Après le tollé, Yair Golan revient sur ses propos
Le chef de gauche a expliqué qu'il avait voulu, par ses paroles, exprimer sa crainte que les extrémistes, au gouvernement, souhaitent réellement le faire, ajoutant : "Est-ce vraiment l'Israël que nous voulons ?"

Samedi, le chef du parti des Démocrates, Yair Golan, est une nouvelle fois revenu sur une déclaration qu’il avait faite et qui a suscité une très forte controverse – des propos dans lesquels il semblait accuser Israël de tuer des bébés à Gaza « tel un hobby ». Il a affirmé qu’il ne croyait pas qu’Israël ait agi ainsi, expliquant qu’il avait tenté, par ces paroles, d’exprimer sa crainte que les politiciens extrémistes, au sein du gouvernement, puissent chercher à le faire.
Lors d’un entretien accordé à la chaîne d’information N12, un journaliste a demandé à Golan, ancien chef d’état-major adjoint, s’il pensait réellement qu’Israël avait tué des bébés à Gaza pour passer le temps. Le chef des Démocrates a alors répondu : « Certainement pas ».
« Je ne parlais pas du tout de l’armée. Je n’ai pas dit cela », a-t-il insisté.
Dans l’interview qui avait déclenché un tollé politique, mardi, le général à la retraite avait déclaré devant les caméras de Kan « qu’Israël est en passe de devenir un État paria, comme l’était l’Afrique du sud, si nous ne recommençons pas à agir comme un pays sensé. Un pays sensé ne combat pas des civils, il ne tue pas des bébés tel un hobby et il ne se fixe pas pour objectif d’expulser des populations ».
Golan avait ensuite souligné, dans la même journée qu’il n’avait pas voulu critiquer Tsahal mais qu’il s’en était pris au gouvernement. Toutefois, sa déclaration faite samedi a été la plus virulente à ce jour.
Pendant son entretien avec N12, Golan a brandi un document contenant des propos tenus par des ministres et par des hommes politiques d’extrême droite qui avaient appelé à plusieurs reprises à « détruire » et « à effacer » Gaza.
« J’ai dit quelque chose de simple : j’ai dit qu’il est inacceptable que nous reprenions les combats à Gaza et que les objectifs politiques fixés pour l’armée israélienne, qui ne sont malheureusement pas du tout liés à la sécurité nationale d’Israël, sont définis par des personnes qui nourrissent une telle vision du monde. »
Il a ajouté : « Je ne me souviens pas que ces personnes aient jamais été invitées à présenter des excuses pour quoi que ce soit. Est-ce là l’Israël que nous voulons ? Je me pose sincèrement la question ».
Golan a été interrogé sur des paroles qu’il avait lui-même prononcées au mois d’octobre 2023, quelques jours après le pogrom commis par le Hamas dans le sud d’Israël, lorsqu’il avait laissé entendre que toutes les aides à Gaza devaient être coupées. « Nous devons leur dire : Écoutez, tant que ces [otages] ne seront pas libérés, vous pouvez mourir de faim, cela nous est complètement égal, c’est tout à fait légitime », avait dit l’ex-chef d’état-major adjoint.

Alors qu’il répondait à une question sur les propos qu’il avait tenus à ce moment-là, Golan a affirmé samedi qu’il n’avait pas appelé à affamer les Gazaouis, mais plutôt à exercer des pressions sur le Hamas.
Quoi qu’il en soit, a-t-il soutenu, « ce qui pouvait être la bonne décision à prendre le 13 octobre… comme prélude à la guerre, n’est plus la bonne décision à prendre à l’issue de vingt mois de combats ».
Golan a fait savoir qu’il estimait que la dernière escalade militaire à Gaza était « totalement inutile » et que les objectifs de la guerre étaient désormais politiques. « En tant que militaire, je pense que le Hamas, d’un point de vue militaire – selon toutes les normes militaires reconnues dans le monde – a été vaincu militairement. Ce qu’il faut faire maintenant, à cet instant précis, c’est très simple : il faut mettre fin aux combats, faire libérer tous les otages d’un seul coup et créer une alternative au Hamas pour gouverner ».
S’il est une personnalité controversée depuis longtemps, Golan, qui est âgé de 63 ans, était brièvement apparu comme un héros au lendemain de l’attaque sanglante commise par le Hamas, le 7 octobre 2023, lorsqu’il s’était rendu en première ligne et qu’il avait personnellement aidé à secourir les festivaliers qui fuyaient l’attaque de la rave-party Nova.
Cette semaine, toutefois, le ministre de la Défense, Israel Katz, a annoncé que Golan serait définitivement exclu de la réserve, qu’il lui serait interdit de porter l’uniforme militaire et d’entrer dans les bases de l’armée. Il a estimé que les paroles prononcées par Golan au sujet de Gaza s’apparentaient à « une diffamation du sang » qui « servira aux ennemis d’Israël qui pourront ainsi continuer à persécuter les soldats de l’armée israélienne dans le monde entier », y compris en engageant des poursuites judiciaires à leur encontre. Le ministre a également exprimé son soutien à un projet de loi qui lui permettrait de retirer leur grade aux officiers qui se rendent coupables, selon lui, « de telles déclarations et de tels comportements ».
Invité à réagir dans la journée de samedi, Golan a déclaré : « Heureusement que je n’ai pas demandé à Katz la permission de revêtir mon uniforme le 7 octobre. Ce jour-là, nous avons fait ce qui devait être fait là où le gouvernement israélien a complètement échoué ».
Golan a affirmé que « le ministre de la Défense n’a pas le pouvoir de m’empêcher d’entrer dans les bases. Lorsque j’aurai besoin d’entrer dans les bases, je présenterai ma carte d’identité de général. Je suppose qu’ils me laisseront entrer. Trente-huit ans de service ne seront pas balayés à cause du populisme bon marché d’un individu qui cherche à exploiter la situation ».