Une Israélienne poursuit Airbnb en justice pour « discrimination scandaleuse »
Maanit Rabinovich, de l'avant-poste de Kida, poursuit également l'ONG de gauche Kerem Navot, qui a fait pression sur Airbnb pour qu'il supprime ses annonces en Cisjordanie

Une résidente d’une implantation de Cisjordanie, qui dans le passé faisait la publicité d’un appartement à louer sur Airbnb, a déposé jeudi devant le tribunal de district de Jérusalem une demande de recours collectif contre le géant des locations vacances pour le retrait des annonces dans les implantations israéliennes.
Maanit Rabinovich, de l’avant-poste de Kida, a déclaré dans sa plainte que la décision d’interdire les annonces situées dans les implantations en Cisjordanie constitue « une discrimination grave, humiliante et extrêmement scandaleuse fondée sur la situation géographique, le pays d’origine et les opinions des habitants ».
Rabinovich a indiqué qu’elle n’avait jamais reçu de notification d’Airbnb sur sa décision, bien qu’elle ait déjà annoncé des locations à court terme sur son site Web.
« Il était beaucoup plus important pour l’entreprise de ‘se précipiter’ vers les médias pour faire connaître sa décision, au lieu de commencer par informer toutes les personnes que cela allait léser », a-t-elle accusé.
Le procès vise également Kerem Navot, une ONG israélienne de gauche qui a aidé le groupe militant de Human Rights Watch à rédiger un rapport sur la location d’appartements en Cisjordanie. Rabinovitch a affirmé que l’organisation est « une partie intégrante » du mouvement de boycott d’Israël et a fait pression sur Airbnb pour prendre sa décision.
La plainte accuse Airbnb d’avoir prétendu que sa politique s’adressait avant tout aux zones de conflit, alors qu’elle « s’adresse en fait uniquement aux personnes vivant dans des implantations en Israël en Judée et en Samarie ».
Des responsables israéliens, dont le ministre du Tourisme Yariv Levin et le ministre des Affaires stratégiques Gilad Erdan, ont qualifié de « raciste » et antisémite la décision d’Airbnb, arguant qu’elle appliquait une norme différente à l’État juif qu’aux autres territoires contestés dans le monde.
Dans sa déclaration de lundi, Airbnb a indiqué que 200 annonces israéliennes en Cisjordanie seraient supprimées, après que la compagnie a conclu qu’elles étaient « au cœur du différend entre Israéliens et Palestiniens ».
La société a déclaré que la décision de retirer les annonces a été prise après avoir passé « beaucoup de temps » à consulter des experts sur le conflit israélo-palestinien. Airbnb a déclaré qu’en tant que leader du secteur, elle « doit tenir compte de l’impact que nous avons et agir de manière responsable ».

L’annonce a été faite la veille de la publication par Human Rights Watch d’un rapport détaillant les activités de l’entreprise dans les implantations israéliennes.
Au milieu des protestations des dirigeants des implantations et de leurs alliés au sein du gouvernement, Chris Lehane, responsable mondial des politiques et des communications d’Airbnb, a publié mardi un communiqué disant, « Israël est un endroit extraordinaire et nos 22 000 hôtes, des gens extraordinaires qui ont accueilli des centaines de milliers de visiteurs en Israël. Nous comprenons qu’il s’agit d’une question difficile et compliquée et nous tenons compte du point de vue de chacun ».
Mercredi, Erdan a appelé les Israéliens à boycotter Airbnb à la lumière de la décision de l’entreprise, ajoutant que le gouvernement examinait « de nombreuses pistes d’action ».
Mercredi également, un responsable d’Airbnb a déclaré au Times of Israel que l’entreprise était en train d’évaluer la possibilité de supprimer ses annonces dans le territoire contesté du Sahara occidental.