World Rugby : L’exclusion d’Israël par SA rugby n’est pas discriminatoire
L'équipe israélienne Tel Aviv Heat doute des raisons sécuritaires invoquées pour justifier la décision de la Fédération sud-africaine de rugby de lui retirer son invitation

JTA – L’organisme international qui régit le rugby a conclu que la décision de la Fédération sud-africaine de rugby de retirer son invitation à une équipe israélienne d’une compétition internationale, le mois dernier, n’était pas discriminatoire.
Mais le directeur général de l’équipe israélienne ne croit pas à l’argument selon lequel l’annulation était motivée par des menaces sécuritaires, comme l’a soutenu l’Afrique du Sud et comme l’a conclu World Rugby.
« Nous aurions souhaité que World Rugby fasse un examen plus approfondi des événements qui ont conduit au retrait de l’invitation », a déclaré le directeur général du Tel Aviv Heat, Pete Sickle, à la JTA.
« Nous n’avons pas encore de preuves tangibles attestant de l’existence de menaces crédibles et significatives pour la sécurité publique. Nous n’avons vu aucune preuve que South Africa Rugby (SARU) ou les forces de sécurité sud-africaines ont analysé ces menaces avant de prendre cette décision. »
L’enquête de l’instance dirigeante fait suite à l’annonce par la SARU, le 3 février, que l’équipe du Tel Aviv Heat n’était plus invitée à la compétition du 24 mars. La décision a été prise à la suite de pressions exercées par la Coalition BDS sud-africaine, affiliée au Comité national BDS palestinien qui promeut le mouvement de boycott, de désinvestissement et de sanctions contre Israël.
Au moment des faits, le directeur général de South Africa Rugby a déclaré qu’après avoir pris en compte « les opinions de groupes importants de parties prenantes », la décision avait été prise de ne pas inviter Tel Aviv « pour éviter que la compétition ne devienne une source de division, nonobstant le fait qu’Israël est un membre à part entière de World Rugby ».
En réaction, les principaux groupes juifs, menés par le Louis D. Brandeis Center for Human Rights, ont exhorté l’équipe américaine qui avait été choisie pour remplacer le Heat à se retirer du tournoi. Les Rhinos de San Clemente ont publié une déclaration condamnant la discrimination et affirmant que l’équipe « se tient aux côtés des joueurs et des entraîneurs du Tel Aviv Heat », mais ils ne se sont pas retirés.
Peu de temps après la fin du tournoi, et à la suite d’une enquête sur les accusations de discrimination portées par l’Israel Rugby Union, World Rugby a décrété que la décision avait été motivée par des menaces de violence, comme le révèle une lettre que s’est procuré la Jewish Telegraphic Agency.
Dans cette lettre, World Rugby a attiré l’attention sur la réaction du public à l’invitation de l’équipe israélienne en Afrique du Sud, et notamment sur une publication sur Facebook mettant en garde contre un « bain de sang » lors du tournoi, ainsi que sur une déclaration de la coalition BDS affirmant que l’Union sud-africaine de rugby aurait « du sang sur les mains » si le Heat participait au tournoi.
« World Rugby est satisfait de l’explication fournie par SA Rugby selon laquelle la décision de retirer l’invitation au Tel Aviv Heat de participer au Mzansi Challenge était basée sur des préoccupations concernant une menace accrue pour la sûreté et la sécurité, y compris les menaces potentielles de violence, les perturbations et les risques pour la sécurité des parties prenantes, ainsi que des préoccupations concernant la capacité de SA Rugby à remplir ses obligations en tant qu’organisateur d’événements en vertu de la loi sur la sécurité des événements sportifs et récréatifs », peut-on lire dans la lettre, datée du 29 mars.
En février, le ministère sud-africain des Sports, des Arts et de la Culture avait également publié une brève déclaration soutenant la décision de retirer l’équipe d’Israël, « afin de garantir un environnement sûr » lors du tournoi.
Des groupes juifs d’Afrique du Sud ont critiqué la décision de World Rugby, selon le South African Jewish Report.
Un porte-parole des South African Friends of Israel a déclaré que l’Union sud-africaine de rugby « a plié le genou pour apaiser les extrémistes politiques d’Afrique du Sud qui ont menacé de faire du mal et d’inciter à la violence si une équipe israélienne participait à ce sport ».
Benji Shulman, le directeur de la politique publique de la Fédération sioniste sud-africaine, a qualifié cette décision « d’attaque contre nos sportifs en Afrique du Sud ».
« World Rugby vient de confirmer la menace de violence proférée par des extrémistes politiques – en l’occurrence, le mouvement antisémite BDS », a-t-il déclaré.
Sickle a déclaré que l’équipe et Israel Rugby ont fait de multiples demandes pour obtenir des preuves sur les risques importants à la sécurité du public, mais n’ont pas reçu de réponse satisfaisante. « Nous ne sommes pas convaincus, vu le manque de preuves concrètes, que la sûreté et la sécurité aient réellement été le facteur déterminant dans le retrait de l’invitation », a-t-il ajouté.
Sickle a déclaré qu’il comprenait les implications relatives à la sécurité lors de l’accueil d’une compétition sportive internationale. Il a également déclaré qu’étant donné que la SARU et World Rugby ont identifié la sécurité comme un problème, lui et son équipe « sont impatients de travailler avec la SARU » et les autorités locales pour prendre les dispositions nécessaires afin de s’assurer que la sécurité ne soit pas un problème pour la participation de son équipe au tournoi de l’année prochaine.