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Visite de Barack Obama en Arabie saoudite

Ryad reproche à Washington son attitude non interventionniste en Syrie et son ouverture vers l'Iran

Barack Obama et le roi Abdallah d'Arabie saoudite à Washington - 29 juin 2010 (Crédit : Saul Loeb/AFP)
Barack Obama et le roi Abdallah d'Arabie saoudite à Washington - 29 juin 2010 (Crédit : Saul Loeb/AFP)

L’Arabie saoudite accueille vendredi le président américain Barack Obama sur fond de divergences sur les dossiers syrien et iranien, qui mettent à mal l’alliance historique entre les deux pays.

Obama, qui conclut en Arabie une tournée l’ayant mené aux Pays-Bas, en Belgique et en Italie, doit rencontrer le souverain saoudien Abdallah au cours de ce séjour de moins de 24 heures.

Depuis sa première visite en 2009 à Ryad, l’un des principaux alliés de Washington au Moyen Orient, la relation s’est dégradée entre les deux pays, Ryad reprochant notamment à Washington son attitude non interventionniste en Syrie et son ouverture vers l’Iran.

Les relations saoudo-américaines, qui remontent à huit décennies, « connaissent des tensions en raison des positions de Washington » au Moyen Orient, a déclaré à l’AFP Abdelaziz al-Saqr, directeur du Gulf Research Centre.

Cet analyste, proche des milieux politiques saoudiens, a averti que le récent rapprochement opéré par Washington avec Téhéran ne devait « pas se faire aux dépens de ses relations avec Ryad ».

L’Arabie saoudite voit d’un mauvais oeil l’accord de novembre 2013 sur le nucléaire iranien, qui prévoit un gel partiel du programme atomique de la République islamique en échange d’un allégement des sanctions économiques pesant sur ce pays.

S’agissant du conflit en Syrie, où Ryad soutient la rébellion en guerre contre le régime de Bashar el-Assad, le souverain saoudien défendra de nouveau « avec insistance la question de l’armement de l’opposition », a souligné M. Saqr.

Pour Khaled al-Dekhil, un autre analyste saoudien, « le fossé est tellement grand » entre Ryad et Washington que M. Obama ne fera que tenter de « tempérer les craintes des Saoudiens concernant l’Iran et la sécurité régionale ».

L’Arabie saoudite, chef de file des monarchies du Golfe, dirigées par des dynasties sunnites, redoute qu’un désengagement des Etats-Unis du Moyen Orient et l’ouverture américaine sur l’Iran n’encouragent les ambitions régionales de son rival chiite.

Le conflit en Syrie, déclenché dans la foulée du Printemps arabe, a cristallisé cette rivalité entre les monarchies du Golfe, grands financiers de la rébellion syrienne, et l’Iran, principal allié du régime de Bashar el-Assad, qui appartient à la minorité alaouite, une confession issue du chiisme.

Ces divergences « ont tendu les relations (saoudo-américaines) mais sans conduire pour autant à une rupture », souligne cependant Anwar Eshqi, chef du Centre du Moyen Orient pour les Etudes stratégiques, basé à Jeddah.

L’universitaire américain Paul Sullivan, un spécialiste des questions de sécurité et d’énergie, estime que la visite de M. Obama devrait contribuer à « assainir le climat au sujet de (ces) malentendus », mais sans s’attendre à « des changements politiques majeurs » entre les deux pays.

Le porte-parole de la Maison Blanche, Jay Carney, avait d’ailleurs évoqué, avant le début de la tournée de M. Obama, une relation avec Ryad « large et profonde », ajoutant que « quels que soient nos différends, cela ne change rien au fait qu’il s’agit d’une relation très importante et étroite ».

Mais l’Arabie saoudite, mettant à profit ses premières réserves mondiales de brut, s’ouvre de plus en plus sur l’Asie, dont la Chine, dans une apparente tentative de rééquilibrer ses relations internationales, marquées jusqu’ici par l’alliance conclue en 1945 avec Washington, qui assure la sécurité du royaume en échange de contrats pétroliers.

Les entretiens d’Obama à Ryad devraient aussi porter sur le processus de paix israélo-palestinien, relancé sous les auspices des Etats-Unis mais qui piétine toujours.

Egalement au menu des discussions : la situation en Egypte, autre pomme de discorde entre les deux pays depuis la destitution par l’armée en juillet du président islamiste Mohamed Morsi.

L’architecte de cette éviction, l’ex-chef de l’armée Abdel Fattah al-Sissi, soutenu par Ryad malgré les réserves de Washington, vient d’annoncer sa candidature à la présidentielle pour laquelle il est donné grand favori.

La visite de M. Obama intervient par ailleurs au moment où le roi Abdallah, âgé de 90 ans, a désigné son demi-frère Moqren, 69 ans, comme prochain prince héritier, ouvrant la voie à son accession au trône.

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