemin des Pèlerins, le second Temple ayant été détruit par les Romains en l’an 70 de l’ère commune.
« Cette canalisation de drainage était essentiellement un tunnel artisanal », dit la Cité de David. Elle avait été construite sous la route hérodienne. Ses plafonds sont constitués de pierres de pavage rectangulaires similaires à celles qui habillent le chemin des pèlerins.
L’anneau est peut-être un témoignage de la période finale de paix, lors de laquelle les pèlerins pouvaient toujours, en toute sécurité, monter au mont du Temple et pratiquer librement leur culte.
Dans un communiqué émis par la Cité de David, les archéologues Szanton, Moran Hajbi, Ari Levy et le docteur Joe Uziel estiment que « tout comme c’est le cas aujourd’hui, il apparaît que dans le passé, on enlevait les joyaux et les bagues avant de prendre un bain – et qu’on les oubliait parfois. C’est ce phénomène qui est peut-être à l’origine de la découverte de l’anneau dans une structure qui devait être un bain rituel ».
La bague est un rappel très humain de ceux qui empruntaient le chemin avant la destruction du temple, ajoutent-ils.
« Cet anneau nous permet de créer une connexion personnelle avec l’histoire d’un individu d’il y a 2 000 ans. La bague, ainsi que d’autres découvertes, peuvent éclairer et nous faire connaître la vie des gens pendant la période du Second temple », disent-ils.