Violence dans les implantations : Des élus demandent l’examen du rapport de Tsahal
Les membres de droite de la commission des Affaires étrangères et de la Défens s'insurgent contre une campagne « mensongère » qui cause « d'énormes dégâts politiques »
Sept députés d’extrême droite ont demandé dimanche la tenue d’une audience sur ce qu’ils ont qualifié de « campagne mensongère » contre les résidents d’implantations israéliens, suite à la publication d’un rapport interne de Tsahal faisant état d’une recrudescence des crimes nationalistes commis par des Juifs en Cisjordanie.
Dans une lettre adressée au député Yuli Edelstein, président de la commission des Affaires étrangères et de la Défense, les députés, tous membres du panel, ont exprimé des doutes quant à l’existence du document et ont fait valoir que « s’il existe effectivement », il est l’outil d’une campagne qui « cause d’énormes dégâts politiques à l’État d’Israël. »
« Par conséquent, nous demandons à vérifier l’existence un tel document, savoir par qui et dans quel but il a été rédigé, afin de le transmettre aux membres de la commission et d’en discuter dans les prochains jours pour faire le point sur les informations qu’il contient », ont écrit les députés.
Après le document de Tsahal, la radio de l’armée a également rendu cette lettre publique.
Selon la radio de l’armée, le journal a constaté que la Cisjordanie avait connu une augmentation de 54 % des cas de crimes nationalistes commis par des Juifs dans les deux mois suivant l’assaut brutal du Hamas, le 7 octobre, contre le sud d’Israël, par rapport aux deux mois précédents.
Au cours de cette période, l’armée israélienne a enregistré 201 incidents : 136 décrits comme des « affrontements violents ou des jets de pierres », 35 des « crimes agricoles » et 21 des tentatives d’incendie de biens palestiniens ou d’agression physique sur des Palestiniens, sans oublier les neuf attaques contre les forces de l’ordre israéliennes, a rapporté la radio de l’armée.
Plusieurs sources, parmi lesquelles des organisations de défense des droits de l’homme en Israël et ailleurs, Washington, l’Union européenne ou l’ONU, ont fait état d’une augmentation significative des violences et menaces de la part des Juifs extrémistes en Cisjordanie depuis le 7 octobre.
Washington et Londres ont annoncé leur intention d’interdire l’entrée sur leur territoire aux résidents d’implantations violents, mesure également envisagée – et discutée – au sein de l’Union européenne.
La lettre de dimanche a été publiée par le député du Likud Amit Halevy, qui a écrit que sa demande était soutenue par ses collègues députés du Likud Boaz Bismuth, Hanoch Milwidsky et Nissim Vaturi, un des vice-présidents de la Knesset.
Il a également le soutien du député ultranationaliste et militant radical des implantations Tzvi Succot (HaTzionout HaDatit), la députée Limor Son Har-Melech (Otzma Yehudit) et le député Yisrael Eichler (Yahadout HaTorah).
Avner Gvaryahu, directeur de Breaking the Silence, organisation qui publie les témoignages de soldats israéliens sur des violations des droits de l’homme en Cisjordanie, s’est réjoui de la demande d’examen de la question.
« Ces violences sont perpétrées par des résidents d’implantations alimentés par l’idéologie des résidents d’implantations et perpétrées pour servir leurs intérêts. Leurs auteurs sont honorés et protégés par l’establishment des résidents d’implantations et tout cela a été possible pendant très longtemps grâce aux privilèges des résidents d’implantations. C’est la vérité. Même si c’est moche », a-t-il tweeté. « J’ai hâte que l’on parle de la question. »
Les violences se sont intensifiées en Cisjordanie ces dix-huit derniers mois, avec une augmentation des fusillades palestiniennes contre des civils et des soldats israéliens, des arrestations nocturnes quasi-quotidiennes par l’armée et une augmentation des représailles de résidents d’implantations juifs extrémistes contre les Palestiniens.
En février, après la mort de deux frères, tués dans une attaque terroriste à Huwara, des résidents d’implantations se sont déchaînés dans la ville palestinienne : ils ont mis le feu à des maisons et des voitures, et tué des moutons, dans ce qui a été décrit comme un « pogrom » qui a pris l’armée au dépourvu.
Un responsable israélien a déclaré au Times of Israël, le mois dernier, que le gouvernement avait redoublé d’activité pour lutter contre les violences des résidents d’implantations, selon lui perpétrées par un « noyau dur » de plusieurs centaines d’extrémistes tout au plus.
En août dernier, le porte-parole de l’armée, le contre-amiral Daniel Hagari, avait souligné que la violence des résidents d’implantations contre les Palestiniens, en Cisjordanie, ne faisait qu’inciter davantage de Palestiniens à commettre des actes terroristes.
La dénonciation de ces violences de la part de membres de l’establishment de la sécurité a entraîné une réaction violente de politiciens nationalistes, dont un ministre, qui a comparé les responsables des forces de sécurité au groupe paramilitaire russe Wagner.
Plusieurs membres de la coalition ont fait des déclarations donnant le sentiment de minimiser ou cautionner les violences contre les Palestiniens, à commencer par le député d’Otzma Yehudit, Zvika Fogel, qui a souhaité « Huwara fermée et brûlée » ou le ministre des Finances, Bezalel Smotrich, qui a déclaré qu’Israël devrait « anéantir » le village.
Lors d’un débat en janvier dernier, Milwidsky avait déclaré « préférer les meurtriers juifs aux meurtriers arabes » et affirmé qu’il n’y avait jamais eu de terroristes juifs.
Succot, qui a soutenu la lettre de Halevy, a été arrêté par la police en 2010 en raison de soupçons du Shin Bet sur son rôle dans l’incendie criminel d’une mosquée, dans le nord de la Cisjordanie, non loin de son implantation d’Yitzhar. Il n’avait pas été inculpé.
Plus récemment, à l’occasion d’un discours prononcé lors d’une collecte de fonds en son nom, Har-Melech a parlé du terroriste juif reconnu coupable de la mort, en 2015, de trois membres d’une même famille palestinienne comme d’un « saint homme, très juste », niant qu’il ait blessé qui que ce soit.