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Washington et Londres inquiets de l’aide des Russes dans le programme nucléaire iranien

Une préoccupation qui a grandi après une livraison présumée de missiles balistiques à Moscou et qui seront utilisés en Ukraine ; Téhéran a minimisé l'impact des sanctions occidentales

Le président russe Vladimir Poutine arrivant pour des pourparlers avec le président iranien Ebrahim Rasisi, au Kremlin, à Moscou, le 7 décembre 2023. (Crédit : Sergei Bobylev/Sputnik, Kremlin Pool Photo via AP)
Le président russe Vladimir Poutine arrivant pour des pourparlers avec le président iranien Ebrahim Rasisi, au Kremlin, à Moscou, le 7 décembre 2023. (Crédit : Sergei Bobylev/Sputnik, Kremlin Pool Photo via AP)

Les États-Unis et le Royaume-Uni s’inquiètent de ce que la Russie puisse aider l’Iran à développer son programme d’armement nucléaire en échange de la récente livraison de missiles balistiques en provenance de Téhéran que les forces du Kremlin utiliseront dans leur guerre contre l’Ukraine, selon un article paru dans un média, samedi, qui a cité des sources proches du dossier.

La question du renforcement des liens tissés entre la Russie et l’Iran a été abordée lors de la rencontre qui a eu lieu vendredi entre le président américain Joe Biden et le Premier ministre britannique Keir Starmer, qui se sont entretenus à Washington. Le sujet a aussi été évoqué lors d’un sommet qui a réuni le secrétaire d’État américain Antony Blinken et le ministre britannique des Affaires étrangères David Lammy, la semaine dernière.

Toutefois, selon The Guardian, les deux pays ne se préoccupent pas seulement des missiles balistiques qui ont été fournis à la Russie par l’Iran – ils s’inquiètent également de ce que la Russie pourrait apporter en échange.

Citant des sources britanniques proches des discussions qui ont eu lieu la semaine dernière, le journal a fait savoir que les deux pays pensaient que l’Iran pouvait avoir fait appel à des spécialistes russes pour travailler sur son programme nucléaire, alors que Téhéran augmente son stock d’uranium enrichi et que la république islamique se prépare à fabriquer ses propres armes atomiques.

Depuis l’effondrement de l’accord sur le nucléaire conclu en 2015 avec les puissances mondiales – effondrement entraîné par le retrait unilatéral des États-Unis de l’accord, en 2018 – l’Iran a poursuivi ses travaux d’enrichissement de l’uranium, atteignant un seuil qui se situe juste en-deçà de la qualité militaire.

Les puissances occidentales affirment qu’aucun objectif civil ne peut expliquer un tel niveau d’enrichissement tandis que l’Iran répète que ses visées sont entièrement pacifiques – même si les dirigeants de la république islamique ont récemment averti que cette dernière pourrait changer sa « doctrine nucléaire » si elle était attaquée ou si son existence devait être « menacée par Israël ».

Diverses machines à centrifuger alignées dans un hall de l’installation d’enrichissement d’uranium de Natanz, en Iran, sur une photo diffusée le 17 avril 2021. (Crédit : Capture d’écran/Islamic Republic Iran Broadcasting-IRIB/AP)

En août, le groupe de veille sur la question du nucléaire, l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) au sein des Nations unies, avait constaté que l’Iran avait encore augmenté son stock d’uranium enrichi, à un niveau proche de celui qui serait nécessaire pour fabriquer une bombe atomique. En date du 17 août, l’Iran disposait ainsi de 64,7 kilos d’uranium enrichi à 60 %, soit une augmentation de 22,6 kilos depuis le dernier rapport établi par l’AIEA en mai.

Par ailleurs, l’Iran continue à minimiser l’impact des sanctions occidentales sur le pays, notamment celles imposées récemment par la Grande-Bretagne, l’Allemagne et la France – des sanctions qui ont été décidées en raison des exportations présumées d’armes en direction de la Russie.

L’Iran a démenti à plusieurs reprises avoir envoyé des armes à la Russie pour qu’elle les utilise dans sa guerre contre l’Ukraine et la république islamique a juré de répondre à la dernière série de sanctions occidentales. Le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, a indiqué samedi que ces sanctions étaient « un outil inefficace » et qu’elles n’auraient aucune influence sur la politique mise en œuvre par Téhéran.

Selon l’agence de presse IRNA, Araghchi a ainsi déclaré : « Il est surprenant que les pays occidentaux aient décidé d’imposer des sanctions à Téhéran ». « Il est surprenant », a-t-il ajouté, « que les pays occidentaux ne sachent toujours pas que les sanctions sont un outil inefficace et qu’ils sont incapables d’imposer leur agenda à l’Iran en utilisant les sanctions ».

Le ministre iranien a ajouté que ces sanctions sont « un outil de pression et de confrontation » et non « un outil de coopération ».

Araghchi a indiqué, a noté l’IRNA, que l’Iran a « toujours été un pays ouvert aux négociations » et au « dialogue constructif » avec les autres nations.

« Mais le dialogue doit être basé sur le respect mutuel, et non sur des menaces et des pressions », a-t-il poursuivi.

Pour leur part, les ministres des Affaires étrangères du groupe des Sept ont condamné samedi « dans les termes les plus forts » l’exportation par l’Iran de missiles balistiques et leur acquisition par la Russie.

Le G7 est composé du Canada, de la France, de l’Allemagne, de l’Italie, du Japon, de la Grande-Bretagne et des États-Unis.

« L’Iran doit immédiatement cesser de soutenir la guerre illégale et injustifiable menée par la Russie contre l’Ukraine et mettre fin aux transferts de missiles balistiques, de drones et autres technologies qui constituent une menace directe pour le peuple ukrainien et, plus largement, pour la sécurité européenne et internationale », ont déclaré les ministres dans un communiqué.

L’information révélant ces livraisons présumées a été rendue publique le week-end dernier. Les États-Unis et leurs alliés sommaient depuis des mois l’Iran de ne pas livrer de missiles balistiques à Moscou.

L’Allemagne, la France et la Grande-Bretagne ont estimé qu’il s’agissait d’une « escalade », dans une déclaration qui a aussi évoqué « une menace directe pour la sécurité de l’Europe ».

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