Une cache nazie dans la jungle argentine ?
L’archéologue Daniel Schavelzon admet que sa ‘découverte’ était une spéculation de sa part
Stuart Winer est journaliste au Times of Israël
Il y a peu de preuves qui indiquent que le groupe de bâtiments retrouvé dans la jungle argentine était une cachette secrète des criminels de guerre nazis. Elle existait probablement avant la Seconde Guerre mondiale. Elle pourrait même avoir été construit de nombreuses années auparavant, a admis lundi au Guardian le chercheur qui a fait cette ‘découverte’ étonnante.
Les structures en pierre, situées au cœur du parc national Teius teyou Cuare, étaient présentées comme ayant été récemment découvertes par l’archéologue Daniel Schavelzon, qui a suggéré qu’elles avaient été utilisées par les criminels de guerre nazis qui ont fui après la défaite de l’Allemagne.
Mais Schavelzon a précisé que le lien qu’il a établi entre la découverte de certaines pièces de monnaie allemande et d’autres marchandises dans cette cache supposément nazie n’était que des « spéculations » de sa part qui ont pris une ampleur disproportionnée dans la presse.
« Il n’y a pas de documentation, mais nous avons trouvé des pièces de monnaie allemandes datant de la période de la guerre dans les fondations », a expliqué Schavelzon.
Les chercheurs de l’université de Buenos Aires ont retrouvé cinq pièces allemandes frappées entre 1938 et 1941 et un fragment de porcelaine portant l’inscription « Fabriqué en Allemagne », signale le journal Clarin au début de la semaine.
Cependant, selon le Guardian, les bâtiments étaient déjà ouverts au public il y a des décennies et les autres ruines à proximité remontent au 17e et au 18e siècle. Ces bâtiments en ruine étaient à l’époque utilisés par des missionnaires jésuites.
A proximité se trouve San Ignacio Mini, un monastère baroque qui attire de nombreux touristes.
Bien qu’un panneau sur les ruines souligne leur lien avec le site jésuite, il affirme également que « dans les années 1950, elles ont été rénovées et habitées par le plus fidèle serviteur d’Hitler, Martin Bormann ».
Pourtant, le Guardian émet un doute quant à la présence de Bormann en Argentine. Il indique qu’il est très probable que cela soit une erreur fondée sur de faux fichiers vendus dans les années 1970 par des policiers argentins à l’historien hongrois Ladislas Farago.
En outre, un test d’ADN effectué en 1998 a prouvé que des os se trouvant à Berlin étaient ceux de Bormann, et qu’il a été tué alors qu’il tentait de fuir la ville en 1945.
En ce qui concerne les pièces de monnaie, elles auraient pu tomber de la poche des nombreux immigrants qui sont arrivés en Argentine – selon l’article, près de trois millions Argentins sont d’origine allemande.
Après la guerre, des milliers de nazis, des fascistes oustachis croates et des fascistes italiens se sont réfugiés en Argentine avec la bénédiction du président Juan Peron, qui a dirigé le pays entre 1946 et 1955 et de nouveau brièvement dans les années 1970, selon le centre Simon Wiesenthal.
Plutôt que de vivre dans des bunkers secrets dans la jungle, ils ont élu domicile dans la banlieue de Buenos Aires.
En 1960, le nazi Adolf Eichmann, qui a aidé à organiser l’Holocauste, a été capturé à Buenos Aires par un commando israélien. Il a été jugé en Israël où il a été exécuté.
Parmi les autres nazis qui avaient cherché refuge en Argentine, il y a Josef Mengele, Walter Kutschmann, Josef Schwammberger, Eduard Roschmann, Wilfred Von Four, et Alois Brunner.
L’AFP a contribué à cet article.