Yair Golan qualifié de « traitre » lors d’une conférence
Le chef du parti Les Démocrates a répondu aux perturbateurs que les manifestants divisent le pays ; l'opposition a condamné les huées, tandis qu'Itamar Ben Gvir les a saluées
Le chef du parti Les Démocrates, Yaïr Golan, a été chahuté et hué par des manifestants qui l’ont qualifié de « traître » mardi lors d’un discours prononcé lors d’une conférence. L’ancien général de l’armée israélienne a alors répondu à la foule qu’elle « ne connaissait que la haine ».
Golan est devenu la cible des protestations de la droite depuis qu’il a déclaré la semaine dernière que le gouvernement israélien tuait des bébés à Gaza « tel un hobby », des propos sur lesquels il est ensuite revenu.
Alors que les chefs des partis d’opposition ont condamné les perturbateurs et encensé Golan, le ministre d’extrême droite de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, a estimé, sans surprise, que cette accusation était fondée.
Des manifestants ont été filmés en train de hurler « traître » à l’adresse de Golan et de tenter de couvrir son discours avec des huées, des sifflets, des sirènes et d’autres instruments bruyants.
« Vous devriez avoir honte », leur a répondu Golan au milieu du tumulte qui régnait lors de la conférence annuelle sur l’éducation et la société organisée à Sderot, au Kaye Academic College of Education de Beer Sheva.
« Vous êtes en train de détruire l’État, lors d’une conférence dont l’objectif est de discuter de la manière de reconstruire ce que vous n’avez pas encore détruit. »
אחרי שכינו אותו ׳בוגד׳ יאיר גולן פתח במתקפה על המשתתפים בכנס שדרות:
אין בכם כלום חוץ משנאה, אתם לא יודעים כלום חוץ משנאה
בגילי המתקדם יצאתי למסיבת הנובה לסכן את חיי בזמן שישבתם בבית
אתם מפרקים את מדינת ישראל pic.twitter.com/fiyIv6tg41
— מיכאל שמש Michael Shemesh (@shemeshmicha) May 27, 2025
« C’est à cause de gens comme vous que [l’ancien Premier ministre Yitzhak] Rabin a été assassiné », a-t-il déclaré aux perturbateurs.
« Si vous aviez du courage, vous écouteriez. Mais vous avez peur, vous êtes méfiants, et cela vous rend haineux, ce qui conduit à la violence. Vous ne me rendrez pas haineux, car je suis quelqu’un de courageux… J’ose vous aimer. »
« À mon âge avancé, je suis allé sauver des gens du Festival Nova. J’ai risqué ma vie pendant que vous étiez assis chez vous en sécurité », a-t-il crié à la foule.
Bien que figure controversée depuis longtemps, Golan, 63 ans, est apparu comme un héros consensuel de courte durée au lendemain du pogrom perpétré par le groupe terroriste palestinien du Hamas le 7 octobre 2023. Il s’était alors rendu sur les lieux du drame et avait aidé à secourir les festivaliers qui fuyaient l’assaut sanglant à l’encontre du festival de musique Nova, où plus de 360 personnes avaient été massacrées.
יאיר גולן הגיע לשדרות!
מה אומרים, ערוצי התרעלה ידווחו על הקריאות מהקהל? pic.twitter.com/JrX8NMvtXo— Igal Malka – ???????????????????????? (@igal_malka) May 27, 2025
Selon le site d’information Walla, des protestataires ont également tenté d’empêcher la députée Naama Lazimi (Les Démocrates) d’avancer, la sommant de « retourner à Gaza ».
Immédiatement après l’intervention de Golan, le vice-ministre Almog Cohen, membre du parti Otzma Yehudit de Ben Gvir, s’est précipité sur scène, alors qu’il n’avait vraisemblablement pas été invité à prendre la parole, pour louer les perturbateurs.
Ben Gvir a également pris la parole lors de cette conférence. Il a soutenu les perturbateurs en déclarant à la foule : « Ils ont raison, Yaïr Golan est vraiment un traître. »
« Une personne comme lui ne devrait pas être un homme politique israélien », a ajouté Ben Gvir. Il a critiqué la procureure générale Gali Baharav-Miara pour ne pas avoir ordonné l’arrestation de Golan à la suite de ses propos infamants sur « les meurtres de bébés ».

Peu après, Golan a accusé Cohen d’avoir incité les contestataires « dans le but de perturber le discours ».
« Je sais que c’est une incitation venant d’en haut », a écrit Golan sur le réseau social X, faisant référence au Premier ministre Benjamin Netanyahu.
« L’homme qui a incité au meurtre de Rabin continue aujourd’hui encore d’inciter à la violence. »
Le chef de l’opposition, le député Yaïr Lapid, a écrit sur X que « Yaïr Golan n’est pas un traître et je condamne fermement les appels lancés à son encontre ».

« Itamar Ben Gvir, un criminel condamné pour soutien au terrorisme et ministre de la Sécurité nationale le 7 octobre, représente un danger pour la sécurité et le bien-être du pays », a-t-il ajouté.
Benny Gantz, chef du parti d’opposition HaMahane HaMamlahti, a lui aussi apporté son soutien à Golan. Dans un message publié sur X, il a déclaré que pendant sa carrière militaire, celui-ci « avait risqué sa vie pour l’État et consacré sa vie à sa sécurité ». Golan a occupé le poste de chef d’état-major adjoint de l’armée israélienne.
Gantz a déclaré que « les accusations de trahison doivent être fermement condamnées, et le Premier ministre doit être le premier à le faire ».
Dans l’interview qui avait déclenché un tollé politique, mardi dernier, Golan avait déclaré devant les caméras de la chaîne publique Kan : « Israël est en passe de devenir un État paria, comme l’était l’Afrique du Sud, si nous ne recommençons pas à agir comme un pays sensé. Un pays sensé ne combat pas des civils, il ne tue pas des bébés tel un hobby et il ne se fixe pas pour objectif d’expulser des populations. »
Golan a ensuite précisé qu’il ne critiquait pas Tsahal, mais bien le gouvernement.
Le ministre de la Défense, Israel Katz, a néanmoins annoncé que Golan serait définitivement exclu de la réserve, sans possibilité de porter l’uniforme ou d’accéder aux bases militaires, et a qualifié ses propos sur Gaza « d’accusation de crime rituel ».
L’accusation de meurtre rituel est un vieux trope antisémite selon lequel les Juifs utilisent le sang d’enfants chrétiens dans des rituels.
La guerre à Gaza a éclaté lorsque quelque 6 000 Gazaouis dont 3 800 terroristes dirigés par le Hamas ont pris d’assaut le sud d’Israël le 7 octobre 2023, tué plus de 1 200 personnes, principalement des civils, enlevé 251 otages de tous âges, et commis de nombreuses atrocités et en utilisant la violence sexuelle comme arme à grande échelle.
Netanyahu a été accusé à maintes reprises par la gauche au fil des ans d’avoir encouragé les incitations à la violence qui ont conduit à l’assassinat de Rabin, ou tout au moins d’avoir contribué au climat politique incendiaire qui a conduit à son assassinat par un extrémiste juif. Il a rejeté ces accusations, les qualifiant de « tentatives de déformation de la vérité historique ».
En 2008, le tribunal de Jérusalem a condamné Ben Gvir pour incitation au racisme et soutien à une organisation terroriste. Il avait brandi une pancarte sur laquelle on pouvait lire « Arabes dehors » après un attentat terroriste palestinien à Jérusalem, et affiché dans sa voiture des pancartes anti-Arabe faisant référence au mouvement d’extrême droite Kach, un groupe juif interdit et classé comme groupe terroriste en Israël et aux États-Unis.