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Morningstar va intensifier ses efforts pour éliminer les préjugés anti-Israël

Le géant américain de gestion d'actifs cessera de faire référence aux territoires "occupés" et de s’appuyer sur le Conseil des droits de l'homme de l'ONU

Luke Tress est le vidéojournaliste et spécialiste des technologies du Times of Israël

Illustration : Des participants à une conférence Morningstar sur l'investissement marchant sous des bannières au McCormick Center de Chicago, le 24 juin 2010. (Crédit : AP Photo/Spencer Green/Dossier)
Illustration : Des participants à une conférence Morningstar sur l'investissement marchant sous des bannières au McCormick Center de Chicago, le 24 juin 2010. (Crédit : AP Photo/Spencer Green/Dossier)

La société américaine de gestion d’actifs Morningstar a déclaré qu’elle prendrait des mesures supplémentaires pour répondre aux allégations de partialité anti-israélienne dans ses notations, après une longue campagne de pression de la part de groupes juifs et de responsables républicains.

La société, évaluée à plusieurs milliards de dollars, a été accusée à plusieurs reprises de préjugés dans ses notations à l’encontre des entreprises israéliennes, notamment par le biais de l’une de ses filiales, Sustainalytics.

Morningstar a déclaré lundi qu’elle allait mettre en œuvre des mesures pour remédier à ces préoccupations, après avoir déjà pris des contre-mesures plus tôt cette année.

« Morningstar s’engage à faire preuve d’objectivité, de transparence et de cohérence dans l’ensemble de ses recherches », a déclaré la société basée à Chicago dans un communiqué annonçant les nouvelles mesures. Elle a également réitéré son opposition au mouvement anti-Israël Boycott, Désinvestissement et Sanctions (BDS), qui fait l’objet de répercussions juridiques dans de nombreux États.

Les nouvelles mesures ont été prises après des mois de dialogue avec les principales organisations juives américaines, notamment les Fédérations juives d’Amérique du Nord (JFNA), l’Anti-Defamation League (ADL), l’American Jewish Committee (AJC) et le Louis D. Brandeis Center for Human Rights Under Law.

« Nous pensons qu’une critique constructive peut améliorer nos recherches. Nous avons entamé un processus d’engagement avec l’intention d’être transparents, d’écouter, d’apprendre et de prendre les mesures appropriées », a déclaré le PDG de Morningstar, Kunal Kapoor, au sujet des discussions avec les différents groupes juifs.

« Ces améliorations, associées aux actions que nous avons prises jusqu’à présent, soulignent l’esprit de détermination et la bonne foi que nous avons apportés à ce dialogue », a déclaré Kapoor.

Parmi les nouvelles mesures, la société a déclaré que Sustainalytics s’assurera que ses analystes ne présument pas des problèmes de droits de l’homme entourant les activités commerciales dans les régions liées au conflit israélo-palestinien ; elle utilisera des termes géographiques neutres, tels que « Cisjordanie » au lieu de « territoire occupé » ; elle changera son approche des sources médiatiques qui peuvent être biaisées ; elle fournira une formation sur l’antisémitisme à son personnel ; et elle demandera conseil à des experts indépendants en ce qui concerne le conflit.

« Sustainalytics cessera d’utiliser le Conseil des droits de l’homme de l’ONU et le centre de recherche WhoProfits comme sources, car tous deux ont été jugés partiaux », a déclaré Morningstar.

Des manifestants pro-Israël protestant contre Ben and Jerry’s au sujet de son boycott des implantations, à New York, le 12 août 2021. (Crédit : Luke Tress/Flash90)

Des groupes juifs tels que la JFNA, l’ADL, le Brandeis Center, l’AJC, Combat Antisemitism et la Conférence des présidents ont salué l’annonce.

JLens, une organisation qui fait la promotion d’Israël dans le monde des investisseurs et qui a été la première à attirer l’attention sur la question chez Morningstar, s’est également déclarée « satisfaite » de cette évolution.

« Nous apprécions l’engagement de Morningstar envers nos communautés, ainsi que le rejet ferme par ses dirigeants de la campagne du mouvement Boycott, Désinvestissement et Sanctions (BDS) visant à discréditer Israël », a déclaré Eric Fingerhut, directeur de la JFNA. « Le parti pris anti-Israël est un problème pernicieux et il faut être vigilant pour le combattre. »

« Nous sommes heureux que Morningstar ait fait des progrès significatifs à ce jour pour résoudre les nombreux problèmes identifiés par la communauté juive et d’autres parties prenantes », a déclaré Jonathan Greenblatt, PDG et directeur national de l’ADL. « Mais, il reste encore beaucoup à faire. Nous sommes impatients de travailler avec Morningstar et Sustainalytics pour aider à la mise en œuvre et à la surveillance de leur plan de changement. »

La controverse s’est concentrée sur les notations de Morningstar pour l’investissement guidé par l’ESG – Environment, Social and Governance (Environnement, Social et Gouvernance), qui combine des données sur un large éventail de questions pour classer la durabilité des entreprises et des produits. Sustainalytics, une société néerlandaise acquise par Morningstar en 2020, est l’une des principales sociétés qui notent les entreprises en fonction de leur responsabilité sociale.

JLens avait initialement fait part de son inquiétude face aux préjugés anti-israéliens présumés de Sustainalytics, affirmant que la firme soutenait le mouvement BDS. Selon JLens, l’un des outils mis au point par Sustainalytics, le Human Rights Radar, avait tendance à détourner les investisseurs d’Israël en gonflant de manière inappropriée les évaluations du pays en termes de risque et de controverse.

Morningstar avait rejeté l’accusation tout en sollicitant les services d’un cabinet juridique extérieur pour mener une enquête sur le sujet après une longue dispute l’opposant aux défenseurs d’Israël. Au mois de juin, Morningstar avait rendu publics les résultats de l’enquête. Ce réexamen a effectivement révélé « une partialité » anti-Israël.

Illustration : Des militants BDS anti-Israël à New York, le 15 mai 2021. (Crédit : Luke Tress/Times of Israel)

Morningstar avait de prime abord indiqué que le rapport rédigé par le cabinet White & Case, n’avait trouvé aucun élément laissant penser que les produits de Sustainalytics recommandaient ou encourageaient le désinvestissement d’Israël et qu’il n’y avait non plus, dans ces outils proposés au public, de preuve de partialité systémique à l’encontre d’Israël.

Toutefois, le rapport d’enquête avait révélé que le produit Human Rights Radar « avait fait preuve de partialité dans ses résultats en sur-représentant les entreprises liées au conflit israélo-palestinien ».

L’enquête avait également indiqué que Human Rights Radar « utilisait parfois un langage incendiaire et ne fournissait pas toujours de sources claires et cohérentes ». Elle a fait remarquer que l’outil faisait largement le lien entre tout le commerce réalisé dans « les territoires occupés » israéliens et des violations faites aux droits de l’homme, considérant comme occupés le plateau du Golan, la bande de Gaza et Jérusalem-Est.

Le rapport d’enquête avait également précisé que Sustainalytics tirait ses sources de groupes très critiques à l’égard de l’État juif et notamment de Human Rights Watch, Amnesty International et de Who Profits. Il avait aussi établi que Sustainalytics utilisaient des sources clairement anti-Israël, telles que Electronic Intifada et BDSMovement.net, jusqu’en 2019, année où elles avaient été qualifiées  de « non-fiables ». En 2021, Sustainalytics avait cessé d’utiliser les médias officiels iraniens et vénézuéliens.

Morningstar a également reconnu qu’elle avait « trop négligé » les préoccupations qui avaient été soulevées.

En conséquence, Morningstar a déclaré qu’elle abandonnait Human Rights Radar et qu’elle s’efforcerait de rendre Sustainalytics plus transparent.

La société a envoyé au Times of Israel un document montrant ce qu’elle dit être ses notations favorables pour Israël et les entreprises israéliennes.

Morningstar avait lancé ce réexamen quelques semaines avant son placement sur liste noire par le Bureau politique des investissements de l’Illinois, ce qui aurait interdit aux systèmes de retraite d’État d’investir dans l’entreprise.

Après que les groupes juifs ont attiré l’attention sur la question, les représentants républicains ont également commencé à marteler Morningstar sur son prétendu parti pris anti-Israël. Certains membres du parti Républicain américains estiment que l’investissement guidé par les critères de l’ESG sacrifie les intérêts commerciaux à la politique de gauche. Le soutien à Israël est également une cause importante pour certains législateurs républicains.

Illustration : Un partisan BDS lors de la parade d’Israël, à New York, le 22 mai 2022. (Crédit : Luke Tress/ Times of Israel)

Une foule de représentants d’États républicains, dont des procureurs généraux et des hauts responsables financiers, ont publié des lettres officielles accusant Morningstar de partialité, de « tromper intentionnellement » le public et de « fraude présumée envers les consommateurs et de pratiques commerciales déloyales ».

La trésorière de l’État de l’Arizona, Kimberly Yee, qui doit être réélue mardi, a déclaré lundi que son bureau continuerait d’enquêter sur Morningstar pour des violations du mouvement BDS malgré cette nouvelle annonce.

« Bien que je sois heureuse que Morningstar prenne des mesures pour modifier ses notes de risque pour les entreprises faisant des affaires en Israël, mon bureau n’a pas encore terminé son enquête interne. Je vais continuer à faire pression sur Morningstar et à dénoncer toute entreprise qui discrimine le peuple d’Israël », a déclaré Yee.

Les investissements dans les entreprises sont devenus une arme placée entre les mains des entreprises américaines dans le conflit israélo-palestinien. Différents États ont retiré des centaines de millions d’investissement dans Unilever, société-mère de Ben & Jerry’s, après que le géant des crèmes glacées a tenté de stopper ses ventes dans les implantations de Cisjordanie l’année dernière.

Unilever a finalement trouvé un accord avec Ben & Jerry’s Israel au début de l’année dans un contexte de pressions financières croissantes mais Ben & Jerry’s a poursuivi Unilever devant les tribunaux suite à cet arrangement.

Unilever et Ben & Jerry’s ont tous les deux revendiqué une image de responsabilité sociale, et la plainte les opposant est devenue une bataille judiciaire sans précédent entre une firme américaine majeure et sa filiale. Ce procès complexe est une épine dans le pied d’Unilever, révélant à la fois la difficulté d’opter pour un boycott économique visant à isoler Israël et les pièges présentés par l’activisme progressiste dans les multinationales.

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