Une lauréate du Nobel accusée d’antisémitisme dans son discours prononcé à Harvard
La journaliste Maria Ressa dit avoir été "traitée d'antisémite par l'argent et le pouvoir parce qu'ils veulent de l'argent et du pouvoir" ; le rabbin du campus a quitté la cérémonie
La journaliste philippine et militante de la liberté d’expression Maria Ressa, qui a prononcé le discours d’ouverture de la cérémonie de remise des diplômes de l’Université de Harvard jeudi, a été accusée d’avoir utilisé une expression antisémite dans son discours, ce qui a conduit un rabbin du campus à quitter l’événement.
« Parce que j’ai accepté votre invitation à être ici aujourd’hui, j’ai été attaquée en ligne et traitée d’antisémite par l’argent et le pouvoir parce qu’ils veulent de l’argent et du pouvoir », a déclaré Ressa, qui a reçu le prix Nobel de la paix en 2021 pour ses reportages d’investigation sur l’ancien président philippin Rodrigo Duterte.
« [L]’autre camp », a ajouté Ressa, « m’attaquait déjà parce que j’avais partagé une scène avec Hillary Clinton« , l’ancienne secrétaire d’État américaine qui a exprimé son soutien à Israël.
Le rabbin du mouvement Habad Loubavitch de Harvard, Hirschy Zarchi, s’est ensuite tourné vers Ressa pour lui demander de clarifier sa remarque sur « l’argent et le pouvoir », qu’il avait jugée antisémite, comme il l’a, par la suite, expliqué au journal du campus, The Harvard Crimson.
Se rendant compte que Ressa ne le ferait pas, Zarchi a quitté la scène durant un discours subséquent, selon le journal étudiant.
Ni Ressa ni le porte-parole de l’université n’ont réagi à la demande de commentaire du Crimson.
The President of Harvard Chabad, Rabbi Hershey Zarchi, was correct to ask Nobel laureate @mariaressa to clarify her following words on stage, after her commencement speech.
“Because I accepted your invitation to be here today, I was attacked online and called anti-semitic. By… pic.twitter.com/oqFkRgnHSl
— Avraham Berkowitz (@GlobalRabbi) May 24, 2024
Depuis des mois, les universités américaines, en pleine saison de remise des diplômes, sont secouées par des manifestations pro-palestiniennes et anti-Israël appelant leurs établissements à couper les liens avec Israël en raison de sa guerre contre le groupe terroriste palestinien du Hamas dans la bande de Gaza.
Dans certains campus, des campements anti-Israël – qualifiés d’antisémites par plusieurs groupes juifs – ont été dispersés par les forces de l’ordre, ce qui a conduit à l’arrestation de plus de 3 000 étudiants activistes dans l’ensemble du pays, parfois de manière vigoureuse.
Harvard est dans le viseur en raison des manifestations sur les campus américains depuis le 7 octobre, date à laquelle des milliers de terroristes palestiniens du Hamas ont pris d’assaut le sud d’Israël le 7 octobre, tuant près de 1 200 personnes, principalement des civils, tout en prenant 252 otages de tous âges, en commettant de nombreuses atrocités et en utilisant la violence sexuelle comme arme à grande échelle.
Peu après barbare et sadique du Hamas, une trentaine de groupes d’étudiants ont signé une pétition attribuant la responsabilité de la violence au « régime israélien ».
La présidente d’Harvard de l’époque, la politologue Claudine Gay, a fait les gros titres en décembre lorsque, lors d’une audition au Congrès aux côtés de deux autres présidentes d’universités d’élite, elle a répondu de manière évasive à la question de savoir si l’appel au génocide contre les Juifs violait le code de conduite de l’université.
À la question de savoir si les appels au « génocide » contre les Juifs violaient le code de conduite de Harvard, Gay n’a pas répondu directement par l’affirmative, se contentant de dire que cela dépendait du « contexte ».
Bien qu’elle ait d’abord résisté à la tempête, Gay a démissionné un mois plus tard, après que des accusations de plagiat à son encontre ont été révélées.
Ressa, qui s’est exprimée jeudi, a suscité des acclamations lorsqu’elle a remercié Gay de l’avoir invitée à prendre la parole lors de la cérémonie de remise des diplômes. Elle a également félicité les orateurs étudiants précédents, qui s’étaient écartés des commentaires pré-approuvés en exprimant leur solidarité avec les treize étudiants ayant pris part à un campement de protestation ne se verraient pas remettre leur diplôme en même temps que leurs camarades de classe, en dépit d’un vote de la faculté.
Dans son discours, la journaliste lauréate du prix Nobel a accusé les entreprises technologiques américaines d’utiliser son pays natal, les Philippines, comme une « boîte de Pétri » pour les réseaux sociaux – dont, a-t-elle dit, les Philippins ont été, « pendant six années fatidiques », les utilisateurs les plus prolifiques du monde -, provoquant ainsi des ravages dans la société.
« Ce qui nous est arrivé aux Philippines, c’est ici : les manifestations sur les campus mettent tout le monde à l’épreuve en Amérique », a estimé Ressa.
« Les manifestations sont saines », a poursuivi Ressa. « Elles ne devraient pas être violentes. Les protestations portent une voix ; elles ne devraient pas être réduites au silence. »
Le Harvard Crimson a noté que Ressa avait été accusé d’antisémitisme au début du mois lorsque le Washington Free Beacon – le média conservateur qui a été le premier à rendre publiques les allégations de plagiat à l’encontre de Gay – a rapporté que la société de médias de Ressa, Rappler, avait comparé Israël à Adolf Hitler.
Ressa s’était défendue de cette accusation, déclarant dans un communiqué ultérieur que la publication conservatrice avait mal interprété l’article, qui avait été écrit à l’origine dans sa langue maternelle, le Tagalog.
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