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Unilever annonce avoir résolu son litige avec Ben & Jerry’s

Cette résolution du litige met fin à une tentative de boycott qui aura duré plus d'un an ; la filiale indépendante du fabricant de crème glacée en Israël poursuivra ses activités

Un Israélien fait ses courses à l'usine de crème glacée Ben & Jerry's dans la zone industrielle de Beer Tuvia, le 20 juillet 2021. (Crédit : AP Photo/Tsafrir Abayov)
Un Israélien fait ses courses à l'usine de crème glacée Ben & Jerry's dans la zone industrielle de Beer Tuvia, le 20 juillet 2021. (Crédit : AP Photo/Tsafrir Abayov)

Le géant de l’agroalimentaire et des produits d’hygiène Unilever a annoncé que son litige avec sa filiale Ben & Jerry’s sur la vente de ses glaces dans les implantations israéliennes en Territoires palestiniens a été résolu après une tentative de boycott l’an dernier.

« Le litige avec le conseil d’administration indépendant de Ben & Jerry’s a été résolu », a annoncé Unilever dans un communiqué publié jeudi en fin de journée, sans donner plus de détails, mettant ainsi fin à une saga qui aura duré plus d’un an.

En juillet 2021, le groupe américain Ben & Jerry’s avait annoncé que la vente de ses produits glacés dans les implantations israéliennes, où vivent près de 700 000 Israéliens en Cisjordanie et à Jérusalem-Est, n’était pas « compatible » avec ses « valeurs ».

La décision avait été saluée par les Palestiniens et considérée comme une victoire de la campagne internationale de boycottage (BDS) de l’Etat hébreu.

Près d’un an plus tard, Unilever avait annoncé avoir cédé ses « intérêts commerciaux en Israël à Avi Zinger », détenteur de la licence de la marque dans ce pays qui avait toutefois contrevenu aux directives de sa maison-mère en continuant de distribuer dans les implantations les glaces « Ben & Jerry’s », produites par son usine en banlieue de Tel-Aviv.

Des pots de crème glacée dans l’usine Ben and Jerry’s près de Kiryat Malachi, le 21 juillet 2021. (Crédit : Flash90)

Ben & Jerry’s avait pris la décision inhabituelle de porter plainte contre sa maison mère Unilever en raison du blocage de cette opération, mais avait vu sa demande rejetée l’été dernier par un juge new-yorkais.

Zinger, directeur de la filiale israélienne de Ben & Jerry’s et acteur clé de la lutte contre le boycott, s’est dit « heureux » que le litige ait été résolu.

Il a déclaré qu’il n’y avait pas de changement à l’accord qu’il a signé avec Unilever plus tôt cette année pour poursuivre les opérations.

« J’ai hâte de continuer à produire et à vendre la délicieuse crème glacée Ben & Jerry’s sous les marques hébraïque et arabe en Israël et en Cisjordanie, et ce pour longtemps », a déclaré Zinger.

Contactée par l’AFP pour obtenir des précisions, une porte-parole d’Unilever a précisé vendredi que « les modalités de l’accord sont confidentielles ».

Fondée en 1978, Ben & Jerry’s est une entreprise connue pour ses engagements progressistes, de la protection de l’écologie au respect des droits humains ou la question des inégalités.

Des manifestants pro-israéliens protestent à New York contre Ben & Jerry’s au sujet de son boycott des implantations, le 12 août 2021. (Crédit : Luke Tress/Flash90)

Lors de son rachat par Unilever en 2000, elle s’était expressément réservée le droit de préserver son « intégrité » avec un conseil d’administration indépendant et conservait son pouvoir de protéger la « mission sociale » de l’entreprise, qu’il considère comme étant au cœur de son succès financier.

Usant de ce pouvoir, le conseil d’administration de Ben & Jerry’s avait annoncé l’année dernière un boycott des implantations en Cisjordanie, sans coordination avec Unilever. Ce boycott a provoqué un retour de bâton financier massif pour Unilever, et Ben & Jerry’s Israël a intenté un procès à l’entreprise internationale basée au Royaume-Uni.

Les deux parties sont parvenues à un accord au début de l’année, donnant à Ben & Jerry’s Israël l’indépendance nécessaire pour poursuivre ses ventes en Israël et en Cisjordanie en utilisant des marques libellées en hébreu et en arabe.

Ben & Jerry’s a ensuite intenté un procès à Unilever concernant la décision de se séparer de sa branche israélienne devant un tribunal fédéral de New York.

Au début du mois, Unilever avait demandé à un juge de rejeter la plainte, arguant que le conseil d’administration de Ben & Jerry’s avait outrepassé ses droits avec cette tentative de boycott.

L’insistance de la société du Vermont à prendre parti dans le conflit israélo-palestinien a créé une situation intenable pour toutes les parties, selon la requête.

En août, un juge fédéral américain a rejeté la demande d’injonction de Ben & Jerry visant à bloquer les ventes en Cisjordanie pendant le procès. Le juge a déclaré que Ben & Jerry’s n’avait pas réussi à démontrer que la décision d’Unilever porterait atteinte à la mission sociale de Ben & Jerry’s ou sèmerait la confusion chez ses clients.

La décision du fabricant de crème glacée de boycotter les implantations a suscité un tollé en Israël et parmi certains groupes juifs américains. Les détracteurs du boycott des implantations ont affirmé qu’il était antisémite, car la société n’a jamais tenté de boycotter une autre région du monde.

Les partisans du mouvement de boycott d’Israël affirment qu’en exhortant les entreprises, les artistes et les universités à rompre leurs liens avec Israël, ils utilisent des moyens non violents pour s’opposer aux politiques injustes envers les Palestiniens. Israël affirme que le mouvement masque ses motivations à délégitimer et à détruire l’État juif.

La tentative de boycott est une épine dans le pied d’Unilever depuis plus d’un an.

En juillet 2021, après la guerre d’Israël contre les terroristes de Gaza et une lourde campagne sur les réseaux sociaux contre l’entreprise, Ben & Jerry’s avait annoncé un boycott des « territoires palestiniens occupés ». Cette décision a eu de lourdes répercussions pour Unilever, car les États américains ont adopté des lois de désinvestissement anti-BDS, retirant des centaines de millions de dollars d’investissements du conglomérat.

La crème glacée Ben & Jerry’s en vente à Jérusalem le 20 juillet 2021. (Crédit : Ahmad Gharabli/AFP)

Zinger, et son entreprise ont refusé de se conformer au boycott des implantations, arguant qu’il était illégal au regard du droit israélien et américain. Leur licence de vente de crème glacée ne devait expirer qu’à la fin de 2022, ce qui signifie que le boycott n’a jamais pris effet.

En mars, Ben & Jerry’s Israël a intenté un procès à Unilever aux États-Unis, affirmant qu’Unilever avait mis fin au contrat commercial de manière illégale.

En juin, Unilever a conclu un accord avec Ben & Jerry’s Israël, accordant à la branche israélienne l’indépendance de vendre ses produits indéfiniment en Israël et en Cisjordanie, en utilisant des marques en hébreu et en arabe. En vertu de cet accord, Ben & Jerry’s n’a aucune autorité sur la franchise israélienne.

Peu après l’annonce de cet accord, Ben & Jerry’s a cherché à bloquer la transaction en poursuivant Conopco, la principale branche américaine d’Unilever, arguant qu’Unilever avait violé son accord d’acquisition avec Ben & Jerry’s.

« La position de Ben & Jerry’s est claire : la vente de produits portant un quelconque insigne Ben & Jerry’s dans le territoire palestinien occupé est contraire à nos valeurs », a déclaré Ben & Jerry’s dans un communiqué le mois dernier.

Les fondateurs de la société de fabrication de crème glacée Ben & Jerry’s, deux Juifs, qui ne dirigent plus la société, ont déclaré en septembre que la société mère Unilever avait « fait un usage abusif de son autorité » en se séparant de la branche israélienne.

Cette affaire a illustré les pièges de l’activisme progressiste des entreprises, les risques encourus par les entreprises qui tentent de boycotter Israël et le rôle croissant des investissements des entreprises dans le conflit israélo-palestinien aux États-Unis.

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