Une olah de France remporte Master Chef Israel
Son mari, Eddie Avitan, dans le public lors de l'émission, a été lourdement condamné en France dans l'affaire de la fraude à la taxe carbone

La 8e saison de Master Chef Israël, diffusée sur la chaine Keshet 12, s’est achevée ce dimanche soir par la victoire de Vanessa Vidal Avitan, 42 ans, face aux candidats Gal Caspers et Shachar Levi. Grâce à ses 387 points obtenus, elle repart avec 100 000 shekels et une nouvelle cuisine. Elle a devancé d’un point seulement Shachar Levi. Gal Caspers a obtenu 96 points durant cette finale.
La compétition culinaire a duré 12 semaines. Une aventure « riche en éclats de rire, en larmes, en émotions fortes, en adrénaline et en rencontres avec des gens extraordinaires », a écrit Vanessa Vidal Avitan dans un long message Instagram. Un « rêve devenu réalité », a-t-elle ajouté.
Dans l’émission, elle s’est particulièrement fait remarquer pour son gâteau croque-en-bouche.
Suite à sa participation à l’émission, elle a tourné un spot publicitaire pour la marque vestimentaire israélienne « Crazy Line ».
Sur sa page Instagram, elle se dit passionnée par l’art culinaire et la mode. Vanessa Vidal Avitan a émigré en Israël par amour du pays et car elle souhaitait « devenir Israélienne » depuis la France il y a 16 ans, où elle gérait les relations presse pour la maison de mode Chloe. Elle habite à Raanana, est mère de 6 enfants et est aujourd’hui responsable du marketing dans l’entreprise immobilière de luxe Kerem Beit Yosef, dirigée par son mari, Eddie Avitan.
Venu encourager sa femme, l’homme a été montré lors de la finale de l’émission, où il se trouvait au premier rang du public, criant en français « ça sent bon chérie, ça sent bon », entouré de sa belle-mère et d’autres membres de la famille. Ce mardi, la Treizième chaine israélienne a révélé qu’il faisait partie des condamnés par la justice française dans l’affaire de la fraude à la taxe carbone.
« Je l’ai reconnu tout de suite, témoigne Emmanuelle Elbaz-Phelps, la journaliste qui a révélé l’affaire au JT de sa chaîne. En 2017, j’ai réalisé un documentaire télé [pour la chaine publique Kan 11] sur l’affaire de l’escroquerie au CO2 et j’avais récupéré des photos de lui. »
« Il n’a jamais été interviewé (par les médias, ndlr), c’est sa première apparition publique », a déclaré mercredi à l’AFP Mme Elbaz-Phelps.

Eddie Avitan a été condamné par contumace dans trois affaires à six ans d’emprisonnement et un et deux millions d’euros d’amende, après avoir fui en Israël – les autorités israéliennes ne l’ont jamais extradé. Il aurait joué un « rôle majeur » dans la fraude, selon le tribunal, et fait l’objet de deux mandats d’arrêt, émis par Interpol.
Fabrice Arfi, journaliste de Mediapart et auteur de l’ouvrage D’argent et de sang, une référence concernant l’affaire, le décrit comme « l’une des figures de l’escroquerie du siècle ». Son nom revient ainsi dans trois dossiers distincts dits « Ellease », « Crépuscule » et « B-Concept ».
« Presque aucun argent provenant de la TVA sur le carbone n’é été retrouvé, il est donc surprenant de voir Avitan profiter de la vie », a déclaré Arfi la Treizième chaine.
Eddie Avitan a été jugé pour avoir créé des sociétés off-shores utilisées pour commettre des faits d’escroquerie et de blanchiment en bande organisée. Dans son dernier jugement, en février 2019, le tribunal correctionnel de Paris a souligné son « véritable ancrage dans cette délinquance ».
Suite aux révélations de la Treizième chaine ce mardi, l’avocat d’Eddie Avitan, Yaron London, a déclaré dans un communiqué de réponse que son client « est un homme d’affaires légitime en Israël, spécialisé dans l’immobilier. En France, il a fait appel de sa condamnation dans ‘l’affaire du siècle’. Son innocence finira ainsi par être révélée ».
Interrogé sur une éventuelle demande d’extradition de la justice française, Me London a assuré ne pas être au courant d’une telle procédure.
Un avocat d’Eddie Avitan a déclaré mardi à Mediapart que la présence de son client dans le public de l’émission Master Chef était « probablement imprudente, mais n’était en aucun cas une provocation. Eddie Avitan est bien sûr conscient des jugements en France. Pour lui, Israël est un peu comme une prison ouverte dans laquelle il se trouve enfermé. Il ne peut pas voyager. Les personnes avec un mandat d’arrêt comme lui ne se sentent pas nécessairement libres ».
En 2004, déjà, Avitan avait été condamné en France à une peine d’un an et demi de prison dont six mois ferme dans une affaire de fraude fiscale alors qu’il travaillait dans le secteur de la téléphonie dans les années 1990.
« L’escroquerie du siècle », ainsi que l’ont qualifiée les médias, qui s’est déroulée sur le marché des quotas d’émissions de CO2 en 2008-2009, consistait à acheter des droits à polluer hors taxe dans un pays européen, avant de les revendre en France à un prix incluant la TVA, puis d’investir le total dans une nouvelle opération.
La TVA n’était jamais reversée à l’État. L’arnaque a coûté au total 1,6 milliard d’euros au fisc français, selon la Cour des comptes et environ 5 milliards d’euros au niveau européen, selon Europol.
Plusieurs protagonistes de l’affaire ont opéré depuis Israël selon les médias.
En août, les autorités israéliennes ont annoncé l’extradition en France du Franco-Israélien Mickael Aknin soupçonné d’avoir dirigé des sociétés ayant détourné environ 51 millions d’euros aux dépens du fisc français à la fin des années 2000, dans le cadre de cette affaire.
L’AFP a contribué à cet article.