Une étonnante église roumaine est le dernier monastère déminé de Qasr al-Yahoud
Il reste encore six mois de travail sur le site de pèlerinage chrétien jusqu'à ce que la zone soit jugée exempte de mines terrestres
Les démineurs ont terminé cette semaine l’élimination des mines antipersonnel du septième et dernier monastère de la Terre des monastères, un site religieux près du Jourdain, où les chrétiens estiment que Jésus a été baptisé.
Presque toutes les grandes communautés chrétiennes ont construit des monastères sur le site, également connu sous le nom de Qasr al-Yahoud, sur les rives du Jourdain, à 10 kilomètres à l’est de Jéricho. En 1968, après la guerre des Six Jours, Israël a bloqué l’accès aux églises et a englobé le site dans la zone militaire fermée le long de la frontière avec la Jordanie, craignant que les terroristes puissent utiliser les églises comme bases d’attaques contre les implantations israéliennes. Le Jourdain n’est large que de quelques mètres à cet endroit.
L’armée israélienne a posé plus de 6 500 mines antipersonnel dans la zone et a posé des pièges à l’intérieur de l’église à la fin des années 1960 et dans les années 1970.
Pendant des décennies, les monastères criblés de balles sont restés fermés, des banderoles jaunes avertissant de la présence de mines antipersonnel battant au vent.
Cette semaine, l’Autorité de déminage nationale israélienne du ministère de la Défense, l’armée israélienne, l’organisation internationale anti-mines HALO Trust et la société israélienne 4CI ont terminé le nettoyage du monastère roumain, le septième et dernier monastère à être nettoyé. On compte néanmoins encore des milliers de mines antipersonnel éparpillées dans la Terre des monastères et il faudra encore six mois aux démineurs pour les désamorcer avant que la zone puisse commencer à être ouverte au public.
Les démineurs ont gardé le monastère roumain pour la fin car son emplacement rendait difficile le déminage. Le monastère est situé entre le Jourdain et le bras nord du ruisseau Prat, ce qui signifie que les spécialistes ont d’abord dû déminer, puis construire une route d’accès pour atteindre le bâtiment.
Un groupe de moines roumains a fondé le monastère dans les années 1920. Il y a deux bâtiments en pierre ainsi qu’une grande zone agricole où les moines cultivaient la terre et la vigne pour faire du vin. Les bâtiments sont pour la plupart intacts et les fresques ornementales sont encore visibles sur le plafond, avec des couleurs vives.
En mai, les démineurs ont fait exploser 900 mines antipersonnel à la fois dans la plus grande explosion contrôlée de la zone.
En 2011, le COGAT – l’unité du ministère de la Défense qui assure la liaison avec les Palestiniens – et l’Autorité de la nature et des parcs ont ouvert une route d’accès qui mène au site baptismal sur le Jourdain. Plus de 800 000 personnes le visitent chaque année, surtout à l’occasion de la fête de l’Épiphanie, célébrée le 18 janvier.
En 2016, HALO Trust, un groupe de déminage basé au Royaume-Uni qui opère dans 27 pays et territoires à travers le monde, a annoncé qu’il entamerait le processus de déminage autour de Qasr al-Yahoud. Toutefois, les travaux de déminage ont été retardés de deux ans en raison de problèmes de financement.
HALO Trust a alloué environ 10 millions de shekels (2,5 millions d’euros), largement financés par des dons, tandis que le gouvernement israélien a débloqué 7,5 millions de shekels (1,8 million d’euros).
L’Autorité de déminage nationale israélienne a indiqué que les travaux devraient s’achever en janvier 2020.